Gaza : à partir de quand parle-t-on de famine ?

L’ensemble de la population de Gaza subit une "situation d’insécurité alimentaire grave", a alerté le secrétaire d’État américain Antony Blinken, citant des données de l’ONU.

Une distribution de nourriture dans le Sud de la bande de Gaza, le 19 février 2024 (Photo MOHAMMED ABED / AFP)
Une distribution de nourriture dans le Sud de la bande de Gaza, le 19 février 2024 (Photo MOHAMMED ABED / AFP)

Semaine après semaine, la situation à Gaza ne cesse d'inquiéter les autorités. Début mars, un convoi du programme alimentaire mondial a été pillé par "une foule désespérée" à l'entrée de l'enclave. Face à l'urgence de la situation, des largages de nourriture ont même été réalisés.

Fin février, Carl Skau, directeur exécutif-adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré au Conseil de sécurité des Nations unies qu’une famine était imminente dans le nord de la bande de Gaza si rien ne changeait. L’ONU estime que 2,2 millions de personnes, soit la grande majorité de la population de l’enclave, sont au bord de la famine, en particulier dans le nord.

Des critères pour qualifier une famine

Pour qualifier une situation de famine, des critères très précis doivent être réunis. Depuis 2004, il existe une échelle de classification intégrée des phases de sécurité alimentaire (IPC), qui permet de définir précisément une situation dans un territoire, selon des critères précis. Toutefois, tous les pays ne participent pas à la remontée des critères.

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La part de foyers confrontés à un manque extrême de nourriture ; le pourcentage d'enfants souffrant de malnutrition aiguë ; et le nombre d'habitants sur 10 000 ou d'enfants de moins de cinq ans sur 10 000 à mourir chaque jour d’inanition pure et simple ou en raison d’une interaction de la malnutrition et de la maladie.

670 000 Gazaouis touchés par la famine

La famine est le cinquième et dernier stade de cette échelle, caractérisé par une "privation extrême de nourriture". Pour atteindre ce stade, il faut que 20 % des ménages d’une région soient confrontés à une extrême pénurie de nourriture, que 30 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë et que deux adultes sur 10 000 meurent quotidiennement "en raison directement de la faim ou de l’interaction de la malnutrition et de la maladie".

Une situation qui n'est pas loin d'être atteinte dans la bande de Gaza. À la mi-mars, 30% de la population gazaouie, soit 670 000 personnes, est en "famine", selon les Nations unies. Une situation particulièrement problématique dans le Nord de la bande de Gaza, où dans les deux districts, 55% de la population serait en situation de famine, soit 165 000 personnes. Selon une projection des Nations unies, 1,1 million de personnes pourraient être en situation de famine d'ici au 15 juillet dans la bande de Gaza.

En 2022, sept pays touchés par la famine

Une situation de famine qui touche actuellement 35 000 personnes au Sud Soudan. En 2022, la famine a touché sept pays en situation de conflit prolongé ou d’insécurité : la Somalie, l’Afghanistan, Haïti, le Burkina Faso, le Soudan du Sud, le Nigéria et le Yémen.

Le stade en dessous de la famine, le stade 4, est celui de l'urgence alimentaire. 39% des habitants de Gaza sont dans cette situation, soit 876 000 personnes. Une situation qui touche 2,4 millions de personnes en Afghanistan, 1,67 million de personnes au Sud Soudan, 1,4 million en Haïti ou encore 350 690 en République centrafricaine.

Un indice de la faim dans le monde

Le stade 3, la "crise" alimentaire, concerte 578 000 personnes dans la bande de Gaza, soit 26% de la population. Une situation qui touche de nombreux pays d'Afrique et d'Asie dont 10 millions de personnes en Afghanistan ou encore 566 000 personnes en Namibie, soit un cinquième de la population. La phase 2 désigne une phase de stress alimentaire, et la phase 1 une situation "minimale".

Au niveau international, il existe un indice de la faim dans le monde, basé sur quatre critères : la part de la population qui est sous-alimentée, la proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance, la proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’émaciation et le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans.

Aucun pays n'est dans la situation qualifiée d'extrêmement alarmante, neuf pays sont dans une situation qualifiée d'alarmante : le Yémen, la Somalie, Madagascar, le Burundi, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo, le Lesotho, le Niger et la République centrafricaine. Un classement dans lequel les territoires palestiniens ne figurent pas en raison d'un manque de données.