Gaza: le Hamas affirme que la guerre avec Israël a fait plus de 30.000 morts

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé jeudi 29 février que le nombre de morts dans la bande de Gaza était de "plus de 30.000" depuis le début du conflit avec Israël déclenché le 7 octobre.

"Le nombre de martyrs (tués, NDLR) est de plus de 30.000", a indiqué le ministère dans un communiqué, en faisant état d'au moins 79 nouvelles morts dans des frappes israéliennes nocturnes.

Ce bilan est communiqué alors que les principaux médiateurs dans la guerre, les Etats-Unis et le Qatar, disent espérer obtenir une trêve permettant la libération d'otages détenus à Gaza avant le début du ramadan, le mois de jeûne sacré musulman qui commence autour du 11 mars.

La guerre, qui a transformé le territoire palestinien en "zone de mort" selon l'ONU, est déjà, et de très loin, la plus meurtrière des cinq conflits ayant opposé Israël au Hamas depuis que ce dernier a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Ce jeudi, l'hôpital al-Chifa a fait état d'au moins 50 morts supplémentaires et 120 blessés après des tirs israéliens en direction de Palestiniens se ruant sur des camions d'aide humanitaire dans le nord du territoire. Le ministère de la Santé du Hamas parle de son côté d'au moins 70 morts et 280 blessés dans ces tirs.

1,7 million de déplacés

Au quotidien, les civils paient le prix le plus lourd des combats et des bombardements qui n'ont épargné aucune zone, ont dévasté des quartiers entiers et forcé 1,7 million de Palestiniens sur les 2,4 millions d'habitants à fuir leurs foyers.

"Pour moi, il s'agit d'un génocide. Qui bombarde une tour sur des résidents, notamment des civils, des enfants et des femmes?", a témoigné Jihad Salha, un Palestinien déplacé que l'AFP a rencontré dans un camp de fortune à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a causé la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Durant l'attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens lors d'une trêve fin novembre.

"La famine se profile"

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas qu'il considère, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, comme une organisation terroriste. Jeudi, la Nouvelle-Zélande, l'un des derniers pays occidentaux à ne pas l'avoir fait, a annoncé qu'elle désignerait désormais elle aussi "l'intégralité du Hamas", c'est-à-dire y compris la branche politique, comme "entité terroriste".

Après avoir mené une campagne de bombardements par terre, mer et air, l'armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire en progressant vers le sud. Depuis, elle a perdu 242 soldats.

Dans le territoire assiégé depuis le 9 octobre par Israël, 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine selon l'ONU, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l'acheminement de l'aide.

L'ONU a aussi dénoncé des entraves imposées par Israël qui contrôle l'entrée des aides en provenance d'Egypte. D'après l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), les besoins humanitaires sont "illimités".

"La famine se profile. Les hôpitaux se sont transformés en champs de bataille. Un million d'enfants font face à un traumatisme quotidien", a-t-elle souligné.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, sept enfants sont morts "de déshydratation et de malnutrition" à l'hôpital Al-Chifa de Gaza-ville (nord), et sept autres à l'hôpital Kamal Adwan, également dans le nord.

Une prochaise offensive à Rafah?

La communauté internationale s'inquiète aussi d'une prochaine offensive terrestre israélienne sur Rafah, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens, selon l'ONU, la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée de l'Egypte.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vouloir y vaincre le Hamas dans son "dernier bastion". Il a affirmé qu'une trêve ne ferait que "retarder" une telle offensive tout en assurant que les civils seraient évacués hors des zones de combat.

Cible de bombardements israéliens quotidiens, Rafah, qui comptait 270.000 habitants avant la guerre, est le principal point d'entrée de l'aide à Gaza, qui arrive en quantité très limitée.

L'Agence américaine pour le développement international (USAID) affirme discuter avec les responsables palestiniens de l'ouverture de "beaucoup plus de points de passage". "C'est une question de vie ou de mort", a dit son administratrice, Samantha Power, sur le réseau social X.

Une trêve avant le ramadan?

Face à cette guerre dévastatrice, le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte tentent d'arracher un accord de trêve portant sur une pause des combats de six semaines, durant laquelle un otage, parmi des femmes, mineurs et personnes âgées malades, serait échangé chaque jour contre dix Palestiniens détenus par Israël, selon une source du Hamas.

Lundi, le président américain Joe Biden a évoqué "un accord des Israéliens selon lequel ils ne s'engageraient pas dans des opérations durant le ramadan" afin de "faire sortir tous les otages". "J'ai espoir que d'ici lundi prochain, nous aurons un cessez-le-feu", a-t-il dit, tout en soulignant que ce n'était "pas encore fait".

Réclamant de leur gouvernement un accord pour libérer les otages, quelque 150 Israéliens ont lancé une marche de quatre jours depuis Reim dans le sud d'Israël jusqu'à Jérusalem. "Il n'y aura pas de victoire si nos citoyens restent en captivité", a affirmé à l'AFP l'un d'entre eux, Niv Cohen, survivant des attaques du 7 octobre.

Sur le plan diplomatique, des représentants de factions palestiniennes, y compris les mouvements rivaux du Hamas et du Fatah, se trouvent ce jeudi à Moscou pour des entretiens avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Article original publié sur BFMTV.com