Le gazon, cette verte aberration

Désert biologique, non-sens écologique… Entretenue à grand renfort d'engrais et d'arrosage automatique, la pelouse impeccable est un vestige du 20e siècle. Place aux prairies naturelles et aux jachères fleuries !

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°213 daté avril/ juin 2023.

Mis en scène en majesté par Le Nôtre, jardinier de Louis XIV, au 17e siècle, le gazon, symbole de puissance, est devenu celui de la réussite sociale, le faire-valoir de la maison individuelle, voire la preuve d'une moralité sans tache. Un phénomène inséparable du progrès technique, des désherbants sélectifs, des antifongiques et, surtout, des tondeuses, parfois "tracteurs-jouets" pour les sportifs du dimanche.

La SFG, Société française des gazons, estime à 12 millions le nombre de jardins avec pelouse en France, tandis que Semae, l'organisme interprofessionnel des semences, évalue la surface engazonnée à 1,2 million d'hectares, dont 650.000 chez les particuliers. Pourtant la pelouse, objet de prestige et de convoitise, risque de ne pas passer le cap du changement climatique…

Mais d'abord, pelouse ou gazon, de quoi parle-t-on ? Le terme "pelouse" viendrait de l'occitan pelosa, issu du latin pilosus ("poilu"), sans doute en lien avec l'aspect de la prairie tondue en continu. Les premières pelouses ont été probablement les prés communaux du Moyen Âge, sur lesquels les villageois pouvaient laisser paître leur bétail. Quant à "gazon", son origine serait germanique, le francique waso qualifiant une motte de terre recouverte d'herbe. Dans le monde contemporain, le terme désigne toute une liste de variétés inscrites au catalogue officiel des gazons.

Le site choixdugazon.org permet de s'orienter parmi 218 variétés de fétuques élevées, ray-grass anglais, pâturins, etc. En jardinerie, de savants mélanges de graines répondent à différents objectifs d'utilisation : piétinement, hauteur, densité, etc. Des graminées qu'il faut en tout état de cause tondre très souvent pour empêcher leur montée en graine, amender pour satisfaire leur gourmandise en nutriments, et arroser pour densifier le couvert végétal. Une aberration écologique !

Ne plus avoir honte de ne pas tondre devant che[...]

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