Gaza: l'hôpital Al-Shifa évacué par la majorité de ses occupants

Gaza: l'hôpital Al-Shifa évacué par la majorité de ses occupants

Des centaines de personnes ont évacué l'hôpital Al-Shifa de Gaza ce samedi matin, où s'entassaient selon l'ONU au moins 2.300 malades, médecins et déplacés pris au piège par la guerre entre le Hamas et Israël.

Au 43e jour du conflit, ils sont sortis à pied de cet immense complexe, le plus grand hôpital du territoire palestinien situé dans l'ouest de la ville, a indiqué un journaliste de l'AFP sur place. Mais le personnel médical a précisé que 120 malades, dont des bébés prématurés, étaient encore dans l'établissement.

"De nombreux patients ne peuvent pas quitter l'hôpital car ils sont en soins intensifs ou dans des incubateurs", a expliqué sur X le Dr Ahmed el-Mokhallalati, qui va rester "avec cinq autres médecins" auprès de ces patients.

Ces colonnes de déplacés, de personnel médical et de patients - certains blessés et très faibles - ont pris la direction de la route Salaheddine, qui mène vers le sud de Gaza où l'armée israélienne enjoint la population de se réfugier. Aux alentours, les routes sont défoncées, les magasins détruits et des voitures retournées ou écrasées.

Israël dément toute demande d'évacuation

Plus tôt dans la matinée, les soldats israéliens qui mènent pour le quatrième jour consécutif un raid sur l'hôpital avaient ordonné via haut-parleur son évacuation "sous une heure". Un message diffusé en arabe entendu par le journaliste de l'AFP sur place.

Tsahal aurait également appelé le directeur de l'hôpital Mohammed Abou Salmiya pour lui réclamer "l'évacuation des patients, des blessés, des déplacés et des soignants et que tous se rendent à pied vers la corniche" côtière qui borde Al-Shifa, a rapporté ce médecin-chef à l'AFP.

Des allégations qui contredisent la version du porte-parole de l'armée israélienne, Olivier Rafowicz, au micro de BFMTV. "En aucun cas, on a sommé ou demandé à l'hôpital d'évacuer dans l'heure, c'est absolument faux", a-t-il déclaré.

Il affirme que cette évacuation répond à une "demande du directeur de l'hôpital" afin de permettre "à ceux qui veulent partir de le faire sous couvert de la sécurisation de l'armée israélienne dans un couloir humanitaire".

Tsahal, dont les chars encerclent Al-Shifa, fouille le lieu "bâtiment par bâtiment". Il abrite, selon elle, un repaire militaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels souterrains, ce que le mouvement islamiste palestinien réfute.

L'électricité a cessé d'y fonctionner il y a plusieurs jours et ses chefs de service rapportent que plusieurs dizaines de patients sont décédés "parce que les équipements médicaux vitaux ont cessé de fonctionner en raison de la coupure du courant".

Plusieurs morts après une frappe dans la nuit

Les bombardements de représailles sur la bande de Gaza sont incessants depuis que le Hamas a mené le 7 octobre une attaque d'une ampleur et d'une violence inédites sur le sol israélien.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une frappe contre trois immeubles de Khan Younès a encore fait 26 morts et 23 blessés graves, selon le directeur de l'hôpital Nasser de cette ville du sud de la bande de Gaza.

"Je dormais et on a été surpris par la frappe, au moins 20 bombes ont été larguées", a affirmé à l'AFP Imed al-Moubacher, 45 ans. "D'un coup, la maison a pris feu, je me suis retrouvée avec du gravier dans la bouche, j'ai aussitôt cherché mon mari et mes filles", a ajouté son épouse, Sabrine Moussa.

"J'ai vu des restes humains partout, j'ai crié à l'aide", a-t-elle dit, précisant que son frère avait été tué lors d'une frappe sur la maison familiale début novembre.

Article original publié sur BFMTV.com