Guerre Israël - Hamas : Macron pousse pour la reconnaissance d’un État palestinien face à la situation à Gaza

Emmanuel Macron a défendu, en présence du roi Abdallah II de Jordanie, ce vendredi 16 février, la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien.
YOAN VALAT / AFP Emmanuel Macron a défendu, en présence du roi Abdallah II de Jordanie, ce vendredi 16 février, la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien.

INTERNATIONAL - Il assume publiquement défendre « une solution à deux États ». Emmanuel Macron a assuré ce vendredi 16 février qu’une reconnaissance unilatérale d’un État palestinien n’était plus « un tabou pour la France ». Une prise de position malgré les mises en garde d’Israël face à cette perspective qui s’esquisse chez certains alliés occidentaux.

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« Nous le devons aux Palestiniens, dont les aspirations ont été trop longtemps piétinées. Nous le devons aux Israéliens qui ont vécu le plus grand massacre antisémite de notre siècle. Nous le devons à une région qui aspire à échapper aux promoteurs de chaos et aux semeurs de revanche », a ajouté le chef de l’État, alors qu’il recevait à l’Élysée le roi Abdallah II de Jordanie.

Cette déclaration survient alors que le président français s’inquiète du « désastre humanitaire sans précédent » et le « tournant » que provoquerait une offensive israélienne contre la ville palestinienne de Rafah, où près d’un million et demi de Palestiniens sont piégés à la frontière avec l’Égypte. Et la situation à Gaza empire de jour en jour, des soignants ont filmé jeudi des scènes de chaos à l’hôpital Nasser à Khan Younès pris d’assaut par l’armée israélienne.

Une idée qui germe depuis le 7 octobre

Depuis l’attaque meurtrière du 7 octobre, et le conflit qu’elle a provoqué à la faveur des représailles israéliennes massives à Gaza, Paris affirme que seule la « solution à deux États », israélien et palestinien, peut sortir la région de l’ornière. Et se réjouit que cette idée ancienne, en sourdine pendant des années, ait été remise clairement à l’ordre du jour par les États-Unis.

Mais il a franchi, pour la première fois, un pas diplomatique notable en menaçant d’un feu vert unilatéral en l’absence de volonté israélienne d’aboutir à une telle solution par des négociations. Il faut lui donner « un élan décisif et irréversible », a ainsi martelé vendredi le président français.

La communauté diplomatique plaide depuis des années pour la reconnaissance mutuelle par les Israéliens et les Palestiniens de deux États vivant en paix côte à côte. Après avoir été au cœur des négociations menées sous l’égide des États-Unis à la fin des années 1990 et au début des années 2000, cette perspective est au point mort depuis des années.

Près de 140 pays ont reconnu unilatéralement un État palestinien, mais aucune grande puissance occidentale ou membre du G7. Une reconnaissance française ou européenne, voire américaine, aurait surtout un poids diplomatique : sans paix ni négociations, un tel État serait difficilement viable. Mais en brandir la menace apparaît comme un moyen de pression supplémentaire sur Israël.

Une solution qui n’est plus exclue par Washington

S’agit-il d’une stratégie coordonnée ? Les déclarations d’Emmanuel Macron interviennent alors que plusieurs signes en faveur d’une possible reconnaissance occidentale se sont manifestés récemment. L’Espagnol Pedro Sanchez a notamment estimé dès novembre que reconnaître un État palestinien était « dans l’intérêt de l’Europe », sans écarter une décision unilatérale.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est d’ailleurs monté au créneau jeudi pour rejeter toute reconnaissance internationale d’un État palestinien hors négociations israélo-palestiniennes, affirmant qu’une telle initiative « offrirait une énorme récompense au terrorisme ».

Fin janvier, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a lui aussi évoqué la nécessité d’examiner, avec les alliés du Royaume-Uni, « la question de la reconnaissance d’un État palestinien, y compris aux Nations unies », qui pourrait contribuer « à rendre ce processus irréversible ». Londres a toutefois dû assurer que sa position n’avait pas varié.

Surtout, des médias américains ont rapporté ces toutes dernières semaines qu’une reconnaissance d’un l’État palestinien n’était pas exclue par Washington. Le site d’informations Axios, généralement bien renseigné sur ces dossiers, a écrit que le secrétaire d’État Antony Blinken avait demandé à ses services de lui présenter les options sur une possible reconnaissance américaine et internationale après la guerre à Gaza.

Le chef de la diplomatie américaine a plaidé publiquement la semaine dernière à Tel Aviv pour la définition d’un « chemin concret, irréversible et sur la base d’un calendrier vers un État palestinien vivant en paix et en sécurité à côté d’Israël ».

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