La grande peur d’Art Spiegelman face à la censure

L’affaire avait déjà fait grand bruit, en janvier dernier, quand un district scolaire du Tennessee avait décidé de retirer du programme des classes de quatrième de tous les collèges du comté le célèbre roman graphique Maus, d’Art Spiegelman. Ce récit autobiographique sur la Shoah, dans lequel les nazis sont représentés en chats et les Juifs en souris, avait valu à son auteur de remporter un prix Pulitzer spécial en 1992.

Cette fois-ci, c’est dans le Missouri que l’ouvrage est visé. Depuis l’automne, “plusieurs conseils scolaires [school boards, qui décident des programmes scolaires] de cet État ont décidé d’interdire le livre”, rapporte The Washington Post. Maintenant c’est le conseil scolaire de Nixa, qui doit débattre, le 20 juin, d’une interdiction du roman graphique de Spiegelman dans les établissements scolaires.

L’ouvrage a, en effet, “fait l’objet d’un signalement de la part d’employés du district scolaire en vertu d’une nouvelle loi du Missouri qui stipule qu’il est illégal de rendre accessible aux mineurs du matériel sexuellement explicite”, explique le quotidien. Si la raison pour laquelle le livre a été signalé n’a pas été fournie, une scène pourrait être la cause de cette censure, comme cela avait déjà été le cas dans le Tennessee : “la case où Spiegelman représente le corps de sa mère, nue dans une baignoire, après s’être donné la mort”, explique le Washington Post.

Un vrai danger

“Elle était assise dans une mare de sang quand mon père l’a trouvée, explique l’auteur, Art Spiegelman :

“C’est une image tout sauf sexy, que l’on ne peut certainement pas décrire comme une scène de nu. C’est le cadavre dénudé de ma mère.”

Le ciblage répété de son livre pour son contenu à connotation prétendument sexuelle pousse l’auteur à monter une nouvelle fois au créneau pour dénoncer “un simple prétexte” et un vrai danger. Pour Art Spiegelman, “c’est autre chose qui dérange [les censeurs] et les met mal à l’aise, c’est le génocide”.

Ce qui alarme le plus l’auteur de Maus, c’est qu’il s’agit justement “d’une œuvre destinée à un large public qui porte sur la question de la déshumanisation et de l’altérité”, souligne le Washington Post.

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