Finale France-Argentine : Antoine Griezmann, symbole d’un collectif français retrouvé

Impérial dans le jeu et essentiel dans le vestiaire de l’équipe de France, Antoine Griezmann a atteint un nouveau stade de sa carrière durant cette Coupe du monde au Qatar, devenant primordial pour faire briller ses coéquipiers.
ADRIAN DENNIS / AFP Impérial dans le jeu et essentiel dans le vestiaire de l’équipe de France, Antoine Griezmann a atteint un nouveau stade de sa carrière durant cette Coupe du monde au Qatar, devenant primordial pour faire briller ses coéquipiers.

COUPE DU MONDE - Il est devenu la définition même de l’altruisme. Pour la deuxième fois en quatre ans, les Bleus se retrouvent en finale de Coupe du monde. Pourtant, peu croyaient en la bonne (troisième) étoile des Bleus au moment de les voir s’envoler pour Doha. Mais c’était sans compter sur le talent et la cohésion du groupe de Didier Deschamps, sublimé par un homme : Antoine Griezmann.

À en croire certains, la meilleure manière d’opérer aurait été de placer toute la confiance dans le talent de Kylian Mbappé pour espérer réaliser un nouvel exploit en Coupe du monde. Et malgré cette arme fatale, entre l’enchaînement des blessures, des remplaçants parfois peu référencés et un premier match débuté de la pire des manières, il paraissait tout de même bien présomptueux de parier sur les champions du monde 2018, en 2022.

Sauf que tout cela, c’était avant le réveil d’un homme essentiel pour le collectif de l’équipe de France, un certain Antoine Griezmann. Un joueur protéiforme, capable de sublimer les joueurs qui l’entourent, comme il a progressivement appris à le faire avec les Bleus depuis ses débuts en Coupe du monde, en 2014 au Brésil.

Un état de forme incertain, mais…

Ainsi, à l’heure où entre France ou Argentine, une seule obtiendra le droit de broder une troisième étoile sur son maillot, impossible de ne pas revenir sur la compétition époustouflante d’Antoine Griezmann depuis le premier match contre l’Australie. Un tournoi qui doit s’achever en feu d’artifice ce dimanche 18 décembre, avec un coup d’envoi à 16 heures pour le dernier match du Mondial au Qatar.

Au sortir de plusieurs années mouvementées, marquées par les allers-retours du natif de Mâçon entre l’Atlético de Madrid et le FC Barcelone, et malgré un regain de forme certains avant le Mondial, il n’était pas simple de savoir dans quelles dispositions serait le leader technique des Bleus dans le Golfe.

Après six matches sur sept possibles, le doute n’est plus permis tant « Grizou » a brillé. Mais contrairement à l’Euro 2016 ou la Coupe du monde 2018, où Antoine Griezmann avait respectivement été meilleur buteur avec six réalisations et deuxième meilleur buteur en Russie avec quatre buts, au Qatar, « Grizou » est toujours muet face au but, dont il s’est clairement désintéressé.

« Grizou », l’âme (ressuscitée) des Bleus

Car c’est dans un rôle différent de celui auquel il avait habitué les supporters français ces dernières années qu’il brille désormais. Griezmann s’est réinventé, préférant défendre d’abord, avant de gratter et distribuer les ballons comme un chef d’orchestre. Sans compter son importance cruciale en tant qu’« ambianceur » au sein du vestiaire tricolore, entre ses chansons, danses, grimaces et plaisanteries.

Et c’est toute l’équipe de France qui en a profité, en l’absence des leaders champions du monde 2018 du milieu de terrain que sont Paul Pogba et N’Golo Kanté.

Ces qualités nouvelles d’Antoine Griezmann, Raphaël Varane les a encensées après la victoire mercredi soir. « Si le rôle d’Antoine a un peu changé durant cette Coupe du monde, il a toujours les mêmes qualités. Il peut couvrir beaucoup de terrain, il met toujours beaucoup de cœur, il a toujours sa justesse technique et il continue de donner le tempo des matchs par ses passes, ses déviations. Il permet d’accélérer un match ou, au contraire, de temporiser ».

Plus défensif, il reste toutefois essentiel pour ses attaquants avec trois passes décisives distribuées, soit le même total qu’un certain Lionel Messi, qu’il affrontera dimanche. D’ailleurs, quand il n’est pas passeur décisif, « Grizou » est presque toujours impliqué sur les buts français, comme le prouvent les statistiques suivantes.

La crainte d’une « Mbappé-dépendance »

Surtout, avec une montée en puissance progressive dans la compétion, Antoine Griezmann a largement soulagé les siens. À la suite du forfait du Ballon d’Or 2022 Karim Benzema, à quelques heures du premier match des Bleus au Qatar, la confiance n’était pas au beau fixe pour la bande à « DD ». En début de Mondial, il aura fallu compter sur le talent de Kylian Mbappé, le joyau offensif de l’équipe de France, ainsi que sur l’expérience d’Olivier Giroud pour refaire basculer les Bleus vers la victoire.

Très vite, Kylian Mbappé, en pleine confiance, a attiré toute la lumière sur lui, parfois au détriment du collectif. Actuel meilleur buteur du Mondial (avec Messi), la crainte d’une « Mbappé-dépendance » s’est petit à petit installée dans l’esprit des supporters français, au point de ne plus croire qu’en lui pour battre les prochains adversaires.

Grands sourires et confiance retrouvée pour Antoine Griezmann, Kylian Mbappe, Jules Kounde, Raphaël Varane et Randal Kolo Muani avant d’affronter le Maroc, le 12 décembre dernier.
FRANCK FIFE / AFP Grands sourires et confiance retrouvée pour Antoine Griezmann, Kylian Mbappe, Jules Kounde, Raphaël Varane et Randal Kolo Muani avant d’affronter le Maroc, le 12 décembre dernier.

Et là encore, Griezmann est revenu mettre de l’ordre. Après un match contre une fébrile équipe polonaise où Mbappé a tout de même brillé (avec un doublé), c’est bel et bien Antoine Griezmann qui s’est illustré. Et que dire des deux matchs suivants, où il a été le symbole parfait d’une équipe de France qui plie mais ne rompt plus.

Qu’il s’agisse du match contre l’Angleterre en quart de finale, ou contre le Maroc en demie, Griezmann a pesé de tout son poids dans l’entrejeu français permettant à d’autres de briller (on pense forcément aux buts d’Aurélien Tchaouméni et Théo Hernandez) quand Kylian Mbappé était suivi de très près par les défenses adverses et qu’il occupait seul plusieurs joueurs.

Le match contre le Maroc a d’ailleurs été une apothéose pour le milieu de terrain, consacrée par le titre d’homme du match, son premier depuis le début de la Coupe du monde. Preuve que même s’il ne marque plus, le numéro 7 de l’équipe de France a encore de sacrés atouts à faire valoir face à l’Albiceleste. Désormais, « il reste le plus beau match du monde à jouer », comme il le dit lui-même. Avec au bout la perspective d’une deuxième étoile personnelle, et d’une troisième pour l’équipe de France. Rien que ça.

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