"Front populaire", "champ républicain", RN-LR... Quelles alliances envisagées pour les législatives ?
Après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée par Emmanuel Macron, les partis s'organisent. Trois grands blocs pourraient émerger des discussions qui agitent les quartiers généraux. Où en est-on dans les négociations ?
Des mariages de raison. Le compte à rebours est enclenché pour tous les partis: ils ont jusqu'au dimanche 16 juin pour déposer leurs candidatures pour les législatives anticipées organisées après l'annonce de dissolution de l'Assemblée par Emmanuel Macron.
Pour être sûr de rafler un maximum de sièges et tenter de placer Jordan Bardella à Matignon pour une cohabitation avec l'Élysée, le RN tend des mains pour une éventuelle alliance des droites "patriotes". Face au parti d'extrême droite, un "front populaire" de la gauche retente l'union de la Nupes de 2022. Quand à la majorité, la voici une fois de plus priée de définir clairement ce qu'elle appelle "l'arc républicain" avec lequel elle envisage un pacte de non-agression.
Voici les alliances en cours de négociation.
• À gauche, un "Front populaire" en discussions
Un accord de principe entre PS, LFI, Écologistes et PCF
Le retour de la Nupes? Le Parti socialiste, La France insoumise, Les Écologistes et le Parti communiste tentent depuis le soir des élections européennes de trouver un accord pour former un bloc de gauche uni aux législatives, cette fois-ci sous le nom de "Front populaire" - en écho à l'alliance réalisée en 1936 par le socialiste Léon Blum, qui avait permis à la gauche de l'emporter.
Après un accord de principe lundi, les tractations se poursuivent ce mardi autour du programme et des investitures.
L'incertitude Raphaël Glucksmann
Reste l'inconnue Raphaël Glucksmann, premier à gauche dimanche soir avec sa liste PS-Place publique. L'eurodéputé de 44 ans, qui a fait notamment campagne sur la "rupture" avec LFI, a indiqué mardi matin vouloir ouvrir l'union de la gauche au groupe parlementaire indépendant Liot, qui compte des centristes et d'ex-dissidents PS.
Lundi soir, il a dit n'envisager aucune alliance si cinq conditions fondamentales de son programme ne sont pas partagées par tous les clans: "Le soutien à la construction européenne et à la résistance ukrainienne, le rejet de la réforme des retraites, la réforme de l'assurance chômage et de la loi immigration, l'accélération de la transition écologique et le rejet de la brutalisation de la vie politique". "Sans cela, on ne fait pas l'union."
• Autour de Renaissance, le "champ républicain" à définir
Ni LFI ni RN, c'est ainsi que la majorité présidentielle semble définir l'étendue de ses alliances envisagables pour les législatives anticipées. Renaissance et ses alliés Modem, Horizons pourraient ne pas présenter de concurrents face aux sortants des autres partis, en dehors des extrêmes.
La majorité "ne présentera pas de candidat" contre des députés sortants "faisant partie du champ républicain" et souhaitant "s'investir dans un projet clair" autour de la majorité présidentielle, a indiqué dès dimanche le secrétaire général du parti Renaissance, Stéphane Séjourné.
Côté gauche, l'ancien ministre Clément Beaune a rappelé lundi que pour la majorité ce "champ républicain" ne comprenait pas La France insoumise. Côté droit, dans un entretien le 18 février au journal L'Humanité, Emmanuel Macron avait été plutôt clair sur la question, assurant "n’avoir jamais considéré que le RN ou Reconquête s’inscrivaient dans l’arc républicain".
• À droite et à l'extrême droite, un accord RN-LR évoqué, mais sans Reconquête
Une alliance RN-LR évoquée mais largement contestée
Marine Le Pen a tendu la main aux Républicains au lendemain de sa victoire aux européenes. Le Rassemblement national est "bien sûr capable" de ne pas présenter de candidat RN face à des candidats LR avec lesquels un accord aurait été trouvé, afin de "faire le rassemblement" lors des législatives anticipées.
Cette main a été saisie dès le lendemain par le patron des Républicains, Éric Ciotti. Le très conservateur chef de la famille de droite juge son parti trop faible pour s'engager seul dans la bataille.
"Nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes, (...) avec le Rassemblement national et avec ses candidats", a-t-il plaidé.
La perspective d'une telle alliance a suscité une vague d'indignation au sein des Républicains, de nombreux poids lourds du parti conservateur enjoignent leur président à démissionner. Seul ralliement majeur à la position ciottiste: Guilhem Carayon, président du mouvement des jeunes LR.
Reconquête écarté
Dès dimanche soir, Éric Zemmour a appelé à l'union des droites. Mais c'est surtout Marion Maréchal qui a engagé les démarches: la tête de liste Reconquête aux européennes s'est dite "prête à rencontrer dans les jours qui viennent Marine Le Pen et Jordan Bardella, Éric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan pour travailler ensemble".
C'est ainsi Marion Maréchal, seule, qui s'est rendue au QG du RN lundi 10 juin, pour y recontrer Marine Le Pen et Jordan Bardella. Ces derniers ont loué l'attitude "constructive" de la nièce Le Pen à l'égard du parti pendant la campagne, mais le RN a finalement coupé court aux discussions, a annoncé Marion Maréchal ce lundi. "Une décision soudaine et contradictoire", a-t-elle déploré.