Les glaciers de l’Himalaya fondent de plus en plus rapidement à cause du changement climatique

Entre 2011 et 2020, les glaciers de l’Himalaya ont fondu 65% plus vite que lors de la décennie précédente. Photo d’illustration, prise le 22 mai 2023.
Entre 2011 et 2020, les glaciers de l’Himalaya ont fondu 65% plus vite que lors de la décennie précédente. Photo d’illustration, prise le 22 mai 2023.

CLIMAT - « Cela va beaucoup plus vite que ce que nous pensions ». C’est l’alerte donnée par le chercheur Philippus Wester, principal auteur d’une étude sur la fonte des glaciers de l’Himalaya. Son travail avec trente-cinq scientifiques de douze pays a été publié ce mardi 20 juin par le Centre international pour le développement intégré des montagnes (ICIMOD), après des mois de recherches menées au Népal.

La conclusion est claire : à cause du changement climatique, les glaciers de l’Himalaya fondent à un rythme sans précédent. Bien plus vite même que ce que les scientifiques avaient anticipé. « Avec le réchauffement, la glace fonds, c’est prévisible. Mais ce qui est inattendu et très inquiétant, c’est la vitesse », a déclaré à l’AFP Philippus Wester. Entre 2011 et 2020, les glaciers ont fondu 65 % plus vite que lors de la décennie précédente : « Cela va beaucoup plus vite que ce que nous pensions ».

Un risque pour la sécurité alimentaire

La disponibilité en eau des rivières et bassins de l’Himalaya devrait atteindre un maximum dans les années 2050-2060, avant de décroître d’ici à la fin du siècle. Cette fonte accélérée menace l’approvisionnement en eau de près de deux milliards de personnes sur le long terme.

Ces dégâts irréversibles vont provoquer un déplacement des populations et de fortes pertes agricoles, notamment pour les cultures de riz, millet, orge ou sucre de canne. Les glaciers de la région de l’Hindu Kush et de l’Himalaya sont une source d’eau cruciale pour environ 240 millions d’habitants dans les régions montagneuses, ainsi que pour 1,65 milliard d’autres personnes dans les vallées en contrebas.

Les glaciers himalayens alimentent 10 des plus importants bassins fluviaux du monde, dont le Gange, l’Indus, le Fleuve Jaune, le Mékong et l’Irrawaddy. Ils fournissent directement ou indirectement nourriture, énergie et revenus à des milliards de personnes. Les conséquences de la perte de cette cryosphère (zone gelée) sont inenvisageables », a déclaré Izabella Koziell, cheffe adjointe de l’ICIMOD.

Plus de risques d’inondations et d’érosion

La fonte des glaciers provoque également une augmentation des risques naturels, qui font déjà partie de la vie en montagne. L’érosion des pentes et des versants des montagnes ouvrent la voie à des catastrophes en cascade comme des inondations ou des glissements de terrain.

Les scientifiques constatent aussi un fort risque pour la biodiversité de ces montagnes. Selon leur rapport, d’ici 2100, un quart des plantes, animaux et autres formes de vie que l’on ne trouve que dans la région pourraient être « anéantis ». La perte de certaines espèces uniques originaires de la région est déjà avérée, en particulier les papillons.

Problème : la tendance de la fonte accélérée n’est pas près de s’inverser, car elle dépend du changement climatique, indexé lui-même sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Selon les estimations de l’ICIMOD, les glaciers pourraient perdre jusqu’à 80 % de leur volume actuel d’ici la fin du siècle si l’on ne modifie pas les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre actuelles.

Même si le réchauffement climatique est limité aux 1,5 °C à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels convenus dans le traité de Paris sur le climat, les glaciers devraient perdre entre un tiers et la moitié de leur volume d’ici 2100. « Cela souligne la nécessité d’une action climatique urgente », a déclaré M. Wester, principal auteur de l’étude. « Chaque petite augmentation aura des répercussions considérables et nous devons vraiment, vraiment travailler à l’atténuation du changement climatique ».

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