Free : 5 choses à savoir sur l’opérateur qui a révolutionné Internet

Chaque semaine, Yahoo vous invite à mieux connaître une entreprise. Petits secrets, anecdotes, histoires insolites, ne manquez pas l’occasion d’épater vos amis. Pour ce 113e épisode, on s’intéresse à un opérateur qui bouscule et agace ses concurrents depuis plus de vingt ans : Free.

Xavier Niel en 2015 (Photo credit should read ERIC PIERMONT/AFP via Getty Images)

1 - La box internet, une invention française

Le 18 septembre 2002, Free dynamitait le marché et assommait ses concurrents grâce à une invention made in France : la box internet. Au début des années 2000, la fameuse offre triple play qui consiste à proposer dans un même abonnement le service téléphonique, l'accès à Internet et la télévision n’existe pas encore. Free devient la première société à le proposer.

À cette époque, la technologie ADSL fait entrer la France dans le haut débit. Problème : France Télécom (devenu Orange) règne sur les réseaux de télécommunications laissant peu de place au nouveau né des télécoms. Pour se démarquer, le jeune Xavier Niel souhaite à tout prix trouver une solution pour faire fonctionner internet, le téléphone et la télévision en même temps. Il s’envole avec des collaborateurs aux États-Unis avec la ferme intention de trouver la boîte miracle. "Puisqu’on ne trouve pas ce qu’on veut en Amérique, on va rentrer en France et on va le faire nous-même", clame Xavier Niel. La suite lui donne raison. "Quelques embauches plus tard, notamment d'ingénieurs issus de Thomson et Sagem, et après deux ans de développement, Free peut annoncer son offre illimitée", racontent Les Échos.

Non content de révolutionner le marché avec une innovation majeure, l’opérateur propose sa Freebox à seulement 29,99 euros par mois quand la moyenne du marché tourne autour de 45 euros. Les images surréalistes du PDG d’AOL le jour du lancement de la Freebox, complètement sonné par la nouvelle, traduisent l’incroyable coup de génie réalisé par Free.

2 - À 2 euros l’abonnement, Free a tout compris

Dix ans après ce premier coup de force, Free se lance un nouveau défi : tirer vers le bas les prix du mobile en France. En 2012, l’opérateur obtient finalement sa licence auprès de l'Arcep, le régulateur des télécoms. Dans la foulée, il dégaine avec deux offres de lancement, l'une illimitée à 19,90 euros par mois, l'autre d'une heure à… 2 euros. Pour marquer les esprits, Free avait pris soin d’offrir à chaque journaliste présent à la conférence de presse de présentation une pièce de deux euros collée sur un carton. Offensif, Xavier Niel n’hésite pas non plus à taper sur les concurrents quitte à offenser ses futurs clients.

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"Si vous n'appelez pas aujourd'hui votre opérateur pour demander le même tarif ou si vous ne passez pas chez Free mobile, vous êtes des pigeons", insistait-t-il en 2012. Pour grandir plus vite, le jeune opérateur convainc Orange de lui louer les antennes temporairement contre près de 5 milliards d’euros. "Free a bénéficié de conditions très particulières en arrivant sur le mobile, sans investir dans le réseau, grince un responsable de Bouygues Télécom auprès du Parisien. Cela les a particulièrement avantagés".

Selon une étude de l’UFC-Que Choisir de 2014, l'arrivée de Free a permis de faire gagner 7 milliards d'euros de pouvoir d’achat aux Français. Aujourd’hui, Free comptabilise 7,5 millions d’abonnés fixe (21% des parts de marché) et plus de 15 millions sur le mobile (26%).

3 - Le fabuleux destin de Xavier Niel

Il faudrait plusieurs heures pour raconter le parcours hors du commun de Xavier Niel. Le jeune Xavier, issu d’une famille modeste de Créteil, se passionne très tôt pour les nouvelles technologies. Le hacker en herbe s’amuse à pirater les décodeurs de Canal+. La police, qui le convoque, finir par lui proposer de collaborer pour devenir… espion pour le service de renseignement du ministère de l'Intérieur.

Le bac en poche, l’adolescent débrouillard se lance dans le "Minitel rose" en y créant plusieurs services de contenus érotiques. "Il rachète avec Fernand Develter, un ancien cadre de la Société Générale, Fermic Multimedia, une entreprise spécialisée dans la production de ce type de contenus pour le Minitel", indiquent Les Échos. Fermic Multimedia deviendra rapidement Iliad. Sa passion pour l’informatique l’amène à suivre avec attention l’émergence d’internet en France au milieu des années 90. En 1995, il met de l’argent dans Worldnet, "premier fournisseur d'accès à Internet grand public français, revendu pour 40 millions d'euros en 2000 à l'ancien groupe de télécoms Neuf Cegetel".

Dans ce parcours atypique, le chef d'entreprise a aussi passé un mois en prison en 2004 pour recel d’abus de bien sociaux à cause de ses sex-shops. Cette privation de liberté lui a permis de faire le tri dans ses relations. "J’ai perdu 10 kilos, j’ai fait du sport, j’ai bronzé, c’était au mois de juin. J’ai appris qu’à ce moment-là, on perd la quasi-totalité de ses amis", a confié la onzième fortune française sur le plateau de Quelle Époque le 16 décembre 2023.

4 - Accusé de pratiquer des prix trop bas

La politique tarifaire agressive de Free dans le viseur du Sénat. Le 22 mars 2023, Xavier Niel est sorti de ses gonds face à la commission économique de la chambre haute. La raison de cet agacement ? Une question sur la soutenabilité des tarifs de l’opérateur posée par le sénateur LR de l'Ain Patrick Chaize. En ces temps d’inflation, le "quatrième opérateur" tricolore s’est engagé à ne pas augmenter le prix de ses forfaits mobiles jusqu’en 2027 contrairement à ses concurrents. "Attendez, là, je marche sur la Lune. Vous êtes en train de me dire 'augmentez vos prix' ? Alors là, allez devant la représentation nationale, allez devant les Français. Vous m’avez dit : ‘Vous pratiquez des tarifs extrêmement bas, trop bas' !" s’est emporté le milliardaire avant d’ajouter avec le sourire : "Je fais mon métier".

5 - Épinglé pour la gestion de ses salariés

En 2016, Politis met à mal la belle image de Free auprès du public dans une enquête au vitriol sur le "système Free". En s’appuyant sur plusieurs témoignages, l’hebdomadaire accuse Iliad d’avoir recours à des pratiques managériales brutales, notamment dans certains centres d'appels. Pour "s’éviter les contraintes légales et financières qui accompagnent les plans sociaux", le groupe aurait oeuvré en coulisses pour faire craquer certains salariés. Quand un accord n’est pas possible entre les deux parties, les journalistes ont découvert diverses techniques de harcèlement comme la "détérioration des conditions de travail", "l’isolement physique et moral" ou encore les "demandes floues et répétées suivies de reproches". Toujours selon Politis, les salariés de Free dans les centres d’appels seraient sous haute surveillance : cadences infernales, pauses pipi chronométrées…

Un an plus tard, un sujet de Cash Investigation sur les conditions de travail dans ses centres d’appels remet en doute la gestion sociale de l'entreprise. Coïncidence ou pas, trois directeurs de centres quittent leurs fonctions peu après la diffusion du reportage. Xavier Niel s'est bien sûr exprimé en 2016 dans le bi-hebdomadaire Society sur les conditions de travail dans ces fameux centres d’appels. Sans prendre de gants. "Les salariés dans les centres d’appels, ce sont les ouvriers du XXIe siècle. C’est un métier horrible. Le job qu’ils font, c’est le pire des jobs. Je m’intéresse aux activités qui m’intéressent. Est-ce que les centres d’appels de chez Free sont une activité qui me passionne ? Non".