Guerre Israël-Hamas : La résolution du Conseil de sécurité pour un cessez-le-feu à Gaza aussitôt douchée par Israël

Ce lundi 25 mars, le Conseil de Sécurité de  l’ONU a voté adopté pour la première fois une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza sur la période du Ramadan.
ANGELA WEISS / AFP Ce lundi 25 mars, le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté adopté pour la première fois une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza sur la période du Ramadan.

INTERNATIONAL - Un espoir de trêve aussitôt douché par Israël. Après plus de cinq mois de conflit et des dizaines de milliers de morts, le Conseil de sécurité de l’ONU a enfin adopté ce lundi 25 mars une résolution exigeant un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza. Un appel qui avait auparavant été bloqué à plusieurs reprises par les États-Unis qui se sont, cette fois, abstenus.

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La résolution, adoptée sous les applaudissements par 14 voix pour et donc une abstention, « exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan » (qui a déjà commencé il y a deux semaines), devant « mener à un cessez-le-feu durable ». Elle exige en outre « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages » et la « levée de tous les obstacles » à l’arrivée d’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne.

Ce texte est le fruit du travail des membres non-permanents du Conseil de sécurité, qui ont négocié tout le week-end avec les États-Unis pour tenter d’éviter un nouveau blocage de la part de Washington, grand allié d’Israël, ont rapporté des sources diplomatiques.

L’adoption de cette résolution marque une première dans le conflit. Jusqu’ici le Conseil, largement divisé sur le dossier israélo-palestinien, n’avait pu adopter que deux résolutions sur les huit soumises au vote depuis le 7 octobre, essentiellement sur des questions humanitaires. Et sans grand résultat : après cinq mois et demi de guerre, l’entrée de l’aide à Gaza, assiégée, reste largement insuffisante et la menace d’une famine généralisée plane.

Pas d’arrêt de la guerre « tant qu’il y a des otages »

L’adoption de cette résolution a donc été permise ce lundi par l’abstention des États-Unis, à interpréter comme une nouvelle forme de pression sur leur allié israélien. En pleine campagne électorale, le président et candidat à sa réélection Joe Biden a peu à peu durci son discours face la stratégie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui reste déterminé à lancer un assaut sur Rafah, où se trouve une grande partie des réfugiés palestiniens. John Kirby, porte-parole de la Défense américaine a expliqué que Washington n’avait pas voté en faveur du texte car il y manquait des éléments « essentiels » comme une condamnation ferme du Hamas.

Dans la foulée du vote, Israël a balayé toute idée de trêve en assurant qu’il n’entendait pas mettre fin à sa guerre à Gaza tant que le Hamas n’aura pas libéré les otages. « Nous n’avons pas le droit moral d’arrêter la guerre tant qu’il y a des otages à Gaza », a déclaré Yoav Gallant depuis Washington, avant une rencontre avec le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Jake Sullivan et le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

Le bureau du Premier ministre israélien a également fustigé cette abstention américaine qui, selon lui, « nuit à la fois aux efforts de guerre et aux efforts visant à libérer les otages ». En réaction, un porte-parole de la Maison Blanche a rétorqué que l’abstention « ne représente pas un changement de cap » vis-à-vis d’Israël.

De son côté, le Hamas a salué lundi dans un communiqué cette résolution et exprimé sa « volonté d’engager un processus d’échange » prisonniers/otages « immédiatement ». Le mouvement islamiste palestinien a dit vouloir « atteindre un cessez-le-feu permanent conduisant au retrait de toutes les forces » israéliennes du territoire.

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a salué la résolution et insisté pour qu’elle soit « pleinement mise en oeuvre ». « Je salue l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité sur le Proche-Orient. Elle demande un cessez-le-feu durable et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Elle doit être pleinement mise en œuvre », a-t-il écrit sur le réseau social X.

Une résolution mais pour quelle application ?

Immédiatement après le vote, plusieurs cadres de la gauche française ont de leur côté exhorté Emmanuel Macron a « tout faire » pour qu’elle soit véritablement mise en œuvre, comme l’a écrit le coordinateur de la France Insoumise Manuel Bompard. Son homologue du PS Olivier Faure abonde : pour lui, cette résolution « doit être saisie par toutes les parties et portée par l’Union européenne et la communauté internationale. »

L’ambassadrice américaine à l’ONU a de son côté estimé que le cessez-le-feu pouvait commencer « immédiatement après la libération d’un premier otage ». « Cette résolution reconnaît que lors du mois du ramadan, nous devons nous engager pour la paix. Le Hamas peut le faire en acceptant l’accord sur la table », a ajouté Linda Thomas-Greenfield. L’ambassadeur de la France à l’ONU Nicolas de Rivière a lui annoncé la préparation par la France d’une résolution pour un « cessez-le-feu permanent. »

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a salué l’adoption de la résolution. « Cette résolution doit être appliquée. Un échec sera impardonnable », a-t-il indiqué dans un message posté sur X (ex-Twitter).

« Le Conseil de sécurité vient d’approuver une résolution très attendue sur Gaza, exigeant un cessez-le-feu immédiat et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Cette résolution doit être mise en œuvre. Un échec serait impardonnable. »

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