La grève des scénaristes américains bientôt en France ? On a posé la question aux concernés

DIVERTISSEMENT - Cette fois-ci, ce ne sont pas les Français qui sont en grève ! La Guilde française des scénaristes a appelé à un rassemblement, mercredi 14 juin, en soutien à leurs homologues américains qui, depuis le début du mois de mai, ont levé le pied pour demander une augmentation de leur salaire, une stabilité de l’emploi et surtout une plus grande part des bénéfices générés par l’essor du streaming en ligne.

Le HuffPost a rencontré plusieurs scénaristes français qui ont participé à cette petite manifestation sur la place du Trocadéro. « J’estime qu’ils font une grève juste. On partage pas mal de leurs revendications », déclare Jean-André Yerles, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

« Clairement, pour les Américains, [la grève], c’est le levier le plus puissant qu’ils aient. C’est inspirant. Après il faut l’adapter à nos cultures, nos identités locales. On ne travaille pas tout à fait dans le même écosystème », continue celui qui a écrit pour le film Demain tout commence, dans lequel on retrouve Omar Sy.

Une grève similaire en France ?

Bien que les scénaristes français partagent et soutiennent les revendications de leurs collègues américains, une grève en France n’est – pour l’instant - pas au programme. En effet, La Guilde française des scénaristes vient de signer un accord avec les producteurs leur assurant une rémunération minimum pour les scénaristes de fiction. Un tel accord est inédit en Europe, salue auprès du HuffPost Marie Roussin, présidente de la structure.

D’ailleurs, l’autre point crucial qui différencie les États-Unis de la France, c’est que tous les scénaristes ne sont pas syndiqués. « À l’heure actuelle, une grève en France ce n’est pas possible parce que tous les scénaristes doivent être réunis en un syndicat pour pouvoir en voter une. À voir dans 10 ans… », poursuit la scénariste.

Les inquiétudes françaises

Mais alors quel pourrait être le déclencheur d’une grève de côté-ci de l’Atlantique ? « Personnellement, ce qui pourrait me pousser à faire grève, ce serait la remise en cause du droit d’auteur et les conditions de travail d’une manière générale. C’est-à-dire des cadences de plus en plus accélérées au détriment d’une qualité que nous essayons de mettre en avant », indique Laurent Roggero, scénariste lui aussi.

La question des intelligences artificielles représente aussi un point de bascule, pour Anne Rambach, qui a écrit pour les séries Engrenages (Canal+) et Candice Renoir (France 2).« L’usage dévoyé de l’intelligence artificielle qui ferait remplacer des auteurs par des robots, ça nous pend au nez. Ce sont des outils très intéressants, je pense qu’ils doivent rester au service des créateurs et ne pas les remplacer. »

Au mois de mai dernier, le HuffPost avait interrogé Alexandre Astier au sujet des intelligences artificielles. Le créateur de Kaamelott avait alors souligné que ces outils permettaient de se poser la question sur le rôle d’un scénariste. « Si l’on considère que c’est un mec ou un groupe de personnes réunies pour fournir ce qu’une chaîne ou une plateforme demande, alors oui, le scénariste est remplaçable. »

Il ajoute : « Mais si l’on se dit que c’est un auteur, avec une langue, un verbe, un style, une façon, un artisanat, et que l’on respecte chez cet auteur ses défauts, le fait qu’il écrive avec une déchirure, une souffrance, qu’il nous montre ce qu’il a dans le ventre, alors l’auteur devient résolument inimitable. »

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