Gaza : le patrimoine anéanti

Mosquée ottomane, vestiges d'un port grec, cimetière romain, église byzantine… Le petit territoire palestinien abritait un riche patrimoine archéologique et culturel qui disparaît sous les bombardements de l'armée israélienne en réplique aux attentats du 7 octobre 2023. Quelques archéologues encore sur place témoignent de cette destruction massive.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°925, daté mars 2024.

C'est l'autre tragédie de Gaza : la destruction de son patrimoine historique, archéologique, culturel. Depuis le 7 octobre dernier et les attentats meurtriers commis par le Hamas, la réplique israélienne provoque chaque jour de nouveaux morts, majoritairement des femmes et des enfants. Les maisons, les écoles, les hôpitaux, les bâtiments administratifs sont détruits. Il faut y ajouter une grande partie de l'histoire de Gaza qui disparaît sous les bombardements.

On le sait peu, mais l'enclave palestinienne a un passé très riche, idéalement située entre Asie, Afrique et Europe. Tous les grands empires s'y sont succédé et y ont laissé des traces, et ce depuis les premiers pharaons dès 3500 ans avant notre ère. Elle fut ensuite la capitale des Philistins, ces peuples de la mer qui s'établirent sur la côte méditerranéenne au 12e siècle avant J.-C. Puis, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Byzantins l'occupèrent tour à tour jusqu'à la conquête musulmane en 635. Les Mamelouks la contrôlèrent au 13e siècle, et de 1516 à 1917 elle fut intégrée dans l'Empire ottoman, à l'exception de deux courtes périodes. Elle demeura la plupart du temps une puissante cité commerçante, célèbre pour ses jardins et ses puits.

Aujourd'hui, c'est son passé ottoman qui subit le plus de dommages : les bâtiments emblématiques de la vieille ville sont réduits en tas de pierres : le hammam al-Samara, dernier bain turc de l'enclave, les vieilles demeures si difficilement rénovées, les mosquées anciennes comme la grande mosquée al-Omari, qui témoignait du mélange des religions au Moyen-Orient. Elle fut construite sur les ruines d'une église élevée au 12e siècle, remise à Saladin en 1187 qui la réaménagea en mosquée. Il se peut même qu'elle ait été une synagogue durant l'époque romano-byzantine, des inscriptions en hébreu ayant été trouvées sur un des piliers. Pilonnée le 8 déc[...]

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