Fusillade de Paris : Macron dénonce une « attaque odieuse contre les Kurdes », la gauche cible l’extrême-droite

French Interior Minister Gerald Darmanin (C) arrives at the site where several shots were fired along rue d'Enghien in the 10th arrondissement, in Paris on December 23, 2022. - Three people were killed and three injured in a shooting along rue d'Enghien in central Paris on December 23, 2022, police and prosecutors said, adding that the shooter, in his 60s, had been arrested. (Photo by Thomas SAMSON / AFP)

POLITIQUE - Un mobile raciste, et plus particulièrement anti-kurde, est-il à l’origine de la fusillade qui a coûté la vie à au moins trois personnes ce 23 décembre à Paris ? Quelques heures après le drame, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est montré prudent, tandis que très nombreux élus de gauche y ont vu la marque de l’extrême droite.

Le tireur, un Français retraité âgé de 69 ans, « a voulu manifestement s’en prendre à des étrangers », a déclaré Gérald Darmanin depuis le 10e arrondissement, dans une conférence de presse organisée dans l’après-midi - et qui a par la suite dégénéré en des affrontements violents entre manifestants kurdes et la police.

Toutefois, « il n’est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes l’ait fait spécifiquement pour les Kurdes. (...) Pour l’instant aucun élément ne permet de le savoir », a ajouté le Ministre de l’Intérieur. Mais en début de soirée et après la prise de parole de son ministre, le président Emmanuel Macron a laissé peu de place aux doutes : « Les Kurdes de France ont été la cible d’une odieuse attaque au cœur de Paris, a-t-il écrit sur Twitter. Pensées aux victimes, aux personnes qui luttent pour vivre, à leurs familles et proches. »

Même sans confirmation policière, le lieu du drame, à proximité d’un centre culturel kurde et dans un quartier prisé de cette communauté, a incité des responsables politiques de tous bords, y compris au sein du gouvernement, à dénoncer un acte raciste.

« La haine xénophobe et raciste n’aura jamais sa place dans notre République », a ainsi tweeté la Ministre déléguée à l’égalité femmes hommes Isabelle Rome, tandis que son collègue aux Transports Clément Beaune disait « tout son soutien à la communauté kurde ».

« L’extrême droite raciste » mise en cause

À gauche, les messages de soutien aux Kurdes se sont aussi doublés d’une accusation ferme contre l’extrême droite. « L’extrême droite raciste doit être neutralisée », écrit la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, tandis que sa collègue Clémentine Autain interroge : « L’extrême droite semble avoir encore frappé. Quand le sommet de l’État prendra-t-il au sérieux cette menace terroriste ? »

« Il y a un an, il s’en était pris aux migrants. Aujourd’hui le criminel s’est attaqué aux Kurdes. Ce qui s’est passé à Paris 10e doit réveiller chacun d’entre nous sur le danger que représente l’extrême droite. Donner une légitimité au racisme, c’est armer les identitaires », alerte le Premier secrétaire du PS Olivier Faure tandis que la maire de Paris Anne Hidalgo n’hésite pas à parler de « militant d’extrême droite ».

Ceci alors que l’implication de l’extrême droite n’est pas confirmée à ce stade, a réaffirmé Gérald Darmanin. Le tireur n’était « pas fiché comme quelqu’un d’ultradroite ou un extrémiste participant à des réunions dans des organisations que nous avons dissoutes », a indiqué le ministre. Au vu du « mode opératoire », il a cependant assuré que l’enquête s’attacherait à faire toute la lumière sur ce point.

« Il n’est pas certain que cette personne ait un engagement politique quel qu’il soit », a-t-il ajouté, alors que des rumeurs d’attaque « politique » venant de la Turquie étaient relayées par la communauté kurde. Parmi les victimes, « il n’y avait pas de personnes, à ma connaissance, particulièrement signalées et connues des services français », a aussi indiqué Gérald Darmanin, interrogé par la presse sur leur éventuelle appartenance au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation qualifiée de terroriste par l’Union européenne et dans le viseur d’Ankarra.

La libération du tireur interpelle

À droite et à l’extrême droite, les responsables politiques ont de leur côté principalement rendu hommage aux trois morts et autres blessés pendant l’attaque, s’indignant pour certains de la remise en liberté du tireur. « Comment un tel récidiviste de tentatives d’homicides racistes a-t-il pu être remis en liberté ’dans l’attente de son procès’ ? » réagissait le maire LR de Cannes David Lisnard, sur la même ligne, se posant la même question que le chef des sénateurs du parti Bruno Retailleau.

Marine Le Pen, qui disait sa « stupeur et son émotion après la fusillade » s’est fait reprendre de volée par Fabien Roussel. « Il ne s’agit pas d’une fusillade mais d’un meurtre raciste », lui a répondu le secrétaire national du Parti communiste. « Et d’un possible attentat de la part d’un homme, abreuvé par les discours de haine, qui attaquait au sabre des réfugiés soudanais il y a 11 mois », a-t-il poursuivi.

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