France-Irlande: "c'est un camion", pourquoi Posolo Tuilagi a tout pour être la nouvelle attraction des Bleus

Il n’était pas prévu de le voir aussi vite avec le XV de France mais les circonstances ont joué en sa faveur. Posolo Tuilagi (19 ans), seulement 25 matchs et un peu plus d'une saison de Top 14 au compteur, va très certainement fêter sa première sélection avec les Bleus face à l'Irlande, vendredi (21h) à Marseille en ouverture du Tournoi des VI Nations. D'abord appelé en renfort dans le groupe, il a été nommé remplaçant pour pallier le forfait Romain Taofifenua, malade. Et, à ces postes d'avants, les finisseurs ont 99,9% de chance d'entrer en jeu, ce qui sera vraisemblablement le cas du jeune deuxième ligne.

Les autres absences - de taille - de Thibaut Flament et du très attendu Emmanuel Meafou permettent à Tuilagi de se frayer un chemin jusqu’aux Bleus… sans passer inaperçu. D’abord retenu comme partenaire d’entraînement des Bleus en janvier, le jeune joueur de l’USAP a séduit Fabien Galthié et son staff qui l’ont finalement intégré à un premier groupe de 34 joueurs, avant de le libérer pour disputer le match de Top 14 de son équipe face au Racing, samedi (15h, 14e journée). Il le manquera au profit des A, où ses débuts n'étaient qu’une question de temps.

Un physique hors norme

Posolo Tuilagi est une attraction d’abord visuelle avec un physique hors norme (1,94m, 150 kg). Celui-ci s’accompagne d’une belle mobilité et d’une puissance dévastatrice qui plaisent aux staffs. Sa polyvalence aussi puisqu’il peut dépanner en troisième ligne. "C'est un camion!", a lâché Yoram Moefana, dans un fou rire la semaine dernière. "C’est un profil rare", abonde le troisième ligne François Cros. "Il n’y a pas énormément de joueurs comme lui qui ont son profil et sa puissance. C’est vraiment une belle arme pour nous. Il est encore très jeune et il aura un bel avenir dans le rugby."

Ces derniers jours, certains observateurs suggéraient même de le faire monter en première ligne pour offrir une alternative au poste de pilier droit. Fabien Galthié n’était pas fermé à cette éventualité… contrairement à l’intéressé. "Elle n’est pas farfelue, cette idée", a confié le sélectionneur en conférence de presse. "Mais il ne veut pas. Et la première qualité d’un pilier droit, c’est d’avoir envie d’y jouer et d’y combattre."

Il a impressionné les Bleus à l’entraînement

D’abord sparring-partner, Posolo Tuilagi a vite changé de statut au point de toucher du doigt sa première sélection. Ses performances à l’entraînement ont aussitôt marqué les esprits, même chez les plus expérimentés comme François Cros (29 ans) - "on l’a encore vu aujourd’hui (jeudi dernier) à l’entraînement, il a énormément de puissance" - ou Romain Taofifenua (33 ans), un concurrent au poste.

"Posolo, je l'ai connu tout petit, j’ai joué avec son père (Henry à Perpignan, cf. ci-dessous) donc, ça fait bizarre de l’avoir avec moi aujourd’hui", a souri le Lyonnais, lundi. "Je suis content pour lui, il apporte beaucoup. C’est un joueur très physique, on a pu le voir la semaine dernière à l’entraînement. Il a su montrer toutes ses qualités. C’est un gros plus de l’avoir avec nous, j’espère qu’on saura l’utiliser."

Issu d’une famille de légendes

Les attentes autour de Posolo Tuilagi datent du jour de sa naissance ou presque, le 28 juillet 2004 aux Samoa. Le joueur de l’USAP est issu d’une famille de rugbymen avec, en premier lieu, son père Henry, imposant troisième ligne et légende de Perpignan où il a joué huit ans (2007-2015) et remporté le Top 14 en 2009 après un passage à Leicester (2003-2007). Il a aussi disputé la Coupe du monde 2007 avec les Samoa.

Feretti, Anitele'a et Alesana, oncles de Posolo, ont également porté le maillot de la sélection à l’inverse de son autre oncle Manu, qui a opté pour l’Angleterre. Henry Tuilagi Jr, frère ainé de Posolo, est également professionnel et joue comme trois quart-centre à Périgueux. Au regard de son potentiel et des attentes qu’il suscite, le dernier venu de la famille s’inscrit dans la droite lignée de ses aînés.

Déjà champion du monde avec les U20 français

Le staff du XV de France suit avec attention la montée en puissance du jeune deuxième ligne. William Servat, entraîneur des avants des Bleus, avait évoqué son profil en juillet dernier en pleine préparation à la Coupe du monde. "Il y a toujours des joueurs qui arrivent, pourquoi pas? Mais chaque chose en son temps. Aujourd’hui, la maturité physique que l’on peut avoir à son âge, à son poste, est très importante et effectivement aucune porte n’est fermée sur rien."

Il avait donné cet avis en plein Mondial U20 lors duquel Tuilagi a marqué les esprits, notamment en quarts de finale contre la Nouvelle-Zélande (élu homme du match). En Afrique du Sud, les Bleuets avaient remporté leur troisième titre mondial consécutif et Tuilagi y avait grandement participé.

Un problème de passeport vite résolu

Début janvier, un doute a émergé sur la possibilité de Tuilagi de rejoindre le XV de France. Né aux Samoa, le joueur ne possède pas encore de passeport français et ne pouvait pas jouer pour les Bleus, selon une règle mise en place par l’ancien président de la Fédération française de rugby, Bernard Laporte. Mais la FFR avait clarifié les choses en expliquant que "cette politique n'a jamais été formalisée dans les règles de la FFR". "Par conséquent, aucune disposition actuelle ne compromet la sélection de M. Tuilagi ou d'autres joueurs dans des situations similaires", avait ajouté l’instance. Florian Grill, son actuel président, a décidé de se soumettre aux règles de World Rugby: à savoir une présence de cinq ans sur le territoire français, avoir un grand-père ou une grand-mère français et ne pas avoir porté le maillot d’un autre pays. Toutes ces règles permettent à un joueur d’être sélectionnable.

Une carte à jouer à un poste en pleine mutation

Le profil de Posolo Tuilagi est aussi recherché dans un secteur en pleine mutation en sélection et pas épargné pour ce tournoi. Le staff a ainsi dû appeler le revenant Paul Gabrillagues (16 sélections) plus de quatre ans après sa dernière apparition pour pallier les absences de Thibaut Flament et Emmanuel Meafou. A 19 ans, il représente l’avenir d’un secteur vieillissant entre Paul Willemse (31 ans) ou R.Taofifenua (33 ans) si l’on se projette à l’horizon du Mondial 2027.

Article original publié sur RMC Sport