Gabriel Attal, premier locataire de Matignon qui a ouvertement parlé de son homosexualité
Tout un symbole, alors que Gabriel Attal vient d'être nommé Premier ministre ce mardi 9 janvier. Si des membres du gouvernement ont fait leur coming out ces derniers mois de Sarah El Haïry à Olivier Dussopt, c'est pour la première fois dans l'histoire de la Ve République qu'un Premier ministre est pacsé à un homme.
C'est le magazine L'Obs qui parle pour la première fois de son homosexualité, deux mois après l'arrivée de Gabriel Attal au secrétariat d'État à l'Éducation nationale, assurant que le ministre "parle sans tabou de son homosexualité" en 2019. Mais c'est dans Libération que Gabriel Attal en parle pour la première fois quelques mois plus tard.
La violence des réseaux sociaux
Il y évoque notamment la question de GPA (gestation pour autrui) "éthique" à laquelle il se dit favorable en cas de légalisation en France, contrairement à Emmanuel Macron qui y reste farouchement opposé.
Gabriel Attal pose également la limite de ne pas vouloir s'exprimer à la place de l'eurodéputé Stéphane Séjourné, depuis devenu patron de Renaissance, avec qui il s'est pacsé en 2017.
"Sur les réseaux sociaux, on se prend des seaux de vomi sur la tronche toute la journée… Mais malgré cela, je n'ai aucun problème à me lever le matin et à me dire 'j'y vais !'. Et je suis content d'y aller", explique-t-il alors auprès du quotidien.
Dans cette interview, il revient également sur Crépuscule, un livre de Juan Branco. Cet avocat est un ancien camarade d'école de Gabriel Attal. Dans cet ouvrage, celui qui a fréquenté l'École alsacienne au même moment que lui, évoque l'homosexualité du ministre et revient sur un épisode de sa vie privée.
Un coming out à l'hôpital
Alors que son père est hospitalisé pour un cancer fulgurant en 2015, Gabriel Attal qui travaille alors au cabinet de Marisol Touraine, en charge de la Santé sous François Hollande, lui annonce avoir une relation amoureuse avec un homme.
"Il m’a répondu: 'C’est maintenant que tu me le dis? J’avais bien compris. J’espère que je serai sorti avant la fin de la semaine. Comme ça tu pourras l’inviter au brunch dimanche'".
Son père meurt quelques jours plus tard, sans rencontrer son compagnon.
"Dire (dans ce livre) des saloperies sur mon père, dire que j’étais soulagé de sa mort pour vivre mon homosexualité, c’est…", déplore alors le jeune politique auprès de Libération.
"Une forme d'incursion dans mon intimité"
Quatre ans plus tard, après sa nomination comme ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal est revenu sur le sujet lors d'une interview sur TF1 sur la lutte contre le harcèlement scolaire dont il a fait sa priorité.
"Je n'en avais jamais parlé publiquement, je n'avais pas non plus l'intention de le cacher mais je souhaitais en parler au moment où je le voulais, de la manière où je le voulais (...) Il y avait une forme d'incursion dans mon intimité" lors de la publication de ce livre, regrette Gabriel Attal.
Ce même ancien élève Juan Branco, avait créé un Skyblog pour s'en prendre à Gabriel Attal.
"Les commentaires qui étaient postés, c'était 'pédale', 'tafiole', 'tarlouze'. Je pense que c'était sur une orientation sexuelle supposée à l'époque. Moi, je n'en parlais pas autour de moi", a expliqué le ministre qui a eu "le sentiment qu'on a personne à qui en parler".
Stéphane Séjourné n'a de son côté jamais souhaité évoqué publiquement cette relation.
"Nous nous réjouissons du fait qu’être homosexuel ou gay aujourd’hui ne soit plus un obstacle à l’exercice de fonctions de premier rang. La société progresse et cette visibilité va dans le bon sens", s'est félicitée de son côté SOS homophobie.
L'association de lutte contre les LGBTphobies exige maintenant "des actes" et réclame "des actions concrètes pour l'égalité des droits".