Geneviève de Fontenay était aussi l’ambassadrice d’une vision rétrograde de la féminité

Geneviève de Fontenay est décédée à l’âge de 90 ans.
Geneviève de Fontenay est décédée à l’âge de 90 ans.

DÉCÈS - Iconique dame au chapeau et éternel visage de Miss France, Geneviève de Fontenay n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Un franc-parler parfois au service d’idées en décalage avec son époque. Ce mercredi 2 août, l’ancienne patronne du concours Miss France est décédée à l’âge de quatre-vingt-dix ans.

Si elle a marqué les esprits de plusieurs générations comme l’incarnation du concours de beauté, elle laisse aussi le souvenir d’une femme aux déclarations souvent conservatrices, à rebours des évolutions de la société sur les femmes et la féminité.

L’histoire de Geneviève de Fontenay avec Miss France commence en 1957, lorsqu’elle est élue Miss Élégance - un titre désuet, à l’image des valeurs souvent portées par la dame au chapeau. Elle rencontre alors Louis de Fontenay, son futur mari et le patron du comité Miss France, dont elle prendra elle-même la tête en 1981.

Une vision rétrograde de la femme

Dans son rôle à la tête du comité, Geneviève de Fontenay défend une image traditionnelle et parfois rétrograde de la femme. « Une Miss est le contraire du laisser-aller, du débraillé, de la vulgarité qui me désolent tant, à l’image de ces publicités avec des paires de fesses et une ficelle dedans », s’emportait-elle ainsi.

En 2008, quelques semaines après son élection au titre de Miss France, des photos suggestives de Valérie Bègue sortent dans les revues Entrevue et Choc suscitant la colère de la présidente. La Miss est très vite accusée d’avoir enfreint les règles du concours par Geneviève de Fontenay, qui demande sa démission. La dame au chapeau s’insurge alors : « Pour rien au monde je ne me promènerai dans les provinces et dans les communes avec une fille comme ça. »

Au fil des années, ces prises de positions apparaissent de plus en plus en décalage avec leur temps. Jusqu’à mener au départ de Geneviève de Fontenay du comité Miss France, huit ans après le rachat de la société par Endemol. À l’époque, la dame au chapeau reproche à la boîte de production d’avoir « bafoué l’image de Miss France ». Dès 2011, elle crée son propre concours : Miss Prestige National.

Contre #BalanceTonPorc

Sa séparation houleuse avec le concours ne l’empêche pas de poursuivre ses prises de parole polémiques. En 2013, au sujet de la téléréalité, l’ancienne patronne de Miss France s’emporte : « Nous vivons dans une société tellement perverse ! Quand vous voyez que des Nabilla et autres Zahia font la Une de Paris Match et que des gamines dans certaines écoles rêvent d’être escort girls pour gagner de l’argent, il y a de quoi se poser des questions. » Et d’ajouter : « Les stars maintenant c’est Nabilla avec sa poitrine farcie, c’est Zahia qui sert de dessert à footeux, c’est Rihanna qui est l’égérie de Dior, où on montre ses fesses et seins toute la journée. »

En 2017, en plein mouvement #BalanceTonPorc, elle répond à Télé-Loisirs qui lui demande son opinion : « Quand tu vois des filles qui sont là, dans la rue, avec des jupes au ras des fesses, et le devant à peu près la même chose, bon bah les mecs qui passent, ils disent ’ah, elle est bonne celle-là’. (...) Au festival de Cannes, j’ai vu des filles qui sont venues, elles étaient pratiquement nues sous leur robe transparente. Donc, la femme essaye toujours d’accrocher malgré tout le partenaire éventuel. »

Des propos transphobes

Mais c’est quand elle s’indigne des évolutions que connaît son ancien concours qu’elle est la plus virulente. En 2022, lorsque la productrice de l’émission, Alexia Laroche-Joubert, annonce vouloir faire évoluer les règles du concours et en autoriser l’accès aux mamans, là encore Geneviève de Fontenay ne manque pas de réagir : « Alexia mélange tout ! Dans Miss, il y a mademoiselle, il n’y a pas maman !  »

Quelques semaines avant sa mort, ses déclarations faisaient encore parler d’elles, quand l’ancienne présidente du comité Miss France a été mise en examen pour « injures et incitation à la discrimination transphobes », à la suite d’un communiqué diffusé en décembre 2021 dans lequel elle estimait qu’une Miss France transgenre serait « contre-nature ».

« On se fritait de temps en temps »

Malgré ses sorties de routes et son image controversée, les personnalités proches du concours ont été nombreuses à s’exprimer suite à l’annonce du décès de la dame au chapeau. « On ne peut qu’être triste à l’annonce de la mort de Geneviève. C’était le personnage incontournable de l’élection de Miss France pendant quelques décennies », a réagi sur BFMTV Jean-Pierre Foucault. « Elle avait son petit caractère. On se fritait de temps en temps parce qu’elle n’était pas d’accord sur certaines évolutions qu’on voulait apporter à la télévision…] C’était quelqu’un de populaire qui a tenu haut et fort son poste de patronne de Miss France », a-t-il poursuivi.

Alexia Laroche-Joubert s’est également exprimée sur BFMTV, célébrant l’« indépendance » de Geneviève de Fontenay et affirmant qu’elle avait « permis à toutes ces jeunes femmes d’accéder à un rêve et aux Miss France de faire une carrière. »

Quant à Sylvie Tellier, elle s’est dite « très émue », avant de se souvenir : « Geneviève c’était l’ordre, la rigueur, la maîtrise. Elle souhaitait maîtriser l’intégralité de son concours, c’est vrai. » Pas de rancune donc, pour celle qui a été au fil des années la cible de nombreuses sorties de Geneviève de Fontenay. En 2019, cette dernière se demandait ainsi si Sylvie Tellier n’avait « pas pété un plomb » et l’accusait de l’avoir « poignardée dans le dos » quand elle avait évoqué la possibilité pour des candidates transgenres de participer au concours.

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