Guerre en Ukraine: ces combattants français racontent à BFMTV "l'enfer des tranchées" sur le front

Des dizaines de Français sont actuellement en Ukraine, aux côtés de l'armée de Volodymyr Zelensky et combattent contre les forces russes. Engagés pour certains depuis des mois, ces soldats volontaires de la Légion internationale sont considérés comme des mercenaires par Vladimir Poutine. Le président russe a promis de les éliminer.

Alors qu'Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d'envoyer des troupes françaises en Ukraine, BFMTV s'est rendu sur le terrain et a pu rencontrer plusieurs Français au combat sur la ligne de front.

"C'est moi qui prends tout"

"Bienvenue dans l'enfer des tranchées", ironise Charly. "Ma position, elle est au bord d'une lisière forestière. Il y a juste un champ qui nous sépare d'une petite commune russe. On est à 400 mètres".

Ce soldat français de 29 ans qui combat pour l'Ukraine le reconnaît lui-même: les tranchées ukrainiennes sont plus que rudimentaires. "C'est des tranchées creusées vite fait, des bunkers... c'est juste des troncs d'arbres qu'on a coupés au-dessus, une bâche en plastique pour éviter la pluie et une couche de terre".

On constate un paysage de désolation: arbres arrachés, impacts d'obus... "La lisière est complètement rasée, avec l'artillerie, l'aviation, tout ça", résume Charly. "Et 400 mètres plus loin, ce sont les Russes", rappelle-t-il.

Charly est en première ligne. "Donc, c'est moi qui prends tout. Nous on est VIP pour les Russes", lance le soldat. "Si jamais on tombe au combat et que la position devient russe, 300 mètres derrière il y a les autres, puis 300 mètres derrière il y a encore d'autres... avec les collègues, il ne faut pas qu'on lâche".

"J'explose pour la première fois sur une mine"

L'un de ses collègues, Maxime Bronchain, 32 ans, un Français comme lui, a "lâché". En mission dans le nord de l'Ukraine fin novembre 2023, il a failli mourir après avoir sauté sur une mine. "Ce jour-là, on arrive sur une petite mission de reconnaissance, on est trois soldats avancés sur une ligne de forêt", se rappelle celui qui a perdu une partie de sa jambe gauche.

"L'objectif, c'était de reconnaître une zone et de l'attaquer ensuite. On entre dans ce bout de forêt, on voit les premières mines, je continue à avancer et à éclairer un chemin sans mine. Sauf qu'à ce moment-là, j'explose pour la première fois sur une mine", raconte Maxime.

"Quand j'ai explosé, je suis retombé sur une autre mine, qui n'était pas assez enclenchée pour que ça se déclenche une deuxième fois", explique l'ancien soldat.

La mine est en dessous de son corps. "J'ai un bout de fesse sur la mine. À n'importe quel moment, à n'importe quel mouvement, je peux sauter".

"Un Américain qui était avec moi a sauté sur une mine puis une deuxième en venant m'aider. Il est mort pendant son évacuation", racontait en novembre le Français, qui faisait partie d'une unité de reconnaissance d'une vingtaine de combattants étrangers, "dont cinq Français", au sein de la Légion internationale.

Auprès de BFMTV, un haut-responsable russe affirmait mi-mars que 147 Français sont morts au front en Ukraine depuis le début de la guerre. Un chiffre que BFMTV n'a pas été en mesure de confirmer. "Et on va tuer tout le monde, ne vous inquiétez pas", mettait en garde le vice-président de la Douma.

"L'idée d'envoyer les soldats français en Ukraine, ça va se terminer avec des cercueils couverts par le drapeau tricolore à Orly", martelait Piotr Tolstoï, en réponse à Emmanuel Macron, qui a évoqué l'envoi possible de troupes en soutien à l'armée de Volodymyr Zelensky.

Article original publié sur BFMTV.com