Fronde des policiers: ce que vont proposer les principaux syndicats à Gérald Darmanin

Statut adapté, protection familiale, anonymisation des policiers... Ce jeudi soir, les syndicats de policiers seront reçus place Beauvau par Gérald Darmanin pour évoquer la fronde des forces de l'ordre et leurs différentes revendications.

Silencieux depuis jeudi dernier, et le début de la fronde des policiers qui protestent contre le placement en détention provisoire de l'un de leurs collègues marseillais soupçonné de violences sur un jeune homme lors d'une intervention pendant les émeutes début juillet, Gérald Darmanin avait simplement rappelé sa "confiance" en son directeur général de la police nationale.

À l'annonce de cette réunion, les syndicats se sont réjouis de l'invitation du ministre de l'Intérieur. "C'est important que le ministre de l'Intérieur décide de recevoir les organisations qui représentent les policiers de terrain", se félicite sur BFMTV Matthieu Valet, porte-parole du SICP, le syndicat indépendant des commissaires de police. Pour faire face à une "crise morale profonde" qui traverse l'institution, les syndicats vont demander à Gérald Darmanin d'avancer sur plusieurs dossiers lorsqu'un fonctionnaire est mis en cause dans une affaire.

Les quatre revendications d'Unité SGP police

Selon nos informations, le syndicat Unité SGP police se déplace à Beauvau avec quatre demandes spécifiques. La première concerne l'anonymisation des policiers. Il s'agit de retirer le nom des policiers des procédures judiciaires et de les remplacer par un numéro de Rio, par exemple, pour que les noms ne fuitent pas.

Puis, le syndicat va demander la création d'un pôle de magistrats spécialisés. Particulièrement formés à l'usage des armes, cela permettrait aussi une uniformisation des décisions pour qu’ils prennent en compte ces situations d’urgence, des situations de stress, etc.

Un statut adapté ou spécifique du policier sera également mis sur la table des discussions. Selon le syndicat, les policiers étant assermentés, ils ne peuvent pas être comparés à tous les citoyens. Cela devrait commencer dès le début du processus judiciaire, que ce soient les gardes à vue ou les mises en examen.

Enfin, Unité SGP police demandera une protection fonctionnelle avec la prise en compte des frais d’avocats, le salaire versé en cas de suspension, l'accompagnement administratif, et ce, avant tout procès.

Alliance veut empêcher la détention provisoire chez les policiers

Les syndicats Alliance et Unsa vont présenter deux volets de revendications à Gérald Darmanin. Le premier est administratif. Ils veulent une protection juridictionnelle avec, par exemple, la prise en charge des frais d'avocats, mais aussi une protection familiale (si la famille est amenée à déménager, elle doit être soutenue financièrement) et la protection financière du mis en cause en cas d'interdiction d'exercer. Alliance et Unsa veulent que ces protections s'appliquent tant que le jugement n'a pas eu lieu.

D'un point de vue judiciaire, alors que la détention provisoire est définie par l'article 144 du code de procédure pénale, le syndicat Alliance demandera à ce que soit ajouté un article, une clause indiquant que les fonctionnaires de police soient exclus des personnes visées par ces critères durant le temps de l'enquête.

Les syndicats demanderont également à ce que l’interdiction d’exercer des policiers devienne plus spécifiquement l’interdiction d'exercer sur la voie publique.

SCPN veut une anonymisation différente de SGP police

Le syndicat SCPN proposera au ministre de l'Intérieur de réfléchir à la protection fonctionnelle et juridique, estimant que le policier n'est pas un contribuable comme les autres vue la nature de ses fonctions.

Le syndicat souhaite aussi aborder d'autres pistes comme l’anonymisation des policiers mais est dubitatif sur la juridiction spécialisée proposée par SGP police. Reste à savoir si Gérald Darmanin sera ouvert à ces propositions.

Article original publié sur BFMTV.com