Le film "Le Consentement" fait l'objet d'une étonnante tendance sur TikTok

Deux semaines après la sortie du Consentement, de Vanessa Filho, une étonnante tendance se développe sur TikTok. L'application voit affluer des vidéos de jeunes spectateurs se rendant au cinéma pour visionner ce long-métrage racontant l'histoire vraie de la relation que l'auteur Gabriel Matzneff a entretenue avec l'autrice Vanessa Springora dans les années 1980, alors qu'il approchait de la cinquantaine et qu'elle n'avait que 14 ans.

La plupart de ces nombreuses pastilles sont sur le même modèle: les utilisateurs de TikTok se filment avant et après la séance pour rendre compte de leur malaise, avec en fond sonore la voix de Jean-Paul Rouve, interprète de l'écrivain déchu, extraite de la bande-annonce.

Tous utilisent le même extrait. Rouve-Matzneff y explique, d'une voix assez glaçante: "la lecture d'un livre peut changer le cours d'une vie. C'est pour ça qu'il est capital de rencontrer ses maîtres le plus tôt possible, quand l'esprit se forme".

En légende, les auteurs des vidéos évoquent tous le même choc: "Hard le film"; "Il est dur à encaisser"; "trauma", peut-on lire notamment. Les vidéos TikTok marquées du hashtag #leconsentement cumulent à ce jour plus de 16 millions de vues.

Un effet TikTok sur le nombre d'entrées?

Le Consentement est l'adaptation du récit du même nom de l'autrice Vanessa Springora (incarnée dans le film par la jeune Kim Higelin), publié en 2020 aux éditions Grasset. L'ancienne directrice des éditions Julliard y dénonçait cette relation d'emprise, sur fond de pédophilie.

Contrairement au livre d'origine, sa transposition sur grand écran a reçu un accueil critique mitigé. Là où Le Parisien ou Les Echos voient "un film aussi puissant que subtil" et "pudique et fort", Première regrette une "mise en scène bancale", et Libération qui évoque des "scènes insoutenables", et étrille une adaptation "truffée d’outrances et d’archétypes pénibles" inspirant "le malaise".

Pourtant, les chiffres de fréquentation ont explosé. Après des débuts timides (59.266 entrées dans l'Hexagone en première semaine), Le Consentement a vu son nombre de spectateurs augmenter de 39% au cours de la deuxième, avec 82.582 billets vendus. Des observateurs sur Twitter y voient un effet TikTok, tout comme le site Cinéséries.

Le phénomène "atypique" étonne en tout cas les professionnels. "Progression exceptionnelle pour Le Consentement, qui cumule 141.848 entrées France dans 216 salles en deux semaines, soit +40% en 2ème semaine par rapport à sa semaine de sortie ! Du jamais vu!", note ainsi sur Twitter le producteur du film, Marc Missonnier.

La production du film a même communiqué sur cette poussée des fréquentations "portée par les jeunes et relayée par TikTok". "Depuis quelques jours, les jeunes s'emparent du film sur les réseaux sociaux (notamment sur TikTok) et deviennent ainsi les premiers prescripteurs. Certaines de leurs vidéos deviennent virales et atteignent 1 million de vues en seulement 24 heures. A ce jour, les publications liées au Consentement sur Tik Tok cumulent plus de 20 Millions de vues".

Phénomène de société

Ce livre paru dans le sillage de la vague #MeToo avait eu une résonnance sociétale, et bousculé le milieu littéraire. Le récit de Vanessa Springora avait mis au jour la manière dont le climat de libération sexuelle des années 1980 avait permis à Gabriel Matzneff d'exprimer son goût pour les mineurs, de livres en plateaux de télévision.

Plusieurs figures du monde littéraire avaient alors admis des maladresses, ou regretté de ne pas s'être opposées aux propos de l'auteur à l'époque. Des éditeurs avaient annoncé l'arrêt de la commercialisation de ses ouvrages, et une enquête pour viols sur mineur avait été ouverte.

Article original publié sur BFMTV.com