Geneviève Legay blessée dans une manifestation de gilets jaunes à Nice : un commissaire jugé à partir de ce jeudi

C’est lors de cette manifestation de gilets jaunes en mars 2019  à Nice, que Geneviève Legay s’était retrouvée au sol après une charge de la police.
ASSOCIATED PRESS C’est lors de cette manifestation de gilets jaunes en mars 2019 à Nice, que Geneviève Legay s’était retrouvée au sol après une charge de la police.

JUSTICE - Une septuagénaire contre un commissaire divisionnaire. Dans le cadre d’une procédure assez rare, s’ouvre ce jeudi 11 janvier le procès de Rabah Souchi, chef opérationnel du dispositif sécuritaire à l’origine de la charge policière qui a conduit aux blessures de Geneviève Legay en 2019, lors d’une manifestation de gilets jaunes à Nice.

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Commissaire divisionnaire, Rabah Souchi est jugé devant le tribunal correctionnel de Lyon pour « complicité de violence par une personne dépositaire de l’autorité publique », après les multiples fractures subies par la septuagénaire durant une manifestation interdite. Il lui est notamment reproché d’avoir donné des ordres « inadaptés », conduisant les policiers à charger et à faire chuter la manifestante.

Et c’est finalement après quatre ans d’une longue procédure que la justice va pouvoir reconstituer le déroulement des faits minute par minute, à partir de photos et de vidéos, ainsi que des auditions de toute la chaîne de commandement qui a conduit à ce drame.

« Jurisprudence » ou « hérésie judiciaire »

En mars 2019, les images de la manifestante aux cheveux gris, debout, drapeau arc-en-ciel à la main, puis inanimée au sol, entourée de policiers, avaient suscité une vive émotion. Surtout que dans les heures suivant les blessures de la militante, le procureur de la République avait démenti tout contact entre la victime et les forces de l’ordre. Ce qu’avait également confirmé Emmanuel Macron lors d’un entretien au journal Nice-Matin.

Pour Geneviève Legay, aujourd’hui encore porte-parole départementale d’Attac, l’espoir d’une condamnation faisant « jurisprudence » est particulièrement attendue, tout comme celui d’attirer l’attention sur les violences policières, qu’elles soient en manifestation ou dans les quartiers populaires.

Son de cloche légèrement différent du côté de la défense, où l’avocat du policier dénonce une « hérésie judiciaire » au milieu d’un dossier « vide de sens ». Mais pour la justice, il faudra forcément trancher alors que l’avocat évoque une charge « légale » de la quinzaine de policiers impliqués.

L’occasion de rappeler que le major de la compagnie départementale d’intervention (CDI) qui a bousculé Geneviève Legay n’a pas été renvoyé devant le tribunal, mais seulement convoqué à l’audience lyonnaise sous le statut de témoin assisté.

« Donneur d’ordre »

Dans le dossier, les juges d’instructions qui se sont penchés sur l’affaire ont estimé que seul le commissaire Rabah Souchi portait une responsabilité pénale dans cette charge « illégale », « ni nécessaire, ni proportionnée au regard du but à atteindre : disperser une foule calme composée de manifestants pour certains âgés, de journalistes et de simples badauds ».

D’ailleurs, un rapport de l’IGPN impute au commissaire des « ordres inadaptés à la situation ». Plusieurs témoignages cités par l’AFP avancent qu’une charge policière a bel et bien été demandée, alors que les manifestants ne présentaient pas de danger. Certains gendarmes ont même refusé d’obéir à ces directives, qualifiées de « consignes à l’emporte-pièce » dans un compte rendu rédigé le jour des faits.

Depuis les 20 dernières années, la présence sur le banc des prévenus d’un donneur d’ordre est « inédite » en France. Raison pour laquelle « l’enjeu de ce procès, c’est de fixer une jurisprudence » en matière de poursuites judiciaires contre les donneurs d’ordre a ainsi expliqué l’avocat de la plaignante, Me Arié Alimi.

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