La fusée Ariane 6 enfin parée au décollage

Sous pression de la concurrence de SpaceX, l'Europe tente de reprendre la main avec ce lanceur lourd qui doit réaliser son vol inaugural dans quelques semaines. Retour sur les défis technologiques de la conception du successeur d'Ariane 5.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°928, daté juin 2024.

Une nouvelle page de l'histoire spatiale européenne devrait s'écrire dans les prochaines semaines : le lanceur Ariane 6 va en effet réaliser son vol inaugural dans une fenêtre de tir qui s'étend de mi-juin à fin juillet. Pour cette première mission initialement prévue en 2020, la fusée de 62 mètres de haut devra mettre en orbite un ensemble de satellites de démonstration et faire montre de capacités de manœuvre inédites en orbite.

Le premier vol d'Ariane 6 est très attendu : l'Europe ne dispose plus de lanceur depuis le dernier vol d'Ariane 5, en juillet 2023, et l'échec du premier vol commercial de la nouvelle fusée italienne Vega-C en 2022. Ariane 6 devra ainsi remplir les missions effectuées précédemment par le lanceur lourd Ariane 5 et par Soyouz, une fusée russe de moyenne puissance lancée depuis Kourou entre 2014 et 2022, date de la rupture diplomatique avec Moscou.

Au tournant des années 2010, l'américain SpaceX a changé la donne

Pendant vingt-sept ans, Ariane 5 s'est avérée être l'une des fusées les plus fiables du marché commercial, qu'elle a longtemps dominé. Mais au tournant des années 2010, l'américain SpaceX a changé la donne avec son Falcon 9 réutilisable. Il a alors instauré une âpre concurrence, en proposant notamment des prix de lancement inférieurs à ceux d'Arianespace, la société chargée de la commercialisation des lanceurs européens. Outre l'avantage acquis à partir de 2017 par la réutilisation de ses lanceurs, SpaceX a réduit ses coûts en fabriquant en interne la majorité des composants et en automatisant certaines étapes de sa chaîne de production. Une forme d'industrialisation, quand la fabrication d'Ariane 5 tenait plus de l'orfèvrerie.

Alarmés, les Européens lancent dès 2012 les premières études pour définir l'après-Ariane 5, avec pour objectif de diminuer les coûts d'au moins 40 %. Et en 2014, décision est prise de développer Ariane 6, qui se décline[...]

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