Filmer la justice : un projet à double tranchant

Cameramen et photographes quelques minutes avant l'ouverture du procès de Maurice Papon pour « crimes contre l'humanité », en octobre 1997.
Cameramen et photographes quelques minutes avant l'ouverture du procès de Maurice Papon pour « crimes contre l'humanité », en octobre 1997.

« La justice doit se montrer aux Français, je suis pour une justice totalement filmée et diffusée. » En plein procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher, un procès filmé pour l'histoire, Éric Dupont-Moretti annonce une réforme qui marquera de son empreinte symbolique son séjour place Vendôme, s'agissant de placer la justice sous l'?il de la caméra pour l'exposer au regard public. Le ministre de la Justice entend donner au principe de publicité des débats, « garantie démocratique », sa véritable dimension. « Ce principe répond à la préoccupation fondamentale du "procès équitable" dans un État de droit. La justice étant rendue au nom du peuple, il doit être permis à tout citoyen de constater par lui-même le respect des formes procédurales », rappelle le magistrat Yannick Meneceur. Or, sur les bancs des salles d'audience des palais de justice, le public se fait rare. « Les tribunaux sont des forteresses, les salles d'audience sont trop petites pour accueillir beaucoup de public », pointe l'avocat Basile Ader, associé du cabinet August Debouzy.

Mené à son terme, ce projet, qui couve depuis longtemps dans les armoires du ministère, viendra ainsi exaucer le v?u de Robert Badinter. En 1985, alors que s'ouvrait le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le ministre de François Mitterrand faisait voter une loi autorisant, par exception au principe d'interdiction absolue de filmer et de diffuser les audiences, l'enregistrement audiovisuel [...] Lire la suite