Fin des trottinettes en libre-service à Paris : que vont devenir les places de parking (et autres questions) ?

Des trottinettes électriques Dott, Tier et Lime à Paris lors de la présentation à la presse des trois sociétés choisies par la mairie pour exploiter des trottinettes électriques flottantes dans la capitale pendant deux ans, le 23 juillet 2020.
Des trottinettes électriques Dott, Tier et Lime à Paris lors de la présentation à la presse des trois sociétés choisies par la mairie pour exploiter des trottinettes électriques flottantes dans la capitale pendant deux ans, le 23 juillet 2020.

PARIS - C’est un tournant majeur dans le quotidien des Parisiens : après une « votation » inédite dimanche 2 avril, les trottinettes électriques en libre-service vont disparaître des rues de la capitale. Un peu plus de 100 000 personnes (103 084), soit 7,46 % des Parisiens inscrits sur les listes électorales, ont voté à une écrasante majorité (89,03 %) contre leur usage.

Les trottinettes en libre-service sont accusées par leurs détracteurs d’être abandonnées n’importe où dans l’espace public, de frôler à toute vitesse les piétons sur les trottoirs, ou encore de présenter un mauvais bilan carbone.

Anne Hidalgo s’étant engagée « à respecter purement et simplement le résultat », Paris -après les avoir accueillis en 2018- va donc devenir la première capitale européenne à complètement interdire ces deux-roues. Ce qui pose plusieurs questions.

  • Que vont devenir les trottinettes en libre-service ?

Tout ne va pas se terminer du jour au lendemain pour les 15 000 trottinettes des trois opérateurs privés Dott, Lime et Tier Mobility, actuellement déployées dans les rues de la capitale. Ces derniers pourront laisser fonctionner les deux-roues jusqu’au 31 août, avant leur disparition progressive à partir du 1er septembre.

  • Que vont devenir les places de parking pour trottinettes en libre-service ?

Il y a à Paris 15 000 places réparties sur 2 500 zones de stationnement pour les 15 000 trottinettes en libre-service, ce qui était jugé insuffisant par les opérateurs et qui cristallisait une partie des critiques. Ces zones seront peu à peu désertées à la rentrée de septembre.

À la place, le maire-adjoint aux transports David Belliard, interrogé sur BFM Paris Île-de-France, y imagine plusieurs options : « des arbres », « des pistes cyclables » ou encore « agrandir les trottoirs et permettre justement aux populations les plus vulnérables (les personnes en situation de handicap, les personnes âgées) de pouvoir mieux marcher en ville et en toute sécurité ». Sur RMC, il a également estimé que « les Parisiens et les Parisiennes [...]  n’ont plus envie de places de stationnement, ils ont envie d’autres choses » et que cela était « une bonne nouvelle de récupérer cet espace public ». L’idée de réattribuer ces espaces au stationnement des voitures ne semble donc pas du tout à l’ordre du jour.

  • Que vont devenir les salariés des opérateurs ?

L’activité de location de trottinettes en libre-service à Paris représente 800 emplois dans le Grand Paris. « À partir de maintenant, notre priorité en tant qu’employeurs responsables est d’assurer l’avenir de nos salariés », ont souligné dimanche soir les opérateurs Dott, Lime et Tier Mobility. La mairie va « travailler avec eux les aspects sociaux » du dossier, a assuré de son côté David Belliard.

Le nombre d’emplois maintenus devrait dépendre du nombre de vélos électriques que les opérateurs Lime, Dott, et Tier auront envie de garder (ou non) à Paris, qui est actuellement de 13 000 dans la capitale. Selon David Belliard à la mairie de Paris, près de 3 000 nouveaux vélos électriques vont être livrés dans les prochaines semaines. De quoi rééquilibrer les caisses aussi ? Les trois loueurs de trottinettes en libre-service versaient annuellement à Paris quelque 930 000 euros.

« Sans trottinettes, nous marchons sur une jambe. Maintenir une grosse flotte de vélos seule n’est pas tenable sur le plan économique et opérationnel », s’inquiète auprès du Parisien une source chez l’opérateur Dott.

  • Les trottinettes personnelles pourront encore être utilisées par les particuliers ?

Oui, rien ne change sur ce point. Leur usage devrait même augmenter avec la fin progressive des trottinettes en libre-service, avec un report potentiel d’une partie de leurs utilisateurs. Près de 760 000 trottinettes ont été vendues en France l’année dernière, soit trois fois plus qu’en 2019. Et au total, ce sont entre 2,5 et 3 millions de Français qui en utilisent une quotidiennement, indique BFM Business.

  • Sur quoi se reporteront les 400 000 clients ?

Selon une étude menée par la mairie de Paris, les utilisateurs des trottinettes en libre-service de la capitale - 400 000 personnes, avec une moyenne d’une dizaine de trajets mensuels - pourraient désormais migrer vers les transports en commun (34 %), la marche (29 %) ou les VTC (9 %).

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