Guerre Hamas-Israël : Pourquoi Emmanuel Macron n’est pas encore allé sur la zone du conflit

Emmanuel Macron, lors d’une vision conférence avec les familles des otages français capturés par le Hamas, le 20 octobre 2023.
BENOIT TESSIER / POOL/AFP via Getty Images Emmanuel Macron, lors d’une vision conférence avec les familles des otages français capturés par le Hamas, le 20 octobre 2023.

POLITIQUE - L’Allemand Olaf Scholz le 17 octobre, l’Américain Joe Biden le 18, le Britannique Richi Sunak le 19... Au moins trois dirigeants occidentaux se sont rendus en Israël depuis les attaques meurtrières du Hamas sur le sol israélien début octobre. Côté français en revanche, aucune date n’a été annoncée à ce stade par la présidence de la République.

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Pas de quoi ralentir d’autres élus. Ce samedi 21 octobre, c’est le quatrième personnage de l’État, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet dont le déplacement dans l’État hébreu a été annoncé. La visite est prévue au cours du week-end, en présence du député des Alpes-Maritimes et président des Républicains Éric Ciotti, du député des Français de l’étranger Mayer Habib et du président Renaissance du groupe d’amitié France-Israël Mathieu Lefèvre. Avant elle, la ministre des Affaires Étrangères Catherine Colonna a été la première - et la seule à ce jour - représentante du gouvernement français à se rendre à Tel-Aviv une semaine après l’attaque du Hamas.

Quid du président de la République ? Vendredi 20 octobre, lors d’un entretien avec des journalistes autour du conflit entre Israël et le Hamas, il a dit ne pas exclure un déplacement dans la région « dans les prochains jours, les toutes prochaines semaines », s’il parvenait à « obtenir des choses utiles » grâce à ce voyage. Concrètement : pas question de se lancer dans un déplacement sensible - aussi bien sur le plan sécuritaire que diplomatique - sans garantie d’efficacité concrète.

Une visite sous condition d’efficacité mais...

Le chef de l’État multiplie à ce stade les discussions avec les dirigeants du Proche et Moyen-Orient. Le 20 octobre, il a échangé avec sept d’entre eux : le président et le Premier ministre israélien, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salman, le président des Émirats arabes unis, l’Émir du Qatar, le président égyptien Fattah Al-Sissi et celui de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Son déplacement sur la zone du conflit « sera dépendant des échanges que j’aurai dans les prochaines heures, les prochains jours avec tous les dirigeants de la région », a-t-il précisé aux journalistes le 20 octobre. « J’essaie d’obtenir des éléments (...) qui permettent d’assurer la sécurité d’Israël, la lutte contre les groupes terroristes, qui éviteront l’escalade du conflit et qui permettront de reprendre un processus politique » à deux États, a-t-il détaillé.

La création d’un État Palestinien à côté de celui Israël est « la ligne que la France défend avec constance, qu’elle continue à défendre sans varier et continuera de porter », avait déjà déclaré le chef de l’État dans une allocution le 12 octobre.

... Ce n’est pas gagné

La France peut-elle vraiment faire entendre sa voix et peser dans la résolution de ce conflit ? Les rôles diplomatique principaux sont à ce stade occupés par les États-Unis, alliés historiques d’Israël, ainsi que par des pays du monde arabe, en particulier l’Egypte, ou encore le Qatar qui a joué un rôle « très important » dans la libération de deux américaines vendredi.

Dans ce contexte, difficile pour Emmanuel Macron d’incarner un rôle de médiateur, et a fortiori d’obtenir seul des avancées décisives. Dans Le Monde, l’ancien président François Hollande soulignait d’ailleurs qu’en obtenant d’Israël l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, « Joe Biden a mangé le plus gros morceau ». « La France est spectatrice. Le dossier du conflit israélo-palestinien a été mis de côté depuis six ans», abondait dans le quotidien Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication du président socialiste.

Le souci d’efficacité n’est pas le seul obstacle susceptible de retarder le déplacement du président français. « La France est allée très loin dans son discours non nuancé (de soutien à Israël). Les retombées ont été catastrophiques dans tous les pays du Proche-Orient » en termes d’image, pointe Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée à Genève, interrogé par l’AFP. Une difficulté de plus.

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