Gaza : l’aide humanitaire va-t-elle enfin pouvoir parvenir aux habitants ? Journée décisive ce 20 octobre

L’aide humanitaire va-t-elle enfin pouvoir parvenir aux habitants de Gaza, journée décisive ce 20 octobre (Photo du convoi de camions d’aide humanitaire pour la bande de Gaza près de Rafah en Egypte)
KHALED DESOUKI / AFP L’aide humanitaire va-t-elle enfin pouvoir parvenir aux habitants de Gaza, journée décisive ce 20 octobre (Photo du convoi de camions d’aide humanitaire pour la bande de Gaza près de Rafah en Egypte)

INTERNATIONAL - L’aide humanitaire tant attendue par les Palestiniens bloqués dans la bande de Gaza devrait commencer à y entrer ce vendredi 20 octobre, au 13e jour d’une guerre meurtrière entre Israël et le Hamas qui se poursuit en dépit d’une intense activité diplomatique.

La chaîne égyptienne AlQahera News, proche du renseignement égyptien, a affirmé jeudi soir que le point de passage de Rafah, entre l’Égypte et la bande de Gaza, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, ouvrirait vendredi.

Des avions cargo remplis d’aide sont arrivés jeudi à l’aéroport égyptien d’Al-Arich. Au terminal de Rafah, des Égyptiens ont réparé jeudi les dégâts des bombardements israéliens en vue du passage des camions d’aide, selon des témoins. Et des dizaines de personnes se sont rassemblées dans l’espoir de sa réouverture.

« On est prêts avec nos sacs », assure Mohammed, 40 ans, qui travaille pour une institution italienne et attend depuis trois jours avec sa famille de pouvoir partir.

Réparer la route et préparer les stocks

Nourriture, médicaments, purificateurs d’eau, produits d’hygiène, couvertures... Dans le Sinaï égyptien, l’aide humanitaire pour la bande de Gaza a afflué et afflue toujours à l’aéroport, qui a même rouvert une de ses pistes d’atterrissage pour tout pouvoir recevoir. À quelques dizaines de kilomètres plus à l’est, se dresse Rafah, le poste-frontière, l’unique ouverture sur le petit territoire palestinien ravagé par les guerres et la pauvreté qui ne soit pas aux mains d’Israël.

« Nous recevons deux à trois avions d’aide par jour, affrétés par des agences humanitaires ou des États » qui veulent envoyer de la nourriture, de l’eau ou des équipements médicaux aux 2,4 millions de Palestiniens assiégés et bombardés par Israël, affirme à l’AFP Ahmed Ali, responsable du Croissant-Rouge égyptien. Aussitôt déposées sur le tarmac réservé aux militaires, les cargaisons d’aide sont chargées dans des camions.

Mais l’Égypte a réclamé du temps pour pouvoir réparer les routes qui relient son territoire à Gaza. Pendant ce temps-là, les palettes d’aide ont été stockées dans des entrepôts d’Al-Arich. Et dès que le feu vert sera donné, 250 volontaires se tiennent prêts à les transporter à la frontière ce vendredi.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré que 951 tonnes de nourriture étaient en cours d’acheminement ou avaient déjà été livrées à la frontière égyptienne, selon un porte-parole du programme. Cette quantité est suffisante pour nourrir 488 000 personnes pendant une semaine, a-t-il ajouté.

L’OMS appelle à plus de camions, sur la durée

Le président américain, Joe Biden, en visite mercredi en Israël, avait affirmé avoir obtenu du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de « laisser jusqu’à 20 camions traverser », un nombre totalement insuffisant selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les convois d’aide humanitaire, qui doivent se rendre sur cette langue de terre exiguë où vivent 2,4 millions de Palestiniens, sont bloqués depuis des jours à Rafah.

Lors d’une conférence de presse, le directeur du programme des urgences sanitaires à l’OMS, Michael Ryan, a souligné que puisque « deux millions et demi de personnes ont besoin d’aide. 20 camions, c’est une goutte d’eau dans l’océan face aux besoins actuels à Gaza ». « Il ne faut pas 20 camions, mais 2 000 camions », a-t-il insisté, soulignant que les humanitaires demandaient la mise en place d’un véritable couloir humanitaire. « Nous devons nous assurer qu’un couloir est un couloir : l’assistance humanitaire doit être acheminée chaque jour », a-t-il ajouté.

Au Caire, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a plaidé jeudi pour « un accès humanitaire rapide et sans obstacle », appelant à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ». « Il nous faut de la nourriture, de l’eau, du carburant et des médicaments tout de suite », a-t-il ajouté.

Selon l’OMS, « du carburant est également nécessaire pour les générateurs des hôpitaux, les ambulances et les stations de dessalinisation », a-t-il insisté, appelant Israël à autoriser l’entrée de carburant dans Gaza dans le cadre de l’aide humanitaire.

3 785 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza

L’armée israélienne a continué jeudi de pilonner la bande de Gaza, en riposte à l’attaque menée le 7 octobre sur le sol israélien par le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui contrôle ce territoire d’où des roquettes ont été tirées également sur Israël, selon des journalistes de l’AFP.

Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël par les hommes du Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l’attaque, selon les autorités israéliennes. Selon l’armée israélienne, environ 1 500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive.

Le nombre d’otages enlevés par le Hamas a été revu à la hausse à 203 personnes jeudi. Côté palestinien, 3 785 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, dont au moins 1 524 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas qui a également recensé plus de 12 000 blessés. Selon les États-Unis, la frappe sur un hôpital de Gaza a fait entre 100 et 300 morts.

Mobilisation de plusieurs pour éviter l’embrasement régional

Sur le plan diplomatique, plusieurs pays s’activent pour éviter un embrasement régional. En visite jeudi en Israël, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a exprimé son soutien à ce pays mais a appelé à accélérer l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza. Il s’est ensuite rendu en Arabie saoudite, où le prince héritier Mohammed ben Salmane a estimé que le fait de « cibler des civils » à Gaza était un crime « haineux », mettant en garde contre les « répercussions dangereuses » sur la sécurité de la région et au-delà.

Le président égyptien et le roi Abdallah II de Jordanie ont réclamé l’« arrêt immédiat » du conflit et accusé Israël d’infliger à la bande de Gaza une « punition collective » visant à « affamer » les Palestiniens et à les « forcer au déplacement », selon Amman. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a, elle, entamé jeudi une nouvelle tournée au Proche-Orient.

Le Pentagone a annoncé qu’un destroyer américain « opérant dans le nord de la mer Rouge » avait abattu jeudi trois missiles sol-sol et plusieurs drones « se dirigeant potentiellement vers des cibles en Israël » et lancés par les rebelles houthis au Yémen.

La tension reste forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas. L’armée libanaise a accusé Israël d’avoir tué jeudi un membre d’une « équipe de journalistes » qui couvrait des tensions à la frontière. Le 14 octobre, un journaliste de Reuters avait été tué, et six autres blessés de l’AFP, de Reuters et d’Al-Jazeera dans le sud du Liban

Selon le syndicat palestinien des journalistes, seize journalistes palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.

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