Le grand acteur suisse, Bruno Ganz, est mort

Bruno Ganz dans Les Ailes du Desir de Wim Wenders en 1987

Figure de la douceur et du secret, ce héros de l'auteurisme international (Wenders, Herzog, Handke, Lars Von Trier, etc.) est devenu star populaire en interprétant un Hitler terminal dans «la Chute».

Bruno Ganz était un ange qui avait joué Hitler. L’un des deux anges des Ailes du désir de Wim Wenders, qui veillent sur Berlin et leurs habitants en recueillant leurs pensées, deux ans avant la chute du mur. Il était un ange, et à ce titre immortel et cependant il est mort à Zurich, la ville de sa naissance, un samedi d’hiver ensoleillé sur l’Europe, à 77 ans, d’un cancer. Les ailes lui allaient bien et sur lui, elles n’avaient rien de mièvre, car il avait la grâce, un sourire discret et ironique, une présence imposante qui ne s’explique pas, le sens du silence. On ne se serait pas risqué à le déranger pour le flatter, et on supposait que lui-même n’avait jamais été flagorneur, peut-être parce qu’on l’avait vu sur la grande place du festival de Locarno recevoir un grand prix en parodiant en allemand la fameuse et virulente diatribe antihonneur de l’écrivain autrichien Thomas Bernhard. Il faisait partie de ces acteurs qui n’ont pas besoin d’en faire beaucoup, pour exister entièrement devant une caméra ou sur scène. Ne pas en faire beaucoup ne signifie pas ne rien faire, mais savoir rendre visible l’imperceptible, l’intériorité d’un personnage, ses peurs et ses failles, comme s’il retournait un gant.

On regarde sa filmographie et on remarque qu’elle ne contient quasiment que des films marquants, des choix qui dessinent non seulement une époque, mais aussi par contre coup, un portrait en creux de celui qui a imposé sa chance, hasard ou décision, les deux se confondant parfois. La marquise d’O de Rohmer, l'Ami américain de Wenders, Dans la ville blanche d’Alain Tanner, la Femme gauchère de Peter Handke, le Faussaire de Volker Schlöndorff ou un peu plus tard l’Eternité et un jour de Théo Angelopoulos : c’est fou à quel point Bruno Ganz a attiré, plutôt dans les (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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