Guerre Israël-Hamas : à l’ONU, les États-Unis mettent leur veto à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza

Washington s’est opposé à une résolution du Conseil de sécurité. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, c’est le cinquième projet de résolution rejeté.

Blocage assumé. Les États-Unis se sont opposés dans la nuit de ce vendredi 8 décembre à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui réclamait un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Ce projet de résolution, soutenu par près de 100 pays exigeait « un cessez-le-feu humanitaire immédiat », la libération des otages et un accès facilité de l’aide humanitaire.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, et alors que les autorités de l’enclave déplorent plus de 17 000 morts depuis le 7 octobre, c’est le cinquième projet de résolution rejeté par le Conseil. Le Hamas a immédiatement « fermement condamné » le veto américain, le qualifiant de « position immorale et inhumaine » et de « participation directe » aux « massacres », pour reprendre les mots d’Ezzat al-Rishq, un haut responsable politique du mouvement islamiste.

Ce samedi 9 décembre marque le 64e jour de guerre entre Israël et le Hamas, alors que Tsahal poursuit son offensive dans la bande de Gaza. L’armée israélienne a encore déclaré ce vendredi avoir frappé « plus de 450 cibles » en 24 heures à Gaza, une annonce accompagnée d’images de frappes effectuées depuis des navires de guerre postés en Méditerranée. Le HuffPost fait le point sur la situation.

• Washington bloque l’appel au cessez-le-feu

Le projet de résolution, qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre (États-Unis) et une abstention (Royaume-Uni), avait été préparé par les Émirats arabes unis après l’invocation sans précédent par Antonio Guterres ce mercredi de l’article 99 de la Charte des Nations unies, qui permet au secrétaire général d’attirer l’attention du Conseil sur un dossier qui « pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

Mais les Américains, alliés d’Israël, ont répété vendredi leur hostilité à un cessez-le-feu. Il s’agit du 35e véto de Washington à une résolution sur le dossier israélo-palestinien depuis 1970 (sur 39 au total).

« Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre », a justifié l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood, dénonçant également l’« échec moral » de l’absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre.

Dans la foulée, l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan a remercié les États-Unis de « rester fermement à nos côtés », estimant qu’un cessez-le-feu ne serait possible que par la « destruction du Hamas ».

• Des réactions outrées

Ce veto n’a pas tardé à être condamné par les organisations humanitaires, à commencer par Médecins sans frontières (MSF), qui a déclaré que l’inaction du Conseil de sécurité des Nations unies le rendait « complice du massacre » dans la bande de Gaza. « En continuant à fournir des armes et une protection diplomatique à Israël qui commet des atrocités (...), les États-Unis risquent de se rendre complices de crimes de guerre », a également réagi dans un communiqué Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

« Alors que la crise à Gaza s’aggrave et qu’elle menace de s’étendre, (le Conseil) ne se montre pas à la hauteur de la mission fondamentale que lui confie la Charte », a également déclaré l’ambassadeur français Nicolas de Rivière. Une déception partagée par de nombreux membres du Conseil, et largement pointée par les représentants palestiniens : « C’est un triste jour dans l’Histoire du Conseil de sécurité », a déploré l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour.

Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a encore fustigé « l’échec du Conseil de sécurité », qu’il a qualifié de « honte » et de « nouveau blanc-seing donné à l’État occupant pour massacrer, détruire et déplacer ». Selon lui, l’utilisation du veto montre le « mensonge » des États-Unis lorsqu’ils disent se préoccuper des pertes civiles.

• Sur place, une situation « cauchemardesque »

Le secrétaire général de l’ONU avait, vendredi matin, appelé avec force le Conseil à agir pour éviter l'« effondrement total de l’ordre public » dans la bande de Gaza. Après deux mois de conflit et de bombardements « la population de Gaza regarde vers l’abîme », avait-il déclaré. « Les gens sont désespérés, effrayés et en colère », a-t-il décrit vendredi, soulignant que « tout cela se déroule dans un contexte humanitaire cauchemardesque ».

À Gaza, la Croix Rouge s’inquiète face à un « scénario encore plus infernal » pour les civils

Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis déplacés par la guerre se sont dirigés vers le sud, transformant Rafah, le long de la frontière fermée avec l’Égypte, en un vaste camp de réfugiés. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient encore tant bien que mal jeudi.

Le bilan s’est également alourdi en Cisjordanie occupée par Israël, où les forces israéliennes ont abattu six Palestiniens ce vendredi, selon le ministère de la Santé du territoire.

Pour sa part, Israël a déclaré ce vendredi avoir perdu 91 soldats depuis le début de son offensive à Gaza, précisant que deux autres militaires avaient été blessés lors de l’échec d’une tentative de libération d’otages dans la nuit.

À voir également sur Le HuffPost :

Guerre Israël-Hamas : enquêter sur le viol comme arme de guerre, un travail titanesque en plein conflit

En plein conflit à Gaza, Israël poursuit sa colonisation à Jérusalem-Est et choque

VIDÉO - "Je ne voyais pas devant moi et je n'arrivais pas à respirer" : un Gazaoui raconte comment un tir de roquette a détruit son quartier