Frappe sur un hôpital de Gaza : les organisations humanitaires déjà débordées dénoncent un « massacre »

Les hôpitaux et organisations humanitaires sont débordés après la frappe sur l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza.
MAHMUD HAMS / AFP Les hôpitaux et organisations humanitaires sont débordés après la frappe sur l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza.

INTERNATIONAL - « C’est un massacre ». Les organisations humanitaires déplorent une situation dramatique pour les malades et les civils au lendemain du bombardement sur l’hôpital Ahli Arab à Gaza City, où étaient soignées des centaines de patients. L’explosion, dont Israël et les Palestiniens se rejettent la responsabilité, a fait au moins 471 morts, selon dernier bilan du ministère de la Santé du territoire palestinien.

« Rien ne justifie cette attaque choquante contre un hôpital et ses nombreux patients et travailleurs de la santé, ainsi que contre les personnes qui y ont trouvé refuge. Les hôpitaux ne sont pas une cible. Cette effusion de sang doit cesser. Trop c’est trop », a réagi Médecins sans frontière (MSF) ce mercredi 18 octobre sur X (anciennement Twitter).

« Nous étions en train d’opérer dans l’hôpital »

« Un de nos chirurgiens était en train d’opérer au moment de la frappe. Heureusement il est sorti indemne », a raconté Isabelle Defourny, la présidente de MSF, au micro de franceinfo ce mercredi matin. Elle rappelle par ailleurs que les hôpitaux sont des lieux de refuge pour de nombreux civils qui viennent s’abriter contre les frappes de représailles israéliennes. Pour la population gazaouie, « il n’y a aucun endroit sécurisé dans le nord de la bande de Gaza », explique encore la présidente, dans la séquence ci-dessous.

« Nous étions en train d’opérer dans l’hôpital, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d’opération », a confirmé à la BBC le Docteur Ghassan Abu-Sittah, un chirurgien plasticien de MSF, décrivant un « massacre ». Un autre médecin a déclaré à la BBC que 80 % de l’hôpital avait été mis hors service et a estimé que 1 000 personnes avaient été tuées ou blessées dans cette frappe.

« La journée d’aujourd’hui est pire que toutes les précédentes », a déploré mardi soir le docteur Mohamed Zaqout, directeur général de l’hôpital Nasser de Khan Younis, cité par le New York Times. Il explique que les hôpitaux de Gaza sont chaque jour un peu plus débordés, chaque frappe faisant grimper le nombre de blessés à soigner.

Les hôpitaux privés d’électricité

Les bombardements ont coupé la majeure partie de l’électricité, et les générateurs d’urgence sont à court de carburant notamment dans les hôpitaux. Les structures hospitalières « sont entrées dans une phase d’effondrement réel en raison des coupures de courant et de la pénurie de carburant », a déclaré le ministère de la santé de Gaza dans un communiqué mardi soir.

Par ailleurs, le nombre de malades grimpe quotidiennement sur les brancards à cause de l’évacuation forcée de milliers de patients du nord de la bande de Gaza vers les hôpitaux déjà débordés du sud. La semaine dernière, l’armée israélienne a en effet donné 24 heures (avant de rallonger quelque peu ce délai) à tous les habitants du nord de l’enclave, y compris les malades et les blessés, pour se rendre dans le sud, afin de pouvoir mener à bien une intervention militaire terrestre contre le Hamas.

Très inquiète de cet ultimatum forcé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait ce week-end condamné « fermement les ordres israéliens réitérés d’évacuer 22 hôpitaux traitant plus de 2 000 patients dans le nord de Gaza ».

Une situation « incontrôlable », selon l’OMS

L’agence onusienne a estimé ce mercredi que la situation à Gaza « dev(enait) incontrôlable », faute d’une aide humanitaire pourtant prête à être acheminée.

« Chaque seconde où nous attendons l’aide médicale, nous perdons des vies », a déploré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, soulignant que les fournitures médicales étaient bloquées depuis quatre jours à la frontière entre l’Égypte et Gaza. Des tonnes d’aide sont en effet immobilisées dans le désert du Sinaï égyptien alors que Rafah est fermé côté palestinien, après quatre bombardements cette semaine.

Par conséquent, à l’instar de nombreux autres responsables d’agences onusiennes et d’ONG ou d’États, le patron de l’OMS réclame l’ouverture du poste frontière de Rafah.

Privée d’aide humanitaire à cause d’un blocus quasi total de la part d’Israël après l’attaque de la branche armée Hamas le 7 octobre, la bande de Gaza s’enfonce dans une crise humanitaire inédite. Quelque 3 000 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza.

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