Grave, Succession, Cannes 2023 : qui est Ella Rumpf, révélation du Théorème de Marguerite ?

Pyramide Films
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Vous connaissez sans doute les séries et films dans lesquels elle a joué mais son visage ne vous est pas pour autant totalement familier. Pourquoi ? Parce que dans chacun de ses rôles, elle change d’apparence jusqu’à faire douter, tantôt rebelle, cannibale, femme fragile ou fatale. Ou ici, jeune fille derrière ses lunettes, effacée. C'est à Cannes que nous l'avons rencontrée.

Une actrice qui aime se cacher derrière ses personnages

Après avoir dérangé à l’affiche du Grave de Julia Ducournau, fasciné au sein de la série Tokyo Vice, ou même visité l'univers de Succession, Ella Rumpf a ébloui la Croisette à l'affiche du Théorème de Marguerite, dans la peau d'une brillante chercheuse en Mathématiques à l’ENS, qui après une erreur décelée lors de l’exposé de sa thèse, voit ses certitudes s’effondrer. Elle décide alors de tout quitter pour (re)commencer à vivre.

Sachant installer avec finesse l’atmosphère qui règne au sein des grandes écoles, l’enfermement et l’aveuglement au monde qui en découle lorsque le travail compte à tout prix, le film d'Anna Novion présenté en Séances Spéciales, peint avec acuité une héroïne atypique, "drôle" au sens étonnant du terme, tentant de se faire une place dans un monde où les sentiments n’ont pas droit de cité face à la tangibilité des chiffres et la quête de la vérité scientifique ultime.

Une héroïne que son interprète ne voulait surtout pas "caser" et qu'elle a construite à force de discussions avec sa réalisatrice, visant entre autres à lui trouver son look et "ses chaussons" autant que "ses nuances d'humour", afin d'atténuer le sujet exigeant des Mathématiques.

Un sujet pour lequel le spectateur se passionne d'emblée sans avoir besoin d'être féru en la matière, embarqué malgré lui aux côtés de ce personnage jusqu'au-boutiste et maladroit, qui traverse le monde et interagit avec les autres non sans difficulté. Mal à l'aise dans sa vie personnelle autant que rigide dans sa vie professionnelle (habitée par un Jean-Pierre Daroussin implacable), Marguerite verra s'étioler peu à peu son univers cadré, fait de lignes géométriques bien agencées, à mesure que les sentiments et LA rencontre (avec le charismatique Julien Frison) vont tout faire déborder.

C'est parce que la réflexion sur l'allure et la posture sont au cœur de son travail d'incarnation qu'Ella Rumpf arrive à nous promener dans le monde "sans chichis" de son héroïne, désireuse de "mettre de l’ordre dans l’infini" afin de taire ses angoisses originelles.

"J’adore jouer avec cela, en faire un peu trop, avoir le droit de se perdre dans un autre monde." "Marcher comme sur une ligne, ne pas tomber, trouver le juste équilibre, transformer ce personnage, découvrir sa route en tentant des choses", c'est ce qu'il y a de plus dur et de plus important selon cette jeune comédienne-caméléon, qui aime en outre se cacher derrière ses personnages pour mieux raconter leur histoire.

Une comédienne caméléon et éclectique, sur tous les fronts

"Je ne veux pas trop me montrer moi. J'ai d'ailleurs commencé le cinéma avec un crâne rasé dans le film Chrieg. Enlevée de mon apparence féminine, j’ai commencé ma relation à ma féminité et à mon métier de manière assez particulière", finit-elle par nous confier. "Timide", elle se décrit surtout "naïve" à ses débuts, voulant depuis toujours faire des films ou jouer dans des films et s'y étant mise avec innocence, en cherchant tout simplement des directeurs de casting.

"C'est en grandissant que je me suis rendue compte que c’était un métier complexe, non superficiel, un métier de recherche que j’apprécie beaucoup". Un métier qu'elle aime explorer sous toutes les coutures et sur tous les fronts, passant sans complexe du cinéma d'auteur provocateur de Julia Ducournau aux séries renommées et exigeantes que sont Tokyo Vice ou même Succession dans laquelle elle a fait une remarquable apparition.

"Grave, c'était un grand premier film pour nous tous et qui nous a soudés, où on a dépassé une certaine limite mais sans y penser. Le souvenir de certaines scènes vient après ! J'ai été et je suis fière de faire partie de cette oeuvre qui reste dans la tête des gens, qui continue à voyager, qui a marqué et dont on parle encore. Je n'ai pas capté tout de suite le trajet que faisait le film car je suis retournée en Suisse, en Allemagne et j'ai tourné à gauche à droite".

A gauche à droite et droit devant surtout, car c'est à ce moment qu'elle a intégré justement le monde varié des séries : policière allemande (Freud), japonaise (Tokyo Vice) ou américaine (Succession).

"J'ai rejoint cet univers de façon naturelle, sans anticiper, très heureuse d’en faire partie et de découvrir des mondes complètement différents, surtout avec Tokyo Vice et le Japon, une expérience assez exceptionnelle que de rentrer dans ce monde des yakusa des années 90".

Lorsqu'on lui demande ses prédilections, elle répond sans hésitation regarder plus de films que de séries qui prennent trop de ce temps... qu'elle n’a pas. "J’aime aller dans une salle et regarder un film sur grand écran, je suis une spectatrice bienveillante qui aime quand les films résonne en soi". A l'image de ceux qu'elle propose et incarne elle-même à échelle européenne et peu à peu internationale.

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