Ils font des cadeaux pas chers et écolos pour un Noël « sobre mais pas chiant »

Environ un million de cadeaux de Noël sont jetés à la poubelle chaque année.
Betsie Van der Meer / Getty Images Environ un million de cadeaux de Noël sont jetés à la poubelle chaque année.

CONSOMMATION - À Noël, ces Français ont pris le chemin de la sobriété. Face à la crise climatique, la crise énergétique et l’inflation, ils offriront des cadeaux moins nombreux mais utiles, écoresponsables ou de seconde main. Ce qui présente le double avantage de protéger la planète et leur porte-monnaie. Sans pour autant sacrifier l’esprit de Noël, ni celui des fêtes. Autrement dit, « sobre mais pas chiant ».

Paul est un étudiant en communication de 21 ans. Sa famille a décidé d’un commun accord de faire un Secret Santa. Chaque membre - ils sont une dizaine - tire au sort une personne de la famille à qui il offre un cadeau. Le but ? Réduire le nombre de présents tout en achetant utile et personnalisé.

« Il faut savoir doser le nombre de cadeaux en fonction du nombre que l’on est », justifie Paul, avant de constater : « On achète beaucoup choses qui ne sont pas forcément utiles et qui sont rapidement remplacées, sans avoir servi autant qu’elles auraient pu. »

Et il a raison : selon l’Agence de la Transition Écologique (ADEME), les Français offrent chacun en moyenne 6,5 cadeaux – environ 300 millions au total chaque année. Mais 27 % d’entre eux déclarent en avoir reçu qu’ils n’utilisent jamais. Douze millions sont jugés inutiles chaque année et un peu moins d’un million iraient même directement à la poubelle…

Un cadeau quand on en a besoin

Les cadeaux sont aussi responsables de 57 % des émissions de gaz à effet de serre des fêtes de fin d’année, nous apprend l’agence, dans un communiqué publié le 1er décembre dernier. Limiter leur nombre sous le sapin est donc aussi bénéfique pour la planète.

Pour Camille, une cheffe cuisinière de 24 ans qui vit à Berlin, la sobriété a été imposée par sa mère dès ses 13 ans. La jeune femme se souvient : « Ma mère nous a dit ’maintenant, Noël, c’est terminé, c’est une fête commerciale qui pousse tout le monde à acheter plein de choses dont vous n’avez pas vraiment besoin, si vous voulez des cadeaux, ça doit être longuement réfléchi’. » Autrement dit : « Il fallait vraiment savoir si on en avait besoin ou pas. »

Ce qui ne lui pose absolument pas de problème, même si les deux femmes ont repris le rituel des cadeaux depuis que Camille a déménagé du domicile familial. « Ça reste quand même une occasion de se retrouver, mais on ne se fait pas de cadeau à part si on a vraiment besoin d’un truc. L’année dernière, ma mère m’a offert un sommier par exemple. »

L’ADEME insiste d’ailleurs sur l’importance du cadeau utile. Elle invite à privilégier « ce qui servira toujours, comme les livres, les plantes pour le jardin, les savons », ou « ce qui se mange, comme des paniers garnis de produits bios du terroir, du chocolat bio et équitable… » Elle conseille aussi le Noël canadien - l’autre nom du Secret Santa.

La planète et le porte-monnaie

Certaines personnes que nous avons interrogées cherchent aussi à acheter un produit qu’ils jugent respectueux de l’environnement. C’est le cas de Paul : pour lui, les cadeaux faits avec des matériaux écoresponsables présentent cet avantage mais aussi celui d’être de meilleure qualité : « Ils tiennent mieux car il y a un savoir-faire artisanal. Avec certaines marques, on peut retourner en boutique pour réparer le produit. Je trouve ça pratique car cela permet de ne pas racheter des pièces. »

Mais ces produits ne prennent pas forcément en compte l’autre variable à laquelle certains Français sont soumis cette année, dans un contexte de forte inflation : acheter des cadeaux à petit prix. « Les salaires d’aujourd’hui ne permettent plus de dépenser comme avant », nous glisse ainsi Judith, responsable en magasin âgée de 25 ans.

Elle s’est donc tournée cette année vers la seconde main, un marché peu cher et qui ne fait pas (ou peu) de mal à la planète. La jeune femme ne s’empêche pas pour autant d’offrir du neuf à ses proches - en fonction de leurs envies. Mais elle achète d’occasion « pour les amis et le reste de la famille, les oncles, les tantes et les cousines ».

Acheter local ou dématérialisé

Idem pour Marie-Eve, une agricultrice de 37 ans qui travaille avec son époux. « Même si on subit aussi la crise économique, nous n’avons pas à nous plaindre », précise-t-elle avant de nous expliquer sa démarche : « Ça fait des années que j’offre des jouets de seconde main que je redonne à des associations quand les enfants n’y jouent plus. » Elle achète aussi « chez les petits commerçant » des « jouets fabriqués en respect avec l’environnement et le plus local possible ».

Un choix vers lequel s’est aussi tournée Marie, une étudiante à Sciences Po de 25 ans : « J’essaye de ne pas acheter neuf ou alors j’achète local, pour faire marcher les petits commerces et les artisans. J’ai acheté cinq tee-shirts à la mère d’une amie qui est artiste et qui les fait elle-même », détaille celle qui a aussi opté pour les cadeaux dématérialisés, en offrant « un massage qui sera fait par une de mes potes ».

L’ADEME insiste d’ailleurs sur ce point et conseille par exemple « des cours de cuisine, un abonnement à un service culturel ou encore un week-end découverte à proximité dans sa région ou dans les régions voisines ». Si vous souhaitez offrir un cadeau encore plus écoresponsable, il existe aussi des sites qui vendent des arbres dans une forêt et même... une étoile. Sinon, il vous reste l’option DIY, comme la couture, le tricot ou de la cuisine.

De son côté, Camille ne pourra pas rentrer de Berlin pour Noël, faute de jours de congé. Avec son copain, ils s’offriront alors la soirée de leurs rêves : ils iront au Berghain, une boîte de nuit mythique de la capitale allemande. Une manière conserver un esprit festif… À défaut de retrouver l’esprit de Noël.

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