"La France, c'est un ennemi": le vice-président de la Douma évoque la dégradation de la relation Moscou-Paris

Le vice-président de la Douma, chambre basse du parlement russe, a dénoncé sur BFMTV la guerre économique et militaire que les pays occidentaux mènent contre son pays.

La relation entre la Russie et la France n'est pas au beau fixe. Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, lancée il y a près d'un an, les rapports entre les deux pays se sont lentement dégradés à mesure que les pays occidentaux ont fourni des armes à l'Ukraine. Une tension à son paroxysme avec la perspective de la livraison de chars lourds à Kiev par Paris et d'autres capitales.

Guerre économique et militaire

Invité lundi soir sur BFMTV, Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, chambre basse du parlement russe, a confirmé cette tension entre Paris et Moscou.

"Bien sûr, la France pour nous c'est un ennemi", a-t-il lancé.

De son point de vue, les justifications sont multiples. "La France mène contre mon pays une guerre économique depuis déjà huit ans, et la France fournit aux Ukrainiens des matériaux militaires. La France, comme l'Allemagne et d’autres pays de l’Europe qui participent à la guerre, côté ukrainien, de manière militaire", a ajouté Piotr Tolstoï.

"A cause de l’aide européenne, la guerre dure depuis un an", a-t-il dénoncé. Selon lui, cette implication des pays occidentaux est la raison pour laquelle il est actuellement impossible d'avoir "des négociations et de terminer la guerre." "C’est votre responsabilité et pas la nôtre. Nous on a du temps devant nous, mais pour vous j’ai des doutes".

Quelle ligne rouge?

Quant à l'avenir de cette relation franco-russe, dont la viabilité avait été l'un des objectifs majeurs d'Emmanuel Macron dès le début de son premier mandat présidentiel, Piotr Tolstoï a précise que "cela va dépendre de votre participation dans cette guerre."

"Vous allez donner des chars, puis des avions, puis envoyer la légion étrangère ou je ne sais pas quoi. Dès que les soldats étrangers sont sur le territoire ukrainien, des soldats de l’OTAN, ce serait, comme aiment dire les Américains, une ligne rouge", a détaille le responsable politique.

Toutefois, celui-ci rappelle que la Russie "n'a pas d'intérêt de continuer ça pendant deux ou trois ans."

Ressenti russe

L'hostilité grandissante des Russes vis-à-vis de la politique française en marge du conflit ukrainien avait déjà été évoquée sur BFMTV le 11 janvier dernier par le porte-parole de l'ambassade de Russie en France, Alexander Makogonov.

"On ne peut pas considérer la France comme un pays ami", avait-il dit, avant de nuancer: "Je ne peux pas appeler la France ennemie, c’est impossible, mais notre ressentiment est très profond, nous sommes déçus par la ligne politique des Français".

Pour lui, les dommages sont particulièrement profonds dans l'imaginaire collectif russe, alors que la France, "que nous avons toujours considérée comme pays ami", fournit désormais "des chars et des canons pour tuer les Russes".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Pour le vice-président de la Douma, "ce ne sont pas les Russes qui ont commencé la guerre mais les Ukrainiens"