Les Flammes, équivalent rap des Victoires, dévoilent leurs catégories avant leur première édition

Les Flammes, récompenses musicales axées sur le rap et autres courants affiliés, alternatives aux Victoires de la musique, ont dévoilé mardi leurs catégories en vue d'une première édition le 11 mai au Théâtre du Châtelet à Paris.

La création des Flammes, annoncée fin 2022, prend désormais forme avec la révélation de ses catégories (les nominations seront révélées en avril) qui font une place à tout ce que les Victoires occultent.

Soit "21 récompenses différentes adressées aux artistes, créateurs et créatrices, mais aussi aux personnalités plus en retrait qui méritent d'être mises en avant", écrivent les organisateurs dans un communiqué.

Plus du double des Victoires de la musique, seulement 10 catégories pour leur cérémonie du 10 février prochain à La Seine Musicale, aux portes de Paris.

La cérémonie des Flammes est née à l'initiative de médias spécialisés dans "les cultures populaires", tels YARD, Booska-P, sans oublier Smile, une agence de conseil. Cet évènement reçoit également le soutien de Spotify, première plateforme musicale dans le monde.

Les Victoires de la musique, depuis longtemps critiquées pour ne pas faire assez de place aux sphères rap et R&B, ne sont pas mentionnées dans le communiqué des organisateurs des Flammes. Mais clairement visées quand ils décrivent "certains" qui "ont trop longtemps refusé" d'accorder à ces musiques "le sens qui leur est dû, à la hauteur de ce qu'elles représentent".

Genres boudés

Les Victoires sont régulièrement taxées d'"invisibilisation systématique du rap, qui vend pourtant le plus aujourd'hui", comme l'avait dit en 2020 à l'AFP Eloïse Bouton, journaliste et fondatrice de Madame Rap, média dédié aux femmes et LGBT+ dans le hip-hop.

Le rappeur marseillais SCH, en recevant l'année dernière sa Victoire de l'artiste masculin le plus streamé, avait dit sa "gêne", en direct au micro, de ne pas voir des rappeurs comme Jul ou Dinos présents à la cérémonie.

Aux côtés des catégories attendues comme "album rap de l'année", Les Flammes innovent avec le "featuring de l'année" (artiste invité sur le titre d'un autre). Ou encore "le morceau afro ou d'inspiration afro de l'année" et "le morceau caribéen ou d'inspiration caribéenne de l'année".

Des influences qu'on retrouve chez Aya Nakamura, artiste francophone la plus écoutée au monde et pourtant snobée par les Victoires. "Elle est unique, c'est la reine de ce mélange de sons, un peu d'Afrique de l'Ouest, un peu caribéen aussi, un peu zouk, un peu dancehall, un peu afro-pop", exposait en 2021 à l'AFP Diplo, DJ-producteur américain réputé.

Les Flammes veulent refléter "la richesse de notre musique, sa diversité et le fait qu'elle soit en constante évolution en étant perméable à des influences du monde entier". Elles distingueront aussi une catégorie "engagement social de l'année".

"Nouvelle pop"

"Ces catégories sont celles qui vont nous permettre de célébrer les cultures populaires en année un, mais rien n'est gravé dans le marbre", préviennent les responsables. Les catégories "évolueront" si besoin. La "grande majorité des Flammes" seront décernées "via un mélange égal" de deux panels de votants, métiers liés à la filière musicale et grand public.

Pour sa première édition, Les Flammes présenteront des catégories genrées (artiste féminine, masculin, révélation féminine, masculine de l'année). Même si "ne pas définir une musique par le genre de son artiste est évidemment la bonne chose à faire", soulignent les organisateurs. "Dans nos cultures, cela ne sera possible que lorsque les femmes seront plus nombreuses, et davantage soutenues. En attendant, elles seront représentées", concluent-ils.

Parmi leurs catégories, Les Flammes privilégient le terme "nouvelle pop", ce qui permet d'éviter l'étiquette "musique urbaine" qu'on retrouve parfois ailleurs. "Derrière 'musiques urbaines', on peut sous-entendre 'musique de racailles, de zones périphériques', c'est comme quand on dit 'musique traditionnelle', ça peut sous-entendre 'musique de bouseux'", dénonçait Naïma Huber Yahi, historienne et chercheuse, lors d'une table ronde aux Trans Musicales de Rennes en 2021.

Article original publié sur BFMTV.com