France-Maroc : le match diplomatique qui se cache derrière la demi-finale

A Morocco supporter waves a national flag near the Arc de Triomphe, to celebrate the national team's victory after the Qatar 2022 World Cup football match between Morocco and Spain, on the Champs Elysees in Paris on December 6, 2022. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)
JULIEN DE ROSA / AFP A Morocco supporter waves a national flag near the Arc de Triomphe, to celebrate the national team's victory after the Qatar 2022 World Cup football match between Morocco and Spain, on the Champs Elysees in Paris on December 6, 2022. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)

DIPLOMATIE - La Coupe du monde au Qatar l’a prouvé à plusieurs reprises, derrière le football se cache souvent la politique. La demi-finale France-Maroc de ce mercredi 14 décembre ne déroge pas à cette règle. Car en parallèle de la confrontation sur le terrain se joue aussi un match diplomatique entre les deux pays.

Si la « relation d’exception » entre Paris et Rabat est mise en avant dans les discours, c’est plutôt une « relation de crispations » qui domine depuis plusieurs mois. En cause, la décision de la France en 2021 de réduire de 50 % les attributions de visas aux Marocains, arguant de la réticence du royaume à réadmettre ses ressortissants visés par une OQTF (obligation de quitter le territoire français).

Ce coup de pression a été vu comme une humiliation par le Maroc. Preuve de cette ambiance tendue : depuis septembre et la fin de la mission de l’ancienne ambassadrice de la France à Rabat, il n’y avait plus de représentant de la diplomatie française dans le pays. Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, vient seulement d’être nommé et de recevoir les agréments des autorités marocaines.

Colonna en visite au Maroc jeudi

Juste à temps pour la visite de la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna qui se rend à Rabat jeudi, au lendemain de la demi-finale France-Maroc. Le Quai d’Orsay a précisé que la question épineuse des visas devrait être abordée lors de son séjour, tout comme la venue du président français, attendu au mois de janvier au Maroc.

La crise des visas n’est toutefois qu’un volet de la brouille entre Paris et Rabat. Le royaume de Mohammed VI voit aussi d’un très mauvais œil le rapprochement d’Emmanuel Macron avec l’Algérie, où le chef de l’État et la Première ministre Élisabeth Borne se sont rendus en octobre.

Un conflit oppose en effet le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger, qui bataillent pour prendre le contrôle du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole. Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination tandis que Rabat promeut une autonomie sous sa souveraineté.

Terrain d’entente au Qatar ?

Après avoir obtenu le soutien clair des États-Unis, de l’Espagne et de l’Allemagne sur ce sujet, le Maroc pousse la France à reconnaître sans équivoque la « marocanité du Sahara », ce que Paris rechigne à faire. Le ministère n’a pas précisé si ce dossier serait évoqué lors du déplacement de la ministre des Affaires étrangères.

À ces tensions s’ajoute encore le scandale Pegasus, du nom de ce logiciel d’espionnage conçu par la firme israélienne NSO Group et utilisé par le gouvernement marocain pour espionner des journalistes et même Emmanuel Macron. Rabat nie et a porté plainte pour diffamation contre les médias qui ont révélé l’affaire.

Malgré ce contexte, le Qatar pourrait-il faire office de terrain neutre pour envisager dès mercredi le réchauffement des relations franco-marocaines ? Une poignée de main entre Mohammed VI et Emmanuel Macron dans les tribunes serait en tout cas le signe d’un apaisement. Mais pour l’instant, seul le président français a confirmé sa présence.

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