Pour le général de Villiers, "les armées françaises n'ont pas les moyens d'une guerre de haute intensité"

L'ancien chef d'état-major des armées estime que le budget de la défense est insuffisant. "Il faut beaucoup plus, et de manière urgente", déclare-t-il dans une interview au Parisien.

Cinq ans après, son opinion n'a pas changé. Le général Pierre de Villiers estime toujours que le budget de la défense est insuffisament doté. Ce désaccord l'avait poussé à quitter son poste de chef d'état-major des armées (CEMA) au début du quinquennat d'Emmanuel Macron en 2017.

A la veille de la publication de son ouvrage "Paroles d'honneur" - son quatrième livre en cinq ans - Pierre de Villiers réaffirme sa position. "Les armées françaises n'ont pas aujourd'hui les moyens d'une guerre de haute intensité", déclare-t-il dans Le Parisien. Selon lui, la situation en "Ukraine doit nous forcer à une réadaptation de notre modèle".

"Il faut l’adapter non pas à ce que nous faisons depuis des dizaines d’années, des opérations de guerre, mais à gagner une guerre. Il faut compter avec sa durabilité, donc être capable de tenir, et avec la dureté de la guerre."

Celui qui est, par ailleurs, frère du souverainiste Philippe de Villiers note "avec satisfaction", des augmentations dans le budget de la Défense de "1,7 milliards d'euros par an depuis 2017" et "même 3 milliards d'euros pour 2023". Mais, pour l'ex CEMA, "il va falloir aller bien au-delà".

"Beaucoup plus, et de manière urgente"

D'après Pierre de Villiers, "il faut poursuivre la modernisation de nos forces", revoir "tout l'aspect logistique" et accélérer "la montée en puissance de notre appareil industriel".

"Comment se fait-il que depuis le 24 février (date de l’invasion russe de l’Ukraine), on n’en soit toujours qu’aux travaux préparatoires de la prochaine Loi de programmation militaire?", interroge-t-il.

"J'attends la réponse à cet accroissement des crédits, à ce besoin de vision. Ça ne va pas assez vite", insiste-t-il. Pour lui, "il faut beaucoup plus et de manière urgente". Pierre de Villiers précise cependant qu'il faut d'abord "partir du modèle d’armée que l’on veut, et ensuite" aborder la question du financement.

Emmanuel Macron doit tenir un discours sur la Défense ce mercredi à Toulon. Il dévoilera à cette occasion la Revue nationale stratégique, base de la prochaine loi de programmation militaire pour les années 2024-2030.

Article original publié sur BFMTV.com

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