Gaza : qui est le Jihad islamique, accusé par Israël d’avoir frappé l’hôpital Al-Ahli

Cette organisation armée palestinienne épaule le Hamas face à Israël depuis des années. Elle est accusée par l’armée israélienne d’être derrière le bombardement d’un hôpital qui a tué des centaines de personnes mardi soir.

Un véhicule endommagé appartenant à l’hôpital Ahli Arab, à Gaza City, à la suite d’un bombardement nocturne, le 18 octobre 2023.
MAHMUD HAMS / AFP Un véhicule endommagé appartenant à l’hôpital Ahli Arab, à Gaza City, à la suite d’un bombardement nocturne, le 18 octobre 2023.

INTERNATIONAL - C’est un acteur qui revient au premier plan dans le conflit israélo-palestinien ce mercredi 18 octobre. Alors qu’il opposait en grande partie le Hamas à l’armée israélienne depuis le 8 octobre, le Jihad islamique palestinien (JIP, plus communément appelé Jihad islamique) est au centre des accusations depuis le bombardement d’un hôpital de Gaza City qui a fait des centaines de morts mardi soir.

L’armée israélienne affirme en effet ce mercredi avoir « des preuves » de la responsabilité du Jihad islamique dans ce bombardement qui indigne dans le monde entier. « Les preuves, que nous partageons avec vous tous, confirment que l’explosion dans un hôpital de Gaza a été causée par le tir d’une roquette du Jihad islamique ayant échoué », a affirmé le porte-parole militaire Daniel Hagari lors d’une conférence de presse. « Cette analyse professionnelle est basée sur des renseignements, des systèmes opérationnels et des images aériennes, qui ont tous été recoupés ».

Dans un premier temps, le Hamas avait lui pointé du doigt l’armée israélienne. De son côté, le Jihad islamique a démenti et mis lui aussi en cause Israël. « Comme d’habitude, l’ennemi sioniste tente, par la fabrication de mensonges, de se soustraire à sa responsabilité dans le massacre brutal qu’il a commis en bombardant l’hôpital et pointant le doigt vers le Jihad islamique », a déclaré dans un communiqué le mouvement palestinien. « Nous affirmons que ces accusations sont fausses et sans fondement », a-t-il ajouté.

Selon l’organisation, l’hôpital avait été sommé par Israël d’évacuer sous la menace d’un bombardement, et c’est une bombe larguée par un avion de l’armée israélienne qui a causé la tragédie.

L’Iran en soutien, des liens avec le Hezbollah

Si le Jihad islamique épaule le Hamas dans la guerre face à Israël, il faut bien faire la différence entre les deux organisations.

Fondé à la fin des années 70 par Fathi Shiqaqi, un Palestinien au départ proche de l’organisation des Frères musulmans, le Jihad islamique se définit comme une « organisation nationaliste islamique et un mouvement de libération » présente dans la bande de Gaza. Elle est largement soutenue par l’Iran et possède des liens avec le Hezbollah.

À la base, elle est composée d’anciens membres des Frères musulmans et d’une formation appartenant au Fatah (le parti du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, NDLR). Le Jihad islamique « prône l’établissement d’un islam palestinien à la fois patriotique et révolutionnaire », selon la politologue Leïla Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques (CAREP), dans une interview au Monde publiée en 2022.

Placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis (depuis 1997), de l’Union européenne du Royaume-Uni ou d’Israël, entre autres, cette organisation est plus petite que le Hamas. Elle est dirigée par Ziad Al-Nakhala, aujourd’hui en exil au Liban.

« L’hybridité idéologique du mouvement, à la fois sunnite et fortement inspiré par le chiisme, l’amène à se démarquer aussi bien du Fatah que du Hamas, affichant sa neutralité et œuvrant autant que possible pour l’unification des rangs palestiniens », éclaire encore Leïla Seurat dans Le Monde.

Politiquement, elle ne brigue pas le pouvoir comme le Hamas, qui administre seul la bande de Gaza depuis 2007. Le Jihad islamique, qui s’oppose de manière violente à l’occupation des Territoires palestiniens, n’agit qu’à travers l’emploi des armes. Il a notamment recours aux attentats suicides, comme celui de mars 1996 à Tel-Aviv en Israël, qui avait fait 13 morts et 75 blessés, rappelle francetvinfo.fr.

En Cisjordanie, c’est lui qui dirige la lutte armée depuis 2021, qui prennent la forme d’attentats isolés de la part de jeunes et « loups solitaires ». « À bien des égards, il incarne aujourd’hui la résistance palestinienne, ses impasses et son désespoir », écrit Le Monde.

Une branche armée, les Brigades al-Qods

Sa branche armée, les Brigades al-Qods, a été créée en 1992. Il faut différencier ces brigades des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas.

Lors des attaques initiales du Hamas en Israël le 7 octobre, dans lesquelles plus de 1 300 personnes sont mortes, les Brigades al-Qods ont aussi participé aux côtés du Hamas aux massacres perpétrés dans les kibboutz et lors d’une rave party particulièrement meurtrière. Comme le Hamas, elles ont aussi déclaré détenir en otages « de nombreux soldats » israéliens.

Le 9 octobre, c’est encore le Jihad islamique qui avait revendiqué l’infiltration à partir du Liban de combattants à la frontière avec Israël.

Si l’on revient plus tôt dans l’année, en mai, Israël avait lancé une offensive contre le Jihad islamique dans la bande de Gaza. Cette guerre éclair de cinq jours avait coûté la vie à 34 Palestiniens et une Israélienne.

Le Jihad islamique, qui a mené seul les combats en première ligne, était alors sorti « immensément populaire » de ces affrontements à Gaza, selon Le Monde. Le Hamas avait simplement soutenu son allié au sein d’une salle de commandement commune, mais sans tirer la moindre roquette.

Le 4 octobre, quelques jours avant la reprise du conflit israélo-palestinien, le Jihad islamique avait célébré son 36e anniversaire en exhibant des missiles, roquettes et drones lors d’un défilé ayant réuni plusieurs milliers de ses combattants à Gaza City.

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