Guerre Israël-Hamas : les nouvelles accusations qui font encore monter la tension entre Tel Aviv et l’Unrwa

Alors que l’Unrwa accuse Israël de tortures et « exploitation sexuelle » envers des prisonniers, Tel Aviv assure que l’agence emploie des centaines de « terroristes ».

GAZA - Entre l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens et Tel Aviv, la tension monte encore d’un cran, après cinq mois de guerre et à quelques jours du début du ramadan. Les deux camps s’accusent d’atrocités dans le conflit en cours. L’Unrwa a fait état d’actes de « tortures » contre des prisonniers palestiniens, tandis qu’Israël accuse l’agence d’employer des terroristes.

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L’Unrwa est au centre d’une controverse depuis qu’Israël a accusé fin janvier 12 de ses employés d’implication dans cette attaque. L’armée israélienne a accusé lundi 4 mars cette agence d’employer « plus de 450 terroristes » du Hamas et d’autres organisations à Gaza.

De son côté, selon l’agence onusienne, de nombreux prisonniers palestiniens libérés par Israël sont revenus « traumatisés » dans la bande de Gaza après avoir subi « un calvaire », a déclaré lundi le patron de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (UNRWA) Philippe Lazzarini.

Des prisonniers « complètement traumatisés »

Confirmant des informations du New York Times, Philippe Lazzarini a indiqué qu’il existait un rapport interne de l’Agence, non rendu public, portant sur « des centaines de prisonniers libérés » par Israël, via le point de passage de Kerem Shalom.

Même si l’UNRWA n’est pas chargée des questions liées aux incarcérations, étant la seule agence présente à Kerem Shalom, elle a recueilli des témoignages. « Nous avons vu ces gens revenir de détention, certains après quelques semaines, certains après quelques mois. Et la plupart d’entre eux complètement traumatisés par le calvaire qu’ils avaient vécu », a expliqué Philippe Lazzarini.

« Il s’agit d’une large gamme de mauvais traitements », a-t-il ajouté. « Des personnes systématiquement humiliées, des personnes prises en photo nues, sujettes à des abus verbaux et psychologiques, des menaces d’électrocution », ou encore « des privations de sommeil, l’utilisation de bruit extrême pour empêcher de dormir », « l’utilisation de chiens pour intimider ». Une partie de ces prisonniers étaient des employés de l’UNRWA, a-t-il noté.

Tortures et « exploitation sexuelle »

L’Agence avait plus tôt lundi dans la journée accusé les autorités israéliennes d’avoir commis des actes de « torture » contre certains de ses employés arrêtés dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. « Nos employés nous ont rapporté des choses atroces lors de leur détention et de leurs interrogatoires par les autorités israéliennes » comme des « tortures, des mauvais traitements, des abus et de l’exploitation sexuelle », a-t-elle dit dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Certains de nos employés ont rapporté aux équipes de l’UNRWA qu’ils avaient été forcés à faire des aveux sous la torture » lorsqu’ils étaient « interrogés au sujet des relations entre l’UNRWA et le Hamas et sur une implication dans l’attaque du 7 octobre contre Israël », a-t-elle ajouté.

Les autorités israéliennes ont rejeté ces accusations. Dans un communiqué, l’armée israélienne a démenti « les accusations générales et non fondées concernant des abus sexuels de détenus dans des établissements des forces armées israéliennes ». « Ces affirmations sont une nouvelle tentative de créer de fausses équivalences avec l’utilisation systématique par le Hamas du viol comme arme de guerre », a-t-elle ajouté.

Soupçons de viols lors de l’attaque du 7 octobre

Au même moment, l’ONU a publié un rapport selon lequel il existe de « bonnes raisons de croire » que des violences sexuelles, dont des viols, ont été commises lors de l’attaque sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.

Répondant à des accusations israéliennes, le chef de l’ONU Antonio Guterres a démenti avoir tenté d’étouffer cette enquête. « En aucun cas le secrétaire général n’a fait quoi que ce soit pour garder ce rapport sous silence », a indiqué son porte-parole Stéphane Dujarric.

Les tensions entre les Nations unies et Israël ont été également illustrées lundi par le rappel de l’ambassadeur israélien auprès de l’ONU.

En parallèle, les négociations sur une trêve ont repris lundi au Caire au lendemain d’un appel des États-Unis à un « cessez-le-feu immédiat » dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, où les bombardements israéliens ont fait 124 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas. Ces négociations doivent se poursuivre ce mardi pour le troisième jour consécutif, a annoncé la chaîne de télévision AlQahera News, proche du renseignement égyptien.

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