Un fromager japonais de Haute-Savoie sacré vice-champion du monde de raclette
Une hégémonie hélvète que la France a réussi à contester à la marge. La première édition des Championnats du monde de la raclette, qui ont pris fin dimanche 29 octobre, s'est soldée par une pluie de médailles pour les fromagers suisses. Un producteur japonais venu de France a réussi à s'octroyer l'argent dans la catégorie reine de la "raclette au lait cru".
Ce plat fromager, qui incarne la Suisse au même titre que la fondue, le chocolat, les montres et les banques, est né il y a cinq siècles quand des bergers alpins chauffaient le fromage près d'un feu de bois et en raclaient la partie fondue sur des pommes de terre chaudes. Cette pratique provient précisément du canton romand francophone du Valais, frontalier du département français de la Haute-Savoie.
Malgré une popularité accrue de cette préparation hivernale, notamment au cours du XXe siècle, c'était cette année la première fois que producteurs, experts et restaurateurs se réunissaient sous un même toit pour désigner la meilleure raclette du monde, du 27 au 29 octobre.
Un Japonais venu de France médaillé d'argent
Le seul non-Suisse a avoir remporté une médaille est donc un producteur japonais basé en Haute-Savoie, à Leschaux. Originaire de Tokyo, Miti Yamaguchi est tombé amoureux de l'Hexagone en regardant le Tour de France et s'est installé en France en 2002 pour travailler dans le fromage. Plus de 20 ans plus tard, il a été recompensé pour son savoir-faire.
"C'est incroyable! (...) C'est une récompense en Suisse... au pays de la raclette!", s'est-il extasié auprès de France 3 après avoir obtenu son prix.
Si la majorité des compétiteurs étaient venus de Suisse ou de France, des meules de Belgique, du Canada, d'Italie et de Roumanie étaient également en lice. Et la prochaine édition devrait voir des producteurs en provenance du Royaume-Uni, du Japon, de Norvège, de Suède et même du Kirghizstan.
"Un travail dur mais qui est tellement beau"
Près de 90 fromages à raclette étaient représentés à Morgins, un village du Valais. Niché à plus de 1.300 mètres d'altitude dans une vallée boisée, le village a accueilli près de 10.000 amateurs de raclette venus assister au concours et rencontrer les fromagers.
"Tous ces gens sont de petits producteurs qui montent avec leurs vaches sur les alpages au début de l'été. Pour eux c'est une manière de valoriser leur travail, qui est un travail dur mais qui est tellement beau", a partagé à l'AFP Henri-Pierre Galletti, un des fondateurs de l'événement.
"Nous on cherche une raclette qui est crémeuse, onctueuse, a un bel aspect, une belle couleur. Au niveau du goût, une belle texture, pas de fil, pas de corde, pas de gomme", a précisé Eddy Baillifard connu dans le milieu comme le "pape de la raclette".
Les juges ont dégusté un maximum de 15 fromages par séance, avant que leurs sens ne soient submergés. Le thé noir chaud ou des tranches de pommes ont permis de se rafraîchir le palais et de recommencer. Les notes allaient de 1 à 5 pour les trois catégories: la raclette au lait cru d'alpage, la raclette au lait cru et la catégorie autres fromages à raclette.
Une organisation digne des plus grands concours gastronomiques, même si Eddy Baillifard reconnaît lui-même que "quand vous avez une bonne compagnie, la raclette elle est déjà à 80% réussie".