Gilets jaunes, retraites, covid... Les crises qui ont marqué les vœux d'Emmanuel Macron

Gilets jaunes, retraites, covid... Les crises qui ont marqué les vœux d'Emmanuel Macron

C'est une tradition initiée par le général de Gaulle en 1960: les vœux présidentiels à l'occasion de la Saint-Sylvestre. Suivi par de nombreux Français, cet évènement est l'occasion pour le président de la République de faire le bilan de l'année passée et de se projeter sur la suivante.

Comme lors de son précédent quinquennat, Emmanuel Macron se conformera de nouveau à cet exercice ce samedi, après une année marquée par la guerre en Ukraine, sa réélection ainsi que la crise de l'énergie et de l'inflation. À défaut de pouvoir promettre la fin rapide de la guerre et une année sans difficultés, Emmanuel Macron devrait adresser un message "d'unité et de confiance". Retour sur ses précédentes interventions.

• 31 décembre 2017: "Je n'arrêterai pas d'agir"

2017 a vu Emmanuel Macron faire voler en éclat le clivage droite-gauche et devenir président de la République à seulement 39 ans. Pour autant, dans ses premiers vœux aux Français, le nouveau locataire de l'Élysée ne dépoussière pas l'exercice et s'inscrit dans les pas de ses prédécesseurs. Du moins, sur la forme.

On le voit solennel, les mains sur une table de marbre, assis dans son bureau d'angle de l'Élysée. Il évoque brièvement sa victoire durant la présidentielle, ne souhaitant pas "passer trop de temps à revenir" sur cet évènement. À ceux qui ne "partagent pas" sa politique, "je les respecte et je les écouterai toujours", déclare le chef de l'État.

Néanmoins, "je ne n'arrêterai pas d'agir", malgré les voix "discordantes", assure-t-il, souhaitant que les "transformations profondes" entamées en 2017, se poursuivent avec "la même intensité pour l'année 2018".

Le président de la République se distingue par une intervention longue de plus de 17 minutes et n'est pas loin de dépasser le record établi par Charles de Gaulle le 31 décembre 1961 (18 minutes). Ce ne sera que partie remise: en 2019, Emmanuel Macron dépasse ce chrono de quelques secondes.

L'originalité de son intervention tient également dans la manière dont il s'adresse aux Français. Appelant plusieurs fois à "la cohésion" pour 2018, il déclare: "Notre cohésion nationale dépend aussi de votre engagement".

"Demandez-vous chaque matin, ce que vous pouvez faire pour le pays", exhorte-t-il, insistant sur un "collectif plus fort, plus grand que vous".

Une référence à John Fitzgerald Kennedy. En 1961, l'ancien président des États-Unis déclarait le jour de sa prestation de serment: "Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays".

• 31 décembre 2018: la contre-attaque face à la crise des gilets jaunes

Deux salles, deux ambiances. D'un côté, le mouvement des gilets jaunes qui agite la France depuis le 17 novembre, mettant en difficulté un exécutif également fragilisé par l'affaire Benalla. De l'autre, Emmanuel Macron se tenant debout pour présenter ses vœux aux Français et s'affichant comme dynamique et conquérant.

Loin de faire dans la dentelle, le président de la République se montre offensif à l'égard du mouvement social. S'il reconnaît d'abord "de grands déchirements et une colère", voyant là un "peuple qui ne se résigne pas", il fustige, sans nommer les gilets jaunes, ceux "qui prennent pour prétexte de parler au nom du peuple".

"Mais lequel, d'où? Comment?", interroge-t-il. Avant de dénoncer les "porte-voix d'une foule haineuse" qui "s'en prennent aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels".

Cela, "c'est tout simplement la négation de la France", lâche Emmanuel Macron.

Le locataire de l'Élysée critique un "déni, parfois flagrant, de réalité". Et tacle: "On ne peut pas travailler moins, gagner plus, baisser nos impôts et accroître nos dépenses, ne rien changer à nos habitudes et respirer un air plus pur". Face à cette situation, Emmanuel Macron promet que "l'ordre républicain sera assuré sans complaisance".

• 31 décembre 2019: il monte au créneau sur la réforme des retraites

Emmanuel Macron consacre une bonne partie de son allocution à la réforme des retraites. Le contexte social est extrêmement tendu. Depuis le 5 décembre, le pays fait face à un mouvement de grève inédit par sa durée et son ampleur.

La plupart des syndicats sont vent debout contre le projet de l'exécutif. Même la CFDT a affiché ses réticences après qu'Édouard Philippe a évoqué la création d'un "âge pivot" à 64 ans et non plus seulement l'abolition des régimes spéciaux comme cela était prévu initialement durant la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron.

Resté relativement silencieux jusqu'ici, le chef de l'État montre les muscles. Notant qu'il s'agit de ses troisièmes vœux présidentiels, il introduit: "D'habitude, c'est le moment où on renonce à agir avec vigueur pour ne plus fâcher personne à l'approche des futures échéances électorales [...] Nous n'avons pas le droit de céder à cette fatalité. C'est l'inverse qui doit se produire."

S'il dit comprendre "combien les mesures prises peuvent heurter, susciter des craintes, des oppositions", il pose une question dans la foulée: "Faut-il pour autant renoncer à changer notre pays et notre quotidien?" Et de répondre lui-même:

"Non, car ce serait abandonner ce que le système a déjà abandonné. Ce serait trahir nos enfants, leurs enfants après eux, qui, alors, auraient à payer le prix de nos renoncements."

La réforme des retraites "sera menée à son terme", promet Emmanuel Macron, dressant au passage les louanges d'un "projet de justice et de progrès social". Il conclu sur le sujet en enjoignant son Premier ministre a trouver la "voie d'un compromis rapide", avec "les organisations syndicales et patronales qui le veulent".

La suite ?Un projet de loi adopté par 49.3 fin février 2020 face à l'obstruction parlementaire - notamment de La France insoumise - qui ralentit les débats, puis un abandon du texte en raison de la pandémie de Covid-19.

Depuis, Emmanuel Macron a remis le sujet au programme de sa dernière campagne présidentielle. Et, comme un clin d'œil à ses vœux pour 2020, il pourrait de nouveau aborder ce dossier lors de son allocution samedi alors que l'exécutif compte présenter son projet de réforme des retraites le 10 janvier 2023.

• 31 décembre 2020: Porter l'"espoir" après une année de pandémie

"Nous ne vivons pas un 31 décembre comme les autres", affirme d'emblée Emmanuel Macron lors de ses vœux. L'épidémie de Covid-19 est passée par-là et persiste toujours. "L'année 2020 s'achève donc comme elle s'est déroulée: par des efforts et des restrictions", explique le président.

Il a reconfiné le pays durant l'automne, après un premier confinement entre mars et mai. Il prévient: "Les premiers mois de l'année (2021) seront difficiles, et au moins jusqu'au printemps, l'épidémie pèsera beaucoup sur la vie de notre pays."

Après cette période, Emmanuel Macron veut croire à "un nouveau matin français, une renaissance européenne". L'"espoir" est "là", "grandit chaque jour" et "vit", insiste le locataire de l'Élysée dans une anaphore. Il le voit notamment avec "ce vaccin que le génie humain a fait advenir en un an seulement".

Le chef de l'État parle également d'"espérance" et la personnifie en énumérant une liste de prénoms afin de rendre hommage à leur "parcours exemplaires, qui sont autant de boussoles pour les temps à venir". Il évoque par exemple, Mauricette, qui, du haut de ses 78 ans, est devenue la première Française à se faire vacciner contre le Covid-19.

Pour Emmanuel Macron, "notre Nation a traversé cette année avec une telle unité, une telle résilience", que "rien ne peut lui arriver".

"En 2021, quoi qu'il arrive, nous saurons donc faire face aux crises sanitaires, économique et sociale, terroriste, climatique", martèle-t-il.• 31 décembre 2021: n bilan à défendre

L'épidémie de Covid-19 est de nouveau évoquée par Emmanuel Macron lors de ses vœux pour 2022. En pleine cinquième vague marquée par le variant Omicron, le chef de l'État se veut cependant résolument optimiste. Il souligne de "vraies raisons d'espérer" telles que "l'arme du vaccin" et "notre expérience collective".

Cet élan va de pair avec la défense de son bilan à un peu moins de quatre mois de l'élection présidentielle. Emmanuel Macron vante ainsi sa capacité à réformer le pays, malgré la situation sanitaire:

"Là où nous aurions pu tout reporter, nous n'avons jamais renoncé à notre ambition collective", insiste-t-il, citant pêle-mêle "la réforme de l'assurance chômage, le contrat engagement jeune [...] l'indemnité inflation, le chèque énergie".

Le chef de l'État énonce également des mesures pour "l'urgence écologique et climatique" comme "le développement des énergies renouvelables" ou la "fin des emballages plastiques".

Le président de la République se garde néanmoins d'annoncer toute candidature pour un second quinquennat. "J'agirai jusqu'au dernier jour du mandat dans lequel vous m'avez élu", dit-il, profitant ainsi de sa posture de chef de l'État pour retarder son entrée dans l'arène et se placer au-dessus de la mêlée des candidats.

Tout juste laisse-t-il un indice en citant l'historien et résistant March Bloch: "Pour ma part, quelque soit ma place et les circonstances, je continuerai à vous servir. Et de la France, notre patrie, nul ne saura déraciner mon cœur", déclare l'Amiénois pour ce qui peut s'interpéter comme une attaque à l'extrême droite.

Article original publié sur BFMTV.com