Guerre Israël-Hamas : l’offensive israélienne sur Gaza retardée par la météo mais pas seulement

Relevé du taux d’humidité, exprimé en pourcentage, sur la zone d’Israël, ce lundi 16 octobre 2023 à 10h.
Zoom Earth / Global Imagery Browse Services (GIBS) Relevé du taux d’humidité, exprimé en pourcentage, sur la zone d’Israël, ce lundi 16 octobre 2023 à 10h.

PROCHE ORIENT - Les heures passent et l’angoisse monte. L’armée israélienne a confirmé ce lundi 16 octobre qu’elle se préparait à « la prochaine étape » de son opération de représailles contre le Hamas, se disant dans l’attente d’une « décision politique ». Déjà environ un million de personnes ont fui vers le sud de Gaza, après les mises en garde de Tsahal, affirmant qu’une offensive terrestre d’ampleur va être menée au nord de l’enclave palestinienne.

« L’invasion était initialement prévue pour le week-end, mais elle a été retardée de quelques jours », ont indiqué ce samedi trois officiers supérieurs de l’armée israélienne au New York Times. Ils évoquent une raison qui peut paraître étonnante : la météo.

« Les conditions météorologiques auraient rendu plus difficile pour les pilotes et les opérateurs de drones israéliens de fournir une couverture aérienne aux forces terrestres », écrivent ainsi les journalistes du quotidien new-yorkais. En effet le temps a été particulièrement nuageux et humide dans la région ces derniers jours, en témoignent plusieurs images d’inondations sévères filmées à Tel-Aviv, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

« Le temps est très instable en Israël, et des inondations ont eu lieu sous les plus fortes averses à Tel-Aviv où il n’avait pas plu fortement depuis le 12 avril », souligne aussi le météorologiste Guillaume Séchet sur X (ex-Twitter). Est-ce une raison suffisante pour repousser l’offensive de Tsahal ?

Perturbation des troupes aériennes et terrestres

Si elle ne donne pas les détails de sa riposte, on sait d’ores et déjà que l’armée israélienne prévoit de mobiliser l’infanterie et des chars. Les troupes au sol « seront couvertes par des avions de guerre, des hélicoptères de combat, des drones aériens », souligne aussi le New York Times.

Or le mauvais temps pourrait empêcher ces deux groupes de correctement collaborer, explique au HuffPost le général Dominique Trinquand. « Quand il y a des grosses nébuleuses et qu’il pleut beaucoup, le trafic aérien est gêné. Tous les avions militaires n’ont pas que des capacités de frappe à travers les nuages. Au sol, c’est la même chose : les opérations ne sont pas impossibles mais gênées, car on manque de visibilité », détaille l’ancien chef de la mission militaire française à l’ONU.

« Les avions de combat israéliens peuvent voler par tous les temps », appuie Elie Tenenbaum, chercheur à l’Institut français des relations internationales auprès du Parisien. « En revanche, certains hélicoptères d’attaque, qui accompagnent les troupes au sol, peuvent être davantage perturbés par des vents élevés, les tempêtes de sable ou encore les précipitations, ajoute-t-il. La couverture nuageuse basse peut les obliger à voler plus bas, ce qui les met davantage à portée des tirs de lance-roquettes ou encore de mitrailleuses ».

Un délai pour évacuer les civils avant l’offensive

Pour autant la météo n’est pas la seule raison de ce report des opérations. « En réalité, le Tsahal reporte son offensive pour qu’il y ait le moins de civils possible lors de l’attaque », indique le général Dominique Trinquand. Ce lundi matin, le porte-parole de Tsahal s’est à nouveau adressé aux habitants de la ville de Gaza et du nord de l’enclave.

« Je vous informe que Tsahal s’abstiendra de cibler l’axe désigné entre 08 h 00 et 12 h 00 », a-t-il indiqué sur X (ex-Twitter). « Pour votre sécurité, profitez du court laps de temps pour vous déplacer vers le sud jusqu’à Khan Yunis », a-t-il ensuite ajouté accompagnant son avertissement d’une carte, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

« En termes de communication, la dimension humanitaire est essentielle : les Israéliens veulent montrer qu’ils ont tout fait, jusqu’au dernier moment, pour donner aux civils le temps d’évacuer les zones qui seront matraquées », remarque David Rigoulet-Roze auprès du Parisien. Les avertissements répétés de l’État Hébreu envers les Gazaouis sont aussi la conséquence des pressions de son allié américain, alors que la Maison Blanche lui a expressément demandé de « protéger les civils ».

« L’appel à l’évacuation des civils a aussi un motif opérationnel, souligne le général Trinquand. Car plus la zone est vide, plus Tsahal a les mains libres pour s’occuper du Hamas ». L’armée affirme cibler la ville de Gaza pour y détruire le centre des opérations du Hamas, son objectif ultime étant d’éliminer les plus hauts responsables politiques du groupe islamiste à l’origine de l’attaque du 7 octobre. Le Tsahal a annoncé ce dimanche la mort dans des frappes d’un troisième chef militaire du mouvement islamiste : Mourad Abou Mourad, le chef des opérations aériennes du Hamas.

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