Une grève des taxis pour protester contre le covoiturage obligatoire des patients décidé dans le PLFSS 2024

Des centaines de taxis bloquent la circulation des grandes villes ce lundi 11 décembre, pour protester contre un article de la loi de financement de la Sécurité sociale.

Plusieurs centaines de taxis manifestent ce lundi 11 décembre contre l’article 30 de la loi de financement de la Sécurité sociale. Photo d’illustration.
BERTRAND LANGLOIS / AFP Plusieurs centaines de taxis manifestent ce lundi 11 décembre contre l’article 30 de la loi de financement de la Sécurité sociale. Photo d’illustration.

FRANCE - Les taxis bloquent la route. Des opérations escargots sont organisées ce lundi 11 décembre au matin dans plusieurs grandes villes de France par les chauffeurs de taxi. Ils protestent contre un point bien précis de la loi de financement de la Sécurité sociale, qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2024.

Le budget de la Sécu (PLFSS 2024), a été adopté : voici ce qui va changer pour la santé des Français

Dans son article 30, la loi prévoit de valoriser le covoiturage des patients. Pour se rendre à l’hôpital, il faudra désormais réserver un taxi sur une plateforme spécialisée, et accepter de le partager avec d’autres malades. En cas de refus, le trajet du patient ne sera pas entièrement remboursé.

Une mesure qui se veut à la fois écologique et économique : le gouvernement souligne qu’en 2022, l’Assurance-maladie a pu économiser 34 millions d’euros de dépenses grâce aux transports partagés. Mais pour les chauffeurs de taxi, cela signifie moins de course. « La part de transport sanitaire et médical peut représenter jusqu’à 90 % du chiffre d’affaires en milieu rural », pointe auprès de France Bleu, Baptiste Ondarts, vice-président de la Chambre Syndicale des Taxis au Pays basque.

Autre argument : le bien-être du patient. « Désormais, la règle devient le transport partagé : le patient n’est plus au centre du transport, il sera obligé d’être dans un ramassage médical pour ses rendez-vous, avec des temps d’attente plus longs avant comme après, et des détours de parfois 50 km avant de rentrer chez lui », déplore Baptiste Ondarts.

Au micro de BFMTV, le président de l’Union nationale des taxis, Rachid Boudjema dénonce « un article de loi a été fait en catimini, derrière le dos des taxis, qui nous impose aujourd’hui un transport partagé ». Remonté, il ajoute que « ceux qui ont décidé de cette réforme sont hors sol, eux sont avec leur chauffeur mais ils proposent aux personnes vulnérables d’être entassés dans des véhicules », et réclame lui aussi que le choix du covoiturage revienne au patient.

Des centaines de taxis en grève

Une position largement partagée dans la profession. À Marseille, pas moins de 700 taxis sont venus protester contre cette nouvelle loi, saturant complètement l’autoroute A7, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

À Lille, les autoroutes A1, l’A22, l’A23 et l’A25 sont visés par une opération similaire. Les voitures ne peuvent circuler que sur une seule voie depuis 7 h 30 ce matin, rapporte France Bleu. La rocade de Toulouse est aussi bloquée, ainsi que les routes autour de l’aéroport de Blagnac, en témoigne le tweet ci-dessous.

Des dizaines de taxis se sont aussi rassemblées à Paris, Bordeaux et Lyon. « Après les déserts médicaux, voilà les bus médicalisés ! », lancent au journal local Le Progrès les chauffeurs rassemblés à Lyon. « Cette mesure risque de détruire des emplois locaux et d‘éradiquer progressivement le transport de proximité qu’est le taxi », s’indignent-ils.

VIDÉO - Une femme saute d'un taxi en route, car le prix est trop élevé