Frontex estime que le nombre d'entrées irrégulières en Europe est au plus haut depuis 2016

Frontex estime que le nombre d'entrées irrégulières en Europe est au plus haut depuis 2016

Au cours des dix premiers mois de l'année 2022, "275.500 entrées irrégulières ont été détectées aux frontières extérieures de l'Union européenne, selon les calculs préliminaires des analystes de Frontex", a rapporté l'agence européenne chargée de la gestion des frontières extérieures de l'espace Schengen et de l'UE dans un communiqué publié ce lundi.

Il s'agit d'une augmentation de 73% par rapport à la même période en 2021 et du chiffre "le plus élevé depuis 2016", note Frontex. La "route des Balkans", qui passe notamment par la Bulgarie, la Serbie, l'Albanie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine, a été la plus empruntée.

L'agence attribue le nombre élevé de passages aux "tentatives répétées de franchissement de la frontière par des migrants déjà présents dans les Balkans occidentaux, mais aussi à des personnes abusant de l'accès sans visa à la région".

"Certains migrants utilisent l'accès sans visa pour passer par l'aéroport de Belgrade et se diriger ensuite par voie terrestre vers les frontières extérieures de l'UE", poursuit Frontex.

La Méditerranée, deuxième route la plus utilisée

La Méditerranée "centrale", que Frontex situe entre la Sardaigne et la Sicile, a été la deuxième route la plus utilisée. La Méditerranée est au cœur des discussions politiques depuis plusieurs jours, après l'arrivée en France de l'Ocean Viking. La situation de ce navire humanitaire de l'ONG SOS Méditerranée a provoqué une crise diplomatique entre Paris et Rome la semaine dernière, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni refusant d'accueillir les 230 migrants qui erraient depuis plusieurs semaines en mer.

Ces migrants ont finalement été débarqués à Toulon et placés dans une "zone d'attente internationale, décriée par des associations pour la "privation de liberté" qu'elle engendre.

Un accord entre la France et le Royaume-Uni

La Manche, route empruntée selon Frontex par plus de 60.000 migrants irréguliers depuis le début de l'année - un chiffre comprenant les tentatives et les traversées effectives - a fait l'objet ce lundi d'un accord de coopération entre la France et le Royaume-Uni.

Sont prévus dans l'accord une enveloppe de 72,2 millions d'euros que devront verser les Britanniques en 2022-2023 à la France pour augmenter de 800 à 900 le nombre de policiers et gendarmes sur les plages françaises d'où partent les migrants et le financement par Londres de places dans des centres d'accueil pour migrants dans le sud de la France pour dissuader les exilés qui empruntent la Méditerranée de remonter jusqu'à Calais.

Nouveaux drones de surveillance, chiens de détection, renseignement commun approfondi pour arrêter les passeurs (55 filières démantelées depuis 2020) et travail "le plus en amont possible" avec les pays d'origine et de transit des exilés, font partie de la douzaine d'actions listées dans l'accord.

Plus de 900 personnes mortes ou disparues en Europe

Cet accord est signé près d'un an après la mort de 27 migrants, le 24 novembre 2021, lors du naufrage de leur bateau au large de Calais, le pire drame enregistré dans la Manche. Selon le quotidien Le Monde citant des éléments de l'enquête judiciaire menée à Paris, les passagers du "small boat" en détresse avaient appelé à une quinzaine de reprises les autorités françaises mais celles-ci avaient attendu qu'ils dérivent dans les eaux anglaises.

"Rien de ce qui est contenu dans cet accord ne permettra d'éviter qu'un nouveau drame dans la Manche ne se reproduise demain", a déploré l'ONG française France terre d'asile.

Depuis 2014, plus de 900 personnes sont mortes ou ont été portées disparues sur les routes migratoires européennes, en mer ou sur terre, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Article original publié sur BFMTV.com