Guerre en Ukraine : Face à Poutine, les Patriot livrés par les États-Unis pourront (un peu) changer la donne

Sur cette photo d’archive prise le 20 juillet 2006, un missile Patriot américain est tiré depuis un lanceur mobile lors de l’exercice Han Kuang 22 à Ilan, dans l’est de Taïwan.
SAM YEH / AFP Sur cette photo d’archive prise le 20 juillet 2006, un missile Patriot américain est tiré depuis un lanceur mobile lors de l’exercice Han Kuang 22 à Ilan, dans l’est de Taïwan.

INTERNATIONAL - Washington a cédé. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, Kiev réclamait une batterie de missiles Patriot pour contrer les frappes ennemies. Ce mercredi 21 décembre, jour de la première visite à l’étranger de Volodymyr Zelensky, la Maison Blanche a accepté de livrer à leur allié ukrainien cet équipement de défense antiaérienne parmi les plus puissants existants.

Une nouvelle aide militaire « significative » d’1,8 milliard de dollars comprendra pour la première fois l’envoi de ces missiles, a annoncé la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, dans un communiqué cité par l’agence de presse AP.

Des bulles de protection

L’Ukraine va donc se munir d’une force de dissuasion notable face à l’armée russe. Comme l’explique l’ingénieur militaire Marc Chassillan dans l’Express, « ces systèmes pourraient permettre de créer des bulles de protection au-dessus de certaines zones ». Ils feront ainsi rempart aux bombardements russes qui, depuis octobre, détruisent les infrastructures ukrainiennes, provoquant coupures de courant et d’eau dans de nombreuses villes.

Munis d’un puissant radar, les missiles Patriot sont capables de détecter et de contrer les menaces aériennes jusqu’à une distance de plus de 160 kilomètres. Exclusivement défensifs, ils permettent également de suivre à la trace des ordinateurs, des équipements de production d’énergie, et comprennent huit lanceurs, chacun contenant quatre missiles prêts à être tirés.

L’ire de Moscou

Cette aide nouvelle signe encore un peu plus l’engagement du Pentagone dans le conflit. Rare et coûteux, le système n’est manié que par une centaine de soldats issus de l’US Army seulement, et est utilisé par peu d’alliés des États Unis, comme le Japon, Israël ou encore l’Allemagne, rapporte le média en ligne Korii.

Grâce à ce bouclier, l’Ukraine aura plus de moyens pour tirer son épingle du jeu et consolider sa stratégie de défense, ce qui ne plaît pas du tout à Moscou. Le 15 décembre, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères a tenté de dissuader Washington d’envoyer ce système en Ukraine, avertissant qu’il deviendrait de fait « une cible légitime » pour ses armées s’il était installé.

Si l’arrivée de ces missiles en territoire ukrainien inquiète la Russie, les experts estiment qu’ils ne permettront en revanche pas de faire gagner la guerre à l’Ukraine. Dominique Trinquand, expert militaire et ancien chef de la mission française à l’ONU, interviewé par l’Express, temporise : « Leur objectif sera avant tout de protéger la population civile et les infrastructures ukrainiennes contre les frappes russes. »

Pas une solution miracle

Selon Ian Williams, du projet de défense antimissile du Centre d’études stratégiques et internationales de Washington, interrogé par l’AFP, ces armes de défenses ne constitueront pas non plus un point de bascule dans la guerre. Les Patriot sont « loin d’être une solution miracle » contre les missiles de croisière volant à basse altitude et les drones bombardiers avec lesquels les forces russes ont pilonné l’Ukraine, avertit-il.

Par ailleurs, il faudra également former l’armée ukrainienne au maniement de ce bouclier, l’une des raisons pour lesquelles Washington se refusait pour l’instant à en livrer. L’apprentissage au maniement de cet engin sophistiqué ne sera pas chose aisée, a expliqué Joe Biden, car il se fera « dans un pays tiers » et « prendra un certain temps. »

De son côté, Vladimir Poutine ne se laisse pas intimider par la rencontre Biden-Zelensky et entend faire le point ce mercredi avec quelque 15 000 responsables militaires, par visioconférence. Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou rendra notamment des comptes sur « l’état d’avancement de l’opération militaire spéciale ».

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