Golden Globes 2024 : Justine Triet félicitée par Emmanuel Macron après le triomphe d’« Anatomie d’une chute »

Au festival de Cannes, en mai 2023, Justine Triet avait eu des mots tranchés contre le gouvernement. Dans le viseur de la réalisatrice : la réforme des retraites et la politique culturelle sous Emmanuel Macron. Un chef de l’État qui a fini par saluer « Anatomie d’une chute » après le triomphe du film aux Golden Globes.
CHRISTOPHE SIMON / AFP Au festival de Cannes, en mai 2023, Justine Triet avait eu des mots tranchés contre le gouvernement. Dans le viseur de la réalisatrice : la réforme des retraites et la politique culturelle sous Emmanuel Macron. Un chef de l’État qui a fini par saluer « Anatomie d’une chute » après le triomphe du film aux Golden Globes.

CINÉMA - Cette fois, le triomphe de Justine Triet n’est pas passé inaperçu à l’Élysée. Neuf mois après la Palme d’or d’Anatomie d’une chute au Festival de Cannes et six mois après sa sortie en salle, le film de Justine Triet a encore été récompensé lors des Golden Globes, la cérémonie de remise de prix de la presse étrangère à Hollywood, pour le meilleur scénario et le meilleur film en langue étrangère. De nouveaux succès qui ont, enfin, valu à la réalisatrice les félicitations d’Emmanuel Macron.

« Fier de voir le cinéma français récompensé aux Golden Globes », écrit ce lundi 8 janvier le chef de l’État dans un message publié sur X, anciennement Twitter. Et d’ajouter, sobrement : « Félicitations à Justine Triet, aux acteurs et à toute l’équipe du film Anatomie d’une chute. »

Depuis la sortie du film, qui retrace avec brio le parcours judiciaire d’un fait divers, Justine Triet ne s’est pas franchement attiré les sympathies du gouvernement. Lors de son discours à Cannes, après avoir reçu la Palme d’or, la réalisatrice avait fustigé la « marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend » aux dépens de « l’exception culturelle française sans laquelle (elle ne serait) pas là aujourd’hui devant vous ».

Réforme des retraites et exception culturelle

« Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime de la réforme des retraites (...) Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante », avait aussi regretté Justine Triet, comme vous pouvez le voir ci-dessous, ce qui lui a valu les critiques de Rima Abdul-Malak, la ministre de la Culture.

Cette dernière s’était en effet dite « estomaquée » par un discours qu’elle avait qualifié d’« injuste ». « Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas », avait notamment avancé la ministre, omettant au passage les mots de la cinéaste sur le soutien dont elle a bénéficié pour monter son film.

Plus remonté encore que sa collègue de la Culture, le ministre délégué à l’Industrie Roland Lescure avait pour sa part déploré le discours cannois de Justine Triet en expliquant y voir l’« Anatomie de l’ingratitude d’une profession que nous aidons tant… Et d’un art que nous aimons tant !  »

Dans la même veine, la Première ministre Élisabeth Borne avait d’abord expliqué qu’elle n’irait pas voir Anatomie d’une chute, évoquant un « blocage » face au film et reconnaissant avoir été « vexée » par les paroles de la réalisatrice. Elle avait fini par revenir sur ces mots en octobre, enterrant la hache de guerre sur le plateau de BFMTV en déclarant : « J’irai voir ce film, évidemment, qui a l’air excellent. »

Emmanuel Macron, lui, n’avait, avant ce lundi, pas eu le moindre mot (ni tweet) pour Justine Triet, pourtant troisième femme seulement à recevoir la Palme d’or. Au total, la France n’a reçu ce prix qu’à onze reprises en 66 ans d’existence. Un silence présidentiel qui a été maintes fois dénoncé par les opposants politiques du chef de l’État. À l’image du tweet moqueur d’Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, ce lundi, qui remarque que le président de la République a mis « neuf mois pour accoucher dans la douleur de félicitations à Justine Triet ».

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