"Frociaggine", "vieilles filles" : le Pape François habitué des dérapages, notamment homophobes

Le 20 mai dernier, lors d’une réunion à huis clos, le pape François a invité les évêques italiens à ne pas admettre de séminaristes homosexuels. Des propos qui font polémique, et ce n’est pas la première fois…

Le pape François s’est excusé après avoir reproché aux séminaires de recevoir « déjà trop de pédés » le 20 mai dernier, lors d’une réunion à huis clos (Photo by Filippo MONTEFORTE / AFP)
Le pape François s’est excusé après avoir reproché aux séminaires de recevoir « déjà trop de pédés » le 20 mai dernier, lors d’une réunion à huis clos (Photo by Filippo MONTEFORTE / AFP)

La maladresse a été relevée par La Repubblica lundi. Le 20 mai dernier, alors qu’il rencontrait des évêques italiens au Vatican pour leur habituelle assemblée de printemps à huis clos, le pape François a eu des termes déplacés au sujet des homosexuels.

Selon plusieurs sources présentes, le souverain pontife aurait invité les évêques à ne pas admettre de candidats homosexuels dans les séminaires, sous prétexte qu’il y aurait "déjà trop de frociaggine", une expression italienne que l’on pourrait traduire par une trop grande "présence" ou "ambiance" de "pédés".

À l’occasion de cette rencontre annuelle, les discussions sont souvent franches, rapporte le Fatto Quotidiano, et l’assemblée à huis clos aurait évoqué ce sujet parmi d’autres inquiétudes, comme la fuite des jeunes à l’étranger ou le retour des actes antisémites. Mais celui-ci précisément a vite fait des vagues, jusque dans les médias français. Depuis, le Pape François s’est excusé :

"Le pape n'a jamais eu l'intention d'offenser ou de s'exprimer avec des propos homophobes et adresse ses excuses à ceux qui se sont sentis offensés par l'utilisation d'un mot", selon un communiqué du Vatican.

Mais il ne s’agit pas du premier dérapage du pape François. Un incident similaire est advenu en 2018, toujours au sujet de l'homosexualité. Le pape François suggérait alors, au sujet des enfants qui se révélaient être homosexuels, de se tourner "vers la psychiatrie". À l’époque, des associations de défense des droits LGBT avaient alors qualifié ses propos de "graves et irresponsables" et rappelé que l’homosexualité n’étais plus classifiée par l’OMS comme maladie mentale depuis 1990.

Dans un article publié lundi, le Corriere della Sera rétorque que le souverain pontife, né en Argentine et dont la langue maternelle est l’espagnol, "utilise souvent l'adjectif 'psychiatrique' en italien au lieu de l'adjectif 'psychologique' (…) Il dit lui-même être allé vivre à Santa Marta, et non dans l'appartement papal, 'pour des raisons psychiatriques'".

Parmi les autres phrases du Pape François très interprétées en aval, et relevées par le Corriere della Sera, se trouve ce commentaire fait en mai 2013 à des religieuses de l'Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) : "Soyez des mères, et non des vieilles filles" (zitelle, un peu péjoratif, en italien).

Invoquant surtout l’idée d’une "chasteté féconde" pour ces femmes dédiées à l’Église, il avait précisé :

"La femme consacrée est mère, elle doit être une mère et non une vieille fille ! Que cette joie de la fécondité spirituelle anime votre existence. Vous êtes des mères, comme la figure de la Vierge Marie et de l’Église mère".

Un style de communication bien personnel, dont il a également fait preuve en 2015. Il avait alors intimé aux chrétiens de "faire des enfants, mais de manière responsable. Pas comme des lapins", faisant quelques surpris parmi les familles nombreuses. Il avait ajouté, pour clarifier ses propos : "Je crois que le nombre de 3 par famille est considéré par les experts comme important pour maintenir la procréation, 3 par couple. Pour cette raison, le mot-clé est celui que l'Église utilise toujours, et moi aussi : paternité responsable".

Dans un autre registre, en 2015, alors que la France et ses voisins assistaient, bouleversés, à l’attentat dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo, le pape François avait exprimé son "horreur" et tenu à souligner que l’on ne doit ni tuer au nom de Dieu, ni offenser la religion d'autrui. Il avait ajouté sur un ton plus léger et accueilli par quelques rires : "Si quelqu'un dit parle mal de ma mère, c’est mon poing qui l’attend".

Malgré ses propos très commentés, le Pape a donné son feu vert en décembre dernier à la bénédiction des couples homosexuels (mais pas à leur mariage) et expliquait il y a deux ans aux catholiques LGBT : "L'Église ne vous rejette pas".