Good cop, bad cop

Pour mobiliser les consciences climatiques, il y a ceux qui adoptent un ton quasi apocalyptique et ceux qui affichent un optimisme résolu. António Guterres est sans conteste le champion de la première catégorie, le bad cop en chef. Après avoir annoncé en juillet que nous sommes entrés dans “l’ère de l’ébullition mondiale”, le secrétaire général des Nations unies prévenait, la semaine dernière, que l’addiction de l’humanité aux énergies fossiles avait “ouvert les portes de l’enfer”.

À côté, Fatih Birol fait figure de good cop. “Malgré l’ampleur des défis, je suis plus optimiste qu’il y a deux ans”, assurait au Guardian, le 26 septembre, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). D’après “le plus grand économiste mondial de l’énergie”, selon le quotidien britannique, il est encore possible de contenir le réchauffement planétaire à + 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle, grâce, notamment, à la croissance “stupéfiante” des énergies renouvelables et des investissements verts observés ces deux dernières années. Mais il faudra aussi faire un gros effort, ajoute l’agence de l’OCDE. Elle préconise d’avancer les objectifs de neutralité carbone de 5 ans pour la plupart des pays développés, dont les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni (de 2050 à 2045), et de 10 ans pour la Chine (de 2060 à 2050).

L’AIE et l’ONU font clairement monter la pression avant la Cop 28, qui s’ouvrira fin novembre à Dubaï – sous la présidence de Sultan Al-Jaber, ministre de l’Industrie des Émirats arabes unis et PDG de la compagnie pétrolière Adnoc – où il sera beaucoup question de l’avenir des énergies fossiles.

Mais les décideurs, ce sont les États. Et tous ne font pas preuve d’une grande ambition, c’est peu de le dire. Au Royaume-Uni, Rishi Sunak a annoncé le 20 septembre que la fin des ventes de véhicules thermiques, qui devait entrer en vigueur en 2030, et des chaudières au fuel, prévue en 2026, était reportée à 2035. Un grand rétropédalage – à quelques mois des élections législatives, en 2024 – qui n’empêche pas le Premier ministre conservateur d’assurer que le pays vise toujours la neutralité carbone en 2050.

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