Dans une France à +4°C, l'agriculture va devoir se réformer en profondeur

Pour préserver les rendements, les agriculteurs devront choisir de nouvelles variétés plus adaptées et réformer leurs pratiques de gestion de l'eau. L'agroforesterie et les techniques alternatives au labour vont se généraliser.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°928, daté juin 2024.

Pour les agriculteurs, le changement climatique, c'est déjà maintenant. Dates avancées de bourgeonnement et de floraison, gels tardifs grillant des plantes trop en avance sur leur étape de développement, canicules empêchant les grains de se gonfler d'amidon, longues sécheresses assoiffant les tiges, brûlant les racines, et violentes pluies lessivant les sols. Le secteur agricole subit tous ces phénomènes depuis près de trois décennies et doit bien constater qu'ils vont en s'aggravant.

Ces saisons de plus en plus chaotiques interviennent alors que la température de la France a augmenté de 1,7 °C depuis 1850. Alors, de 4 °C… L'avenir est très incertain pour bon nombre de cultures, tandis que les très placides bovins qui ne supportent pas des températures supérieures à 25 °C devront s'adapter… ou périr.

"Pour bien objectiver l'effet des températures, nous avons plusieurs outils, détaille Philippe Debaeke, directeur de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) de Toulouse. Les chroniques historiques avec les dates de floraison, de récoltes toujours plus tôt dans l'année constituent un premier indice. Nous pouvons aussi, en serres contrôlées, soumettre des plantes à des atmosphères enrichies en CO2. Les modèles, enfin, permettent de simuler la réaction des plantes au climat du futur. "

Le bilan réel est difficile à établir. Les agronomes savent déjà qu'une température plus élevée accélère le développement des plantes, raccourcit la durée des cycles productifs et donc de la photosynthèse pour, in fine, produire moins de biomasse. Mais une atmosphère contenant plus de CO2 stimule, à l'inverse, la croissance des plantes, ce qui serait le cas pour le blé, le colza et le tournesol. De même, les semis d'automne, comme le colza et le pois, devraient bénéficier d'hivers plus doux leur permettant d'allonger leur période de c[...]

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