Gérard Depardieu : une radiation définitive de la Légion d’honneur, est-ce fréquent ?

Gérard Depardieu lors du Salon du livre de Paris 2018 au Parc des Expositions Porte de Versailles.
Eric Fougere - Corbis / Corbis via Getty Images Gérard Depardieu lors du Salon du livre de Paris 2018 au Parc des Expositions Porte de Versailles.

POLITIQUE - C’est ce qu’on pourrait appeler le revers de la médaille. Si, comme l’explique l’institution, la Légion d’Honneur « réunit des personnalités célèbres et des citoyens inconnus du grand public autour du mérite personnel au service de la nation » et « illustre l’esprit civique français, le sens de l’intérêt commun », apparaître dans le camp de ceux qui l’ont perdu revient à rejoindre une équipe de damnés beaucoup moins reluisante.

C’est, manifestement, ce qui tend les bras à l’acteur Gérard Depardieu. L’acteur visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle a fait savoir qu’il était prêt à rendre sa décoration, après l’annonce par la ministre de la Culture d’une procédure disciplinaire pouvant aboutir au retrait de cette distinction.

Même s’il prend les devants, Gérard Depardieu est donc tout proche de compléter la liste de ceux qui ont perdu leur rosette. Parmi eux, le dictateur syrien Bachar al-Assad, l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant, Isabelle Balkany, Lance Armstrong ou encore Philippe Pétain et Maurice Papon. Mais, alors, pourquoi et comment ces personnalités peuvent-elles perdre leur distinction ?

Sarkozy, prochain sur la liste ?

Sur son site, la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur rappelle que les décorés disposent de droits, mais aussi de devoirs. « Le sentiment d’appartenance à un ordre, qui oblige ses membres à certaines règles de bonne conduite et de savoir-vivre, est un engagement tacite auquel tout décoré doit se soumettre », explique l’institution, précisant qu’il existe trois types de sanctions : le blâme, la suspension (« dont la durée varie selon la gravité de la faute ») et l’exclusion de l’ordre. Celle-ci « est automatique en cas de condamnation par les tribunaux pour crime ou peine supérieure à un an de prison ferme ».

Voilà pourquoi l’ancien PDG du groupe Elf, Loïk Le Floch-Prigent, a été radié après sa condamnation pour détournement de fonds en 2003 ou que Claude Guéant, condamné en 2017 dans l’affaire des primes de cabinet à deux ans de prison, figure également parmi les déchus. Une situation que Nicolas Sarkozy a également des chances de vivre, puisqu’il a été condamné à trois ans de prison dans l’affaire des écoutes. Le sort de sa légion d’Honneur dépendra de ce qu’en dira la Cour de cassation, devant laquelle s’est pourvue la défense de l’ancien chef de l’État dans l’affaire des écoutes, ou du verdict de la Cour d’appel dans l’affaire Bygmalion.

Pour les décorés étrangers, à l’instar de Harvey Weinstein, « la sanction consiste en une mesure de retrait de la décoration prise par décret » par le président de la République, lui-même « grand maître de l’ordre national de la Légion d’honneur ».

En réalité, ils sont assez peu nombreux à avoir perdu la distinction depuis la création de l’ordre en 1802. Sans compter une éventuelle perte pour Gérard Depardieu, seulement une trentaine de personnalités publiques ont perdu définitivement leur décoration. Ce qui est très peu au regard des 79 000 membres de l’ordre, qui honore en moyenne chaque année 2 200 Français et 300 étrangers.

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