"Grosse vache", "fais-toi violer"... Des députées se confient sur le cyberharcèlement et le sexisme qu'elles subissent

Quatre parlementaires prennent la parole à visage découvert dans Konbini pour raconter des épisodes concrets de sexisme qu'elles vivent au quotidien, que ce soit sur les réseaux sociaux ou à l'Assemblée nationale.

"Grosse vache", "fais toi violer", "retourne au Chili"... Sandrine Rousseau (EE-LV), Mathilde Panot, Raquel Garrido (LFI) et Marie Lebec (Renaissance) ont un point commun: ces quatre femmes politiques subissent au quotidien des faits de cyberharcèlement et de sexisme. Particulièrement exposées du fait de leur activité de députée, elles ont chacune partagé leur témoignage à Konbini.

Les parlementaires reviennent sur plusieurs épisodes concrets. Certains ont lieu au cœur de l'activité parlementaire, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

"Une fois, je suis montée à la tribune et avant même que j'aie pu prononcer un seul mot, un député de la majorité m'a crié que j'étais folle et l'autre m'a insultée ou en tout cas a cru m'insulter de poissonnière", raconte Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis. Sandrine Rousseau explique de son côté être victime de "brouhaha", de "remarque de type 'votre voix est insupportable'", lorsqu'elle s'exprime.

"Insultes" et "menaces de mort"

Ces députées font également l'objet de cyberharcèlement et parfois de menaces de mort.

La députée Renaissance Marie Lebec revient quant à elle sur une lettre qu'elle avait reçue et ensuite partagée sur ses réseaux. "Alors, la putain... Avec ta sale gueule de pourriture Renaissance... On va te faire la peau... Et on va massacrer ta raclure de bâtard...", peut-on lire sur le document. Sandrine Rousseau avait, elle, indiqué sur BFMTV le 14 mai dernier avoir obtenu "trois condamnations", après des menaces "soit de mort, soit de viol".

De son côté, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée Mathilde Panot se dit régulièrement victime de grossophobie.

"Je reçois de manière très fréquente des insultes sur mon poids, sur le fait que je suis une grosse vache, une grosse truie", confie-t-elle.

Les hommes se font "moins insulter sur leur physique"

Le phénomène "dépasse largement les réseaux sociaux", témoigne auprès de Konbini Sandrine Rousseau, la députée écologiste de Paris.

"Quand j'étais encore à Lille, ma maison a été couverte d'autocollants. Il y a même eu des insultes ou des menaces dans la rue", explique-t-elle.

Le phénomène touche davantage les femmes. Certes, "les hommes politiques peuvent se faire insulter" mais "jamais de la même manière et pas du tout dans la même ampleur", juge Sandrine Rousseau. "Ils se font moins insulter sur leur physique et sur leur sexualité", note Raquel Garrido, quand Mathilde Panot souligne que "les premières recherches Google" associées à leurs noms sont "pour savoir si nous sommes enceintes, quel est notre compagnon, si nous sommes célibataires..."

Article original publié sur BFMTV.com

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