Gaza : des frappes visent une école et un hôpital, « il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza », déplore l’ONU

Gaza : des raids israéliens visent une école et un hôpital, « Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza », déplore l’ONU (Photo des housses mortuaires des victimes de la frappe israélienne contre un hôpital de Gaza le 17 octobre 2023
DAWOOD NEMER / AFP Gaza : des raids israéliens visent une école et un hôpital, « Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza », déplore l’ONU (Photo des housses mortuaires des victimes de la frappe israélienne contre un hôpital de Gaza le 17 octobre 2023

INTERNATIONAL - Un hôpital et une école bombardés à Gaza et des centaines de morts. La situation est toujours catastrophique dans la bande de Gaza. Au moins 200 personnes ont été tuées ce mardi 17 octobre dans une frappe sur l’enceinte d’un hôpital de la ville de Gaza, ont annoncé les autorités du Hamas.

Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a accusé Israël d’être à l’origine de cette frappe, que l’armée israélienne a elle imputé à un tir de roquette du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien, onze jours après le début de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël. Le Jihad islamique a démenti et mis lui aussi en cause Israël.

Dans la même journée, au moins six personnes qui s’étaient abritées dans une école gérée par l’agence de l’ONU pour les réfugiés dans la bande de Gaza ont été tuées dans un raid israélien, a indiqué l’Unrwa. L’Unrwa a précisé que des dizaines de personnes avaient également été blessées et que le bilan des victimes était « certainement plus élevé ». Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne a dit vérifier ces informations.

« Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza, même pas les infrastructures de l’ONU », a déploré l’Unrwa. Des événements désastreux qui arrivent à la veille d’une visite en Israël du président américain Joe Biden et au onzième jour de la guerre déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.

Un « mépris flagrant pour la vie des civils »

« C’est scandaleux et cela montre une nouvelle fois le mépris flagrant pour la vie des civils », a estimé l’Unrwa qui gère des écoles, des cliniques et fournit une aide alimentaire. D’après l’agence onusienne, « au moins 4 000 personnes se sont réfugiées dans cette école de l’Unrwa qui est devenue un abri » du fait de la guerre entre le Hamas au pouvoir à Gaza et Israël

Après la frappe sur l’hôpital, le président palestinien Mahmoud Abbas a dénoncé un « massacre », et décrété un deuil national de trois jours.

« Entre 200 et 300 » personnes sont mortes « dans un bombardement ayant touché l’enceinte de l’hôpital Ahli Arab », situé dans le centre-ville, et « des centaines de victimes se trouvent encore dans les décombres », selon un communiqué du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas.

Interrogé sur ces informations, le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari a déclaré « ne pas encore disposer de tous les détails ». « Nous allons regarder. La frappe a eu lieu il y a peu de temps (...) il est difficile d’évaluer immédiatement » la situation, a-t-il dit.

Des milliers de personnes déplacées

Depuis le début de la guerre le 7 octobre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas en Israël, l’armée israélienne bombarde quotidiennement, en riposte, la bande de Gaza, jurant d’éliminer le mouvement palestinien. Ces frappes ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, dont de nombreuses ont trouvé refuge dans des hôpitaux.

L’établissement à Gaza a été touché à la veille de l’arrivée en Israël de Joe Biden, pour manifester sa « solidarité » avec Israël mais aussi négocier un dispositif humanitaire pour la bande de Gaza et tenter de prévenir une escalade régionale.

Dans la bande de Gaza, les frappes israéliennes ont déjà fait plus de 3 000 morts, en majorité des civils, dont des centaines d’enfants, selon les autorités locales.

Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël depuis le début de la guerre, la plupart des civils le jour de l’attaque du Hamas qui a aussi enlevé 199 personnes selon l’armée israélienne.

« Personne n’a pitié de nous »

À Gaza, plus d’un million de Palestiniens, selon l’ONU, ont fui leur foyer. Ces déplacés se pressent par milliers dans les hôpitaux, devenus des camps improvisés, dans l’espoir d’y échapper aux frappes israéliennes.

« Personne n’a pitié de nous », s’indigne Ibrahim Teyssir, réfugié à l’hôpital al-Chifa, le plus grand de la ville de Gaza. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà recensé lundi « 111 infrastructures médicales » visées, « 12 cadres soignants tués et 60 ambulances visées ».

Au moins six personnes réfugiées dans une école de l’ONU ont aussi été tuées mardi dans un raid israélien, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

L’eau et la nourriture manquent aussi pour les 2,4 millions de Gazaouis, privés également d’électricité, après le siège imposé par Israël le 9 octobre au petit territoire palestinien, déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007.

L’aide humanitaire toujours bloquée

Dans le sud de Gaza, où les habitants ont fui par centaines de milliers, suivant un appel à l’évacuation du nord lancé par l’armée israélienne, le point de passage de Rafah, contrôlé par l’Égypte, reste fermé.

L’aide humanitaire qui afflue reste bloquée à cette seule porte de Gaza sur l’extérieur qui ne soit pas contrôlée par Israël.

Premier chef de gouvernement à se rendre en Israël depuis le début de la guerre, le chancelier allemand Olaf Scholz a indiqué avoir évoqué avec Benjamin Netanyahu la possibilité d’un « meilleur accès de l’aide humanitaire » à Gaza.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres sera jeudi au Caire pour discuter notamment de l’acheminement de cette aide avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

500 000 civils israéliens évacués

Alors que l’armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien, et au nord le long de la frontière avec le Liban, près de 500 000 civils israéliens ont aussi été évacués pour les éloigner des zones de combat, selon l’armée.

Israël a aussi annoncé avoir récupéré les corps de 1 500 combattants du Hamas après leur incursion. Le Hamas a annoncé mardi la mort d’un de ses commandants, Ayman Nofal, dans un raid, Israël ayant déjà affirmé en avoir tué quatre dans des frappes.

Selon le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, Joe Biden doit « réaffirmer la solidarité des États-Unis » mercredi en Israël.

Menaces iraniennes

Joe Biden espère « entendre de la part d’Israël comment il mènera ses opérations de manière à minimiser les pertes civiles et à permettre l’acheminement de l’aide humanitaire (...) d’une manière qui ne profite pas au Hamas », a ajouté Antony Blinken.

Joe Biden doit aussi rencontrer le président égyptien, le roi de Jordanie et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Amman.

L’Iran, ennemi d’Israël, a de son côté menacé d’une possible « action préventive » contre ce pays. Si les Israéliens poursuivent leur guerre contre le Hamas, « personne ne pourra arrêter » les « forces de la résistance », a lancé le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, désignant ainsi les alliés régionaux de l’Iran (Syrie, Hamas, Hezbollah libanais entre autres).

L’offensive israélienne commencera au moment « propice »

Les États-Unis ont annoncé mardi que 2 000 soldats américains avaient été placés en alerte pour un éventuel déploiement dans la région.

La tension est vive aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah qui a annoncé que cinq de ses combattants avaient été tués dans le sud du Liban.

En Cisjordanie, un territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, au moins 61 Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, selon les autorités locales.

À Gaza, l’armée israélienne « commencera ses activités militaires renforcées lorsque le moment sera propice », a déclaré mardi son porte-parole, Jonathan Conricus.

Une telle opération s’annonce périlleuse sur ce terrain très densément peuplé, alors que le nord du territoire est truffé de tunnels où le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, cache combattants et armes.

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